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Covid-19, Gaza tremble désormais aussi

Elisa Pinna
25 mars 2020
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Au terminal de Rafah, à la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte, des équipements infrarouges sont testés pour détecter la température corporelle le 16 février 2020. ©Abed Rahim Khatib/Flash90

A la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza, les deux premiers cas d'infection au coronavirus ont été découverts le 21 mars. Si le cordon sanitaire ne tient pas, ce serait une catastrophe pour les 2 millions d'habitants déjà placés dans des conditions précaires.


Le coronavirus est arrivé à Gaza. Deux Palestiniens qui sont retournés dans la bande de Gaza via le point de passage de Rafah à la frontière avec l’Egypte se sont révélés positifs au test du Covid-19 samedi 21 mars. Ils ont une forte fièvre, une toux sèche et ont été mis en quarantaine dans un hôpital de campagne créé en février près de la frontière.

L’annonce a été faite par le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas (qui contrôle l’enclave palestinienne), Youssef Abulreesh. La panique s’est immédiatement répandue – selon les médias arabes – parce que Gaza n’est pas un endroit quelconque et que l’épidémie, plus qu’ailleurs, peut se transformer en une tragédie aux proportions inimaginables.

Un système de santé à l’agonie

Le système de santé de la bande de Gaza s’est effondré depuis un certain temps et est incapable de répondre ne serait-ce qu’aux besoins essentiels d’une population de près de deux millions d’habitants, appauvrie, affamée et rendue particulièrement vulnérable par plus de 13 ans de blocus israélien et de semi-fermeture de la frontière égyptienne. Le blocus terrestre, maritime et aérien imposé par Israël a minimisé l’arrivée de machines médicales.

A cours des trois guerres entre le Hamas et l’Etat hébreu depuis 2007, l’armée de l’air israélienne a détruit plusieurs infrastructures civiles, notamment des hôpitaux et une centrale électrique. Actuellement, dans l’enclave palestinienne, les hôpitaux, les maisons et les bureaux ont de l’énergie durant 4 à 6 heures par jour.

Dans tout Gaza, il y a 2 895 lits, une moyenne de 1,3 pour mille habitants et seulement une cinquantaine de ventilateurs pour les adultes. Gaza – selon le bureau local de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cité par les médias locaux – est en mesure de traiter un maximum de 100 patients atteints du coronavirus dans ses hôpitaux et aurait encore besoin d’au moins 400 médecins de plus, sans compter bien sûr un équipement de santé adéquat.

La surpopulation dans les logements est l’alliée du virus

Il faut ajouter à cela que la bande de Gaza, 360 km² au total, est l’un des endroits les plus densément peuplés du monde, qui atteint parfois des summums improbables. Par exemple, dans le camp de réfugiés de Jabaliah, l’un des huit existant dans l’enclave palestinienne, 140 000 personnes vivent sur moins de deux km². Comment pourront-ils s’adapter à l’appel lancé par le vice-ministre de la santé du Hamas, maintenir la distance sociale et rester majoritairement à l’intérieur afin d’éviter la contagion ?

Entre autres mesures de précaution, les autorités locales avaient déjà adopté la fermeture des cafés et des restaurants, et annulé pour les musulmans la prière collective du vendredi de la semaine dernière. Ceux qui sont rentrés d’Egypte ont dû s’isoler ou, pour des cas suspects, se mettre en quarantaine dans des bâtiments préparés dans l’urgence, où déjà en quelques jours, dans des conditions de mauvaise hygiène et de surpopulation, se trouvent environ 1 800 personnes selon le diffuseur panarabe Al Jazeera.

2020 est l’année au cours de laquelle l’Onu avait prédit que Gaza deviendrait invivable si Israël n’allégeait pas le blocus, l’Egypte a rouvert sa frontière et la société internationale fait preuve d’une plus grande générosité pour la reconstruction économique et matérielle et psychologique de l’enclave. L’Onu n’avait pas compté sur le coronavirus qui risque maintenant d’ouvrir une perspective encore plus terrifiante.

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