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Biens d’Eglise, ventes contestées

Giampiero Sandionigi
17 juillet 2020
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De gauche à droite : Mgr Pierbattista Pizzaballa et le patriarche Theophilos III. (Photo d'archive, © Hadas Parush/Flash90)

Tristesse et mécontentement en cet été 2020 pour les Patriarcats grec-orthodoxe et latin de Jérusalem. Mettre en vente des biens ecclésiastiques n'est jamais sans douleur en Terre Sainte.


Dans un jugement du 24 juin dernier, le tribunal de district de Jérusalem a rejeté la demande du Patriarcat grec-orthodoxe de bloquer in extremis le transfert de trois de ses biens immobiliers à l’organisation juive Ateret Cohanim, qui s’est engagée à acquérir des immeubles dans le centre historique de Jérusalem afin de réduire la présence arabe.

La vente en question remonte à 2004 et concerne trois bâtiments, dont deux – l’hôtel Petra et l’hôtel Imperial – se trouvent près de la porte de Jaffa, accès principal aux quartiers chrétien et arménien. L’opération s’est achevée lorsque le patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, Ireneos Ier, a été gravement mis en cause et démis de ses fonctions pour cette même raison. Son successeur Théophilos III s’est immédiatement adressé à la justice en invoquant des irrégularités administratives et la corruption présumée de fonctionnaires du Patriarcat. Au cours des 16 dernières années, l’affaire a été discutée dans de nombreux tribunaux israéliens, jusqu’à la Cour suprême. Tous ont confirmé la validité de la vente.

La tentative du Patriarcat de rouvrir le dossier à la lumière de nouvelles preuves de corruption a été rejetée par les juges car les éléments produits étaient déjà connus au moment des précédents procès. Le Patriarcat grec-orthodoxe n’a pas renoncé et a de nouveau obtenu le soutien public des chefs des Eglises de Terre Sainte, qui se sont exprimés dans une déclaration publique le 7 juillet dernier. Au cœur du message, on peut lire : « Cette affaire ne concerne pas seulement l’Eglise grecque-orthodoxe et ses propriétés. Elle porte également atteinte à la nature de la coexistence pacifique entre les communautés, qui caractérise Jérusalem. Nous appelons le gouvernement israélien à sauvegarder l’intégrité de l’héritage et du patrimoine chrétiens de la vieille ville, ainsi que les lieux saints et les droits des habitants du quartier chrétien de Jérusalem ».

L’aliénation des biens de l’Eglise est une question sensible qui touche aux nerfs du conflit israélo-palestinien. Les chrétiens locaux, Arabes pour la plupart, détestent tout transfert d’immeubles ou de terrains aux juifs israéliens.

Le vieux réflexe de la protestation publique se déclenche d’autant plus facilement si ce sont des ecclésiastiques « étrangers » qui décident de la vente : c’est ce qui est arrivé en 2017 au patriarche Théophilos III (grec), contesté auprès des autorités publiques pour l’aliénation de biens à Tel-Aviv, Jérusalem et Césarée Maritime. Ces dernières semaines, ce fut le tour de l’Administrateur apostolique du Patriarcat latin, l’archevêque Pierbattista Pizzaballa, critiqué dans les médias arabes locaux pour avoir vendu un terrain de valeur à Nazareth (acquis par un homme d’affaires arabe). Le 12 juin, le prélat a répondu aux critiques par un communiqué clair et net soulignant l’état des finances du diocèse, accablé par au moins 100 millions de dollars de dettes envers les banques. Dettes contractées par les responsables palestiniens de la curie diocésaine sous l’épiscopat de Mgr Fouad Twal pour construire une université catholique en Jordanie : l’université américaine de Madaba, inaugurée en 2013. Mgr Pizzaballa souligne qu’il a été nommé administrateur apostolique en 2016, également pour remédier aux problèmes financiers. Toutes les routes ont été dégagées, à commencer par la réorganisation des services administratifs de la curie. Il était clair dès le début que, tôt ou tard, il faudrait trouver des ressources extraordinaires en aliénant une partie du patrimoine. D’autre part – note l’archevêque – les dettes doivent être honorées et il n’est pas juste de compter uniquement sur la solidarité internationale.

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