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Les chefs catholiques condamnent un crime de haine à Jish

Christophe Lafontaine
11 février 2020
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Graffitis pulvérisés sur les murs pendant la nuit du 10 au 11 février, à Jish, village arabe dans le nord d'Israël © David Cohen / Flash90

Face au crime de haine présumé commis dans le village arabe de Jish (Israël), les chefs catholiques de Terre Sainte appellent encore les autorités à assumer leurs responsabilités en termes d'éducation et de sécurité.


« Colère et tristesse ». Voilà les sentiments appuyés dont fait part ce matin l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS). Ils réagissent à un nouveau crime de haine présumé survenu au nord d’Israël, en Galilée, dans la petite ville arabe de Jish.

D’après le Jérusalem Post qui tirent ses sources de données de 2014, Jish compte environ 3000 habitants dont plus de la moitié sont des maronites, 10 % des melkites et 35 % des musulmans.

Les habitants de ce village ont découvert ce matin, 11 février 2020, plus d’une centaine de pneus de voitures tailladés. Ainsi que des graffitis racistes écrits en hébreu – condamnant la coexistence interreligieuse – tagués sur des murs de la ville et notamment sur ceux de la mosquée. Les tags ont été peints à la bombe par des inconnus. L’un d’eux a signé : « « Réveillez-vous, les juifs … arrêtez de vous assimiler ».

Les évêques et vicaires épiscopaux catholiques de rites latins et orientaux expriment ainsi dans leur déclaration leur « solidarité » à tous les habitants de Jish. En outre, ils les encouragent « à prier pour que les agresseurs et leurs partisans se repentent du mal de leurs actions, et pour qu’il soit possible à tous de vivre ensemble dans un pays sûr où personne n’attaque personne. »

« Obligés de dénoncer à intervalles rapprochés » de tels faits

Mais, les chefs catholiques en Terre Sainte ne cachent pas non plus leur lassitude et déplorent le fait d’être « obligés de dénoncer à intervalles rapprochés » de tels faits.

Les crimes de haine ciblant des villages arabes en Israël ou des villages palestiniens sont souvent perpétrés par des juifs extrémistes. Appelés « Prix à payer » ou « Price Tag » pour la version anglaise, ces actes de vandalisme visent à « facturer » le prix pour les actes de violence de la part de Palestiniens ou pour les décisions ou actions prises par le gouvernement ou les forces de sécurité israéliennes contre certaines colonies qu’Israël juge comme illégales.

Cela peut recouvrir des incendies criminels, des actes de vandalisme dans les mosquées et les églises, des jets de pierres, des déracinements d’arbres, des graffitis… Récemment, dans la nuit du 23 au 24 janvier, une mosquée de Jérusalem-Est, al-Badriya, a subi un début d’incendie et a vu ses murs couverts de propos anti-arabes.

Aussi le village Jish avait-il été il y a six mois (le 19 juillet dernier) victime du même type d’attaque où quelque 23 voitures avaient été vandalisées et des graffitis de haine été peints. A ce sujet, dans le communiqué de ce jour, les chefs catholiques pointent du doigt, l’absence de nouvelle concernant une quelconque « arrestation ou procès de suspects impliqués ».

A l’aune d’une longue série d’incidents contre des communautés arabes laissés sans suite, les Ordinaires catholiques font d’ailleurs part de leur sérieux agacement. C’est avec « encore plus de colère », disent-ils, qu’ils dénoncent le fait que ces événements se suivent les uns après les autres « sans atteindre les coupables et sans les traduire en justice dans la grande majorité des cas. »

Et de lancer un nouvel appel aux « autorités civiles et de sécurité de l’Etat » à « assumer leurs responsabilités tant en matière d’éducation que de sécurité afin de ne pas permettre la répétition de tels crimes à l’avenir. »

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