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Le lac de Tibériade atteint son plus haut niveau en 16 ans 

Claire Riobé
16 avril 2020
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Un homme profite d'une chaude journée de baignade au lac de Tibériade, au nord d'Israël, le 12 juillet 2019. ©David Cohen/Flash90

La plus grande source d'eau douce d'Israël n'est qu'à 18,5 cm de sa capacité maximale, et des pluies supplémentaires sont prévues pour la fin de cette semaine. Le lac de Tibériade est remonté à un niveau inédit.


Cela vous étonnera peut-être, mais c’est une information capitale dans la région. En Terre Sainte, le sujet est autant discuté que la température du jour ou le cours du dollar. Et pour cause : le Lac de Tibériade (mer de Galilée, en anglais) est la principale ressource d’eau douce du pays. Or, depuis quelques mois, son niveau monte, monte… jusqu’à atteindre ces jours-ci un niveau jamais égalé en seize ans. 

Immersion…dans un lac asséché 

Situé dans la région de la Galilée (nord d’Israël), le lac est un réservoir d’eau de 160 km². Symbole religieux pour les chrétiens, lieu de pèlerinage pour les juifs, il reste pour tous une ressource stratégique majeure, qui approvisionne en eau douce les habitats de la région et permet l’irrigation de nombreuses cultures agricoles. Une ressource vitale, dont on a pourtant bien trop abusé ces dernières années, à tel point que le lac a atteint, en 2017 et 2018, le niveau historiquement bas de -214 mètres. 

En cause : l’agriculture, et en particulier la culture de bananes, qui utilise énormément d’eau. Avant que la gestion de l’eau du lac ne soit considérée comme un sérieux problème en 2001, Ies autorités israéliennes pompaient 400 millions de mètres cubes d’eau par an. Le lac est peu à peu descendu à son niveau le plus bas, 214,87 mètres sous le niveau de la mer, niveau baptisé « ligne noire » dans le pays. 

A ce pompage abusif se sont ajoutées cinq années de sécheresse en Israël, causées par des hivers arides. Ces conditions météorologiques difficiles, en plus de la croissance démographique que connaît le pays, expliquent que le lac ce soit évaporé de près d’un centimètre par jour ces dernières années.

 

Enjeux humains et écologiques

La baisse gigantesque du niveau du lac affecte directement l’environnement et la vie animale autour de Tibériade, inquiétant les organisations écologiques locales. La baisse du niveau de l’eau, entre-autres, augmente sa salinité et met gravement en danger les êtres vivants qui s’y trouvent. 

Par ailleurs, l’Etat israélien a mis en place cinq usines de dessalement pour répondre aux besoins de la population en eau potable. 70% de l’eau consommée actuellement provient de ces usines. Mais cette eau dessalée se révèle pauvre en magnésium, entraînant de potentielles carences pour la santé de la population.

L’Etat limite aujourd’hui le pompage du lac à 20 à 40 millions de mètres cubes d’eau par an, soit dix fois moins qu’autour des années 2000. Il a également lancé de nombreuses campagnes contre le gaspillage de l’eau. En juin 2018, Benjamin Netanyahu a envisagé un plan de 5 ans, afin d’approvisionner directement le lac en eau dessalée.

Une remontée sans précédent

Et pourtant, les deux hivers pluvieux qu’a connu la région en 2019 et 2020 font renaître les espoirs les plus fous. Depuis deux ans, les pluies records permettent au niveau du lac de remonter lentement, mais sûrement. Début janvier 2020, les précipitations ont été si abondantes que le niveau de l’eau a monté de 3,12  mètres, et devrait continuer d’augmenter au cours des prochaines semaines, à mesure que la neige des sommets du plateau du Golan fondra et se déversera dans le lac.

Mi-avril, et pour la première fois depuis février 1992, le lac a dépassé le niveau de -209 mètres. Il y a deux jours, le niveau de l’eau a été mesuré à -208,985 mètres en dessous du niveau de la mer, soit une augmentation de 1,5 cm depuis la veille. Une remontée qui n’est pas non plus sans lien avec la semaine de Pessah (Pâque juive), fêtée ces jours-ci, pendant laquelle l’eau du lac n’est pas pompée par les autorités israéliennes. Elle n’est en effet pas considérée comme casher, puisque le lac pourrait contenir des produits de blé levés (levain), interdits à l’occasion.   

Alors…sauvé, le lac de Tibériade ? Pas vraiment, car ces pluies ne suffisent pas à remplacer les 5 années de sécheresse qu’a connu le pays, a rappelé l’Autorité des Eaux Israéliennes. Mais elles suscitent un soulagement et une joie profondes parmi la population, peu habituée au spectacle du lac rempli à ras-bord. Simple coïncidence pour les uns, prophétie pour les autres… les fortes pluies de cet hiver sont en tout cas une vraie bénédiction pour le lac de Tibériade. 

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