Évangéliser en ce temps de coronavirus est un défi et une opportunité qui m’a surpris et intrigué. Quelques semaines après le début des restrictions sanitaires qui, à Jérusalem comme partout dans le monde, nous ont obligés à rester chez nous et à repenser nos journées, des amis israéliens m’ont contacté pour me faire une proposition.
Ils m’ont demandé si j’étais prêt à participer à une visio-conférence où, dans un dialogue avec deux d’entre eux, nous expliquerions dans un questions-réponses les grandes liturgies de la Semaine sainte des catholiques. L’idée est née de l’intérêt pour ce sujet de la part d’un grand nombre de juifs israéliens. Ceux notamment qui guident des groupes chrétiens, étudient les religions comparées et le dialogue interreligieux et, qui durant le confinement avaient beaucoup de temps pour se former et actualiser leurs connaissances.
J’ai accepté sans trop réfléchir, mais j’ai précisé que la technologie ne m’était pas très familière et que j’aurais besoin d’indications claires. Puis j’ai vite découvert que les nouveaux médias avaient un immense potentiel et n’étaient pas si compliqués à utiliser.
Le thème du premier rendez-vous portait sur le symbolisme du dimanche des Rameaux et le calendrier liturgique de la Semaine sainte. Lorsque nous avons commencé à échanger, j’ai vu des chiffres en bas de l’écran qui ne cessaient d’augmenter et, tout en parlant, j’ai réalisé qu’ils correspondaient au nombre de personnes qui se connectaient et suivaient mes explications.
Des centaines d’inconnus écoutaient, ils ne pouvaient pas parler, juste écouter, mais il leur était possible d’envoyer des questions à l’écrit via le chat du programme Internet ; mon interlocutrice les lisait et me posait de temps en temps les questions les plus intéressantes et les plus stimulantes.
Le deuxième rendez-vous a eu lieu à l’occasion du Jeudi saint et des deux célébrations que l’Église catholique célèbre traditionnellement ce jour-là : la messe chrismale et la Cène avec la procession du Saint-Sacrement jusqu’au reposoir. Plus de 400 personnes étaient connectées et il y a eu de nombreuses questions sur les symboles et les signes du lavement des pieds et des huiles saintes, sur le Saint-Sacrement, les disciples, la trahison de Judas et la nécessité de la Passion du Christ.
Je me suis rendu compte que j’avais la possibilité d’expliquer les profonds mystères de notre foi et des concepts théologiques très délicats à un public de juifs qui, bien qu’ouverts et curieux, avaient rarement eu l’occasion d’entendre certains sujets de la bouche d’un chrétien. J’avoue qu’il m’a été un peu difficile de répondre par rapport au rôle de Judas le traître, une figure si complexe de laquelle ont découlé tant de conséquences en termes de haine et de préjugés contre les juifs ; difficile également d’expliquer la nécessité de la souffrance du Christ et de sa mort, pour arriver à la mise au tombeau et à la Résurrection le troisième jour.
Faute de temps pour répondre à tout le monde, il n’a pas été facile de conclure les séances ; nous devrons probablement organiser d’autres rendez-vous.
Les remerciements ont été nombreux : en témoignent l’intérêt manifeste des participants qui ont découvert et approfondi des questions importantes et jamais vraiment abordées, ainsi que le vœu d’un avenir toujours plus riche en rencontres et en enseignements où le dialogue sincère et ouvert est le principal sentiment qui les anime.
Dernière mise à jour: 08/03/2024 12:00