Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Pas assez engagé Terre Sainte Magazine ?

Marie-A. Beaulieu
8 juillet 2020
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Sur le mur de séparation, au niveau de l’enclave de la tombe de Rachel juste en face de l’hôpital Baby Caritas, l’artiste Taqi Spateen achève de peindre le portait d’Iyad Halak.© Wissam Hashlamoun/Flash90

Samedi 30 mai, aux abords de la Vieille ville de Jérusalem, Porte des Lions, Iyad Halak, un jeune homme de 32 ans, autiste, a été tué par un soldat israélien pour n’avoir pas obtempéré aux ordres.

Trois semaines après les faits, les circonstances de sa mort ne sont toujours pas claires. Elles le sont d’autant moins que les autorités refusent de publier les images de vidéo-surveillance de la séquence, tandis que des témoignages – dont celui d’une de ses éducatrices – disent qu’Iyad a été abattu de sang-froid alors qu’il était au sol, déjà blessé et que, dans son trouble autistique, il ne pouvait que répéter au soldat : “Je suis avec elle, je suis avec elle”.

Iyad Halak est depuis 2009, la soixantième victime des forces de police israélienne à avoir eu comme seul tort d’être Palestinien.

Récemment, j’ai reçu un courrier reprochant au magazine de ne pas assez prendre parti en faveur des Palestiniens devant l’injustice qui leur est faite.

À la mort d’Iyad vous croyez quoi ? Vous croyez que je n’ai pas envie de hurler ? D’insulter ? Pour autant et pour mieux pleurer la mort d’Iyad, faudrait-il réduire tous les juifs à l’horreur des injustices commises par certains ? Faudrait-il même réduire tout Israël à la somme des injustices commises depuis 1948 ? Fait-on la même chose ou désire-t-on que cela soit fait quand un meurtre est le fait d’un Palestinien ? Est-ce de la vengeance dont on veut se repaître ou espère-t-on la justice ?

Sur la charte rédactionnelle du magazine plane l’esprit de la prière de saint François : Seigneur fais du magazine un instrument de paix.

Je suis stupéfaite par tous ceux qui ont ce mot à la bouche, tant du côté israélien que du côté palestinien, mais qui n’entendent par paix qu’une capitulation de l’autre. Il leur faut un vainqueur et un vaincu.

Mais ce n’est pas la paix ça mes gaillards.

La paix, c’est une révolution du regard sur l’autre. La paix, c’est renoncer à gagner, à l’emporter, à vaincre. La paix, c’est regarder l’autre comme égal en droit, égal en justice, égal en dignité.

Alors, que ceux qui pensent que défendre une cause c’est entretenir la haine me contactent.

Je vous rembourse de ma poche le montant de votre abonnement, car vous n’avez pas souscrit à la bonne publication.

Ici, à Terre Sainte Magazine, la paix on la construit, pas à pas, pied à pied, article après article, en allant à la découverte de tous, en espérant en tous. Et si vous croyez que ce n’est pas de la lutte. Essayez et on en reparle.

Repose en paix Iyad Halak. Puissent les tiens trouver un peu de réconfort dans une justice équitable.

Dernière mise à jour: 08/03/2024 16:37