(G.S.) – Il faudra trois mois pour ramener à 400 le nombre de nouvelles contaminations par jour à la Covid-19 en Israël. La semaine dernière, il y a eu 4 000 nouveaux cas en une seule journée (jeudi). Le pourcentage de cas graves augmente de 6% par jour. S’il atteignait les 10%, le nombre de patients en état grave par semaine viendrait à doubler. C’est le Times of Israel qui a rapporté ces chiffres le 11 septembre, fournis par le Centre national d’informations sur le coronavirus, un organisme de coopération entre les services de renseignements militaires et le ministère de la Santé.
Les chiffres sonnent l’alarme
Alors que le nombre de décès à cause de la Covid depuis février a dépassé la barre des 1 000, celui de tests réalisés en Israël s’élève maintenant à 45 000 par jour (contre 30 000 la semaine dernière). 45% des patients en état grave se situent dans la tranche d’âge des 60-79 ans, les plus de 80 ans représentent 20%, les moins de 40 ans, 10%.
Proportionnellement, la situation en Israël semble plus grave qu’aux Etats-Unis. Il y a 100 nouvelles infections par jour aux Etats-Unis pour un million d’habitants, contre 300 nouveaux cas dans l’Etat hébreu pour un million d’habitants, soit six fois plus qu’en Italie ou en Corée du Sud, qui ont été les premiers pays avec lesquels Israël a rompu le contact fin février à cause du coronavirus.
Depuis lors, plus de 34 000 personnes ont été contaminées dans les Territoires palestiniens et plus de 230 personnes sont décédées. Il y a actuellement au moins 9 400 personnes testées positives en Cisjordanie. Dans la bande de Gaza, la recrudescence redoutée est en cours : les contagions ont franchi le seuil des 1 500. Au total, on compte plus de 6 500 cas par million d’habitants en Palestine.
Les nouvelles restrictions en trois phases
Face à ces chiffres, le gouvernement d’Israël ne peut que se résigner à adopter la mesure de confinement total, qu’il a tenté par tous les moyens d’éviter ou de reporter.
Ronni Gamzu, le médecin nommé le 20 juillet dernier coordinateur national de la lutte contre la Covid-19, espérait des mesures d’endiguement drastiques dès le 4 août, mais l’exécutif a préféré attendre, tant pour ne pas nuire aux activités économiques que pour ne pas en venir à une épreuve de force avec les composantes du judaïsme ultra-orthodoxe qui se montrent réfractaires à toute restriction de la liberté de réunions.
Le nouveau confinement sanitaire total, proposé au gouvernement par son comité d’experts, devrait s’articuler en trois phases : la première commencera la semaine prochaine, le 18 septembre au plus tard. Le temps sera donné à la délégation israélienne menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de se rendre à Washington, le 15, pour signer des accords à la Maison Blanche en vue de l’ouverture de relations diplomatiques avec les Emirats arabes unis et le Bahreïn. La deuxième phase devrait commencer début octobre, la troisième mi octobre.
Dans la première phase, les écoles ainsi que toutes les activités non essentielles resteront fermées. Les gens ne pourront pas s’éloigner de plus de 500 mètres de chez eux. Dans la deuxième phase, il y aura des restrictions portant sur les déplacements d’une ville à l’autre et sur les réunions (pas plus de 20 participants dans les espaces ouverts et pas plus de 10 à l’intérieur). La troisième phase prévoit des mesures différenciées en fonction de la situation qui se présentera dans les différentes zones, sur la base de paramètres épidémiologiques précis. Les décisions du gouvernement ont été prises et formalisées lors de la réunion du dimanche 13 septembre.
Le 18 septembre au soir marque le début du Nouvel An juif (Rosh HaShanah), qui sera suivi de Yom Kippour, le jour d’expiation, de jeûne et de pénitence, qui commence le soir du 27. Reste à voir si et comment le confinement sera respecté de tous.
L’Eglise regrette les volontaires étrangers
Dans une telle situation, il n’est pas question de rouvrir de sitôt les aéroports aux touristes et pèlerins étrangers. Aussi, de nombreuses organisations locales sont affectées, car elles avaient l’habitude de pouvoir soutenir le personnel régulièrement engagé, grâce au travail de volontaires internationaux du monde entier. En effet, ces derniers venaient régulièrement mettre à disposition leur énergie et quelques semaines de leur temps pour collaborer avec des institutions culturelles, d’aide sociale, de promotion sociale, etc.
La question, déjà connue, a été soulevée publiquement par un communiqué publié le 10 septembre par l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte. Les chefs religieux des communautés catholiques locales s’inspirent d’un article paru dans le quotidien Haaretz le 8 septembre dernier : il y est question d’une organisation évangélique américaine qui a réussi, grâce à l’intervention de certains responsables gouvernementaux, à envoyer en Israël plusieurs dizaines de volontaires afin de participer aux vendanges dans certaines colonies israéliennes de Cisjordanie.
En revanche, les chefs des Eglises regrettent que toutes les demandes de visas d’entrée pour les volontaires émanant ces derniers mois des hôpitaux, des écoles, des hospices et des centres d’aide sociale catholiques – qui travaillent au service des juifs, des musulmans et des chrétiens – aient été rejetées à plusieurs reprises au nom de l’état d’urgence du coronavirus.
Après de nombreuses tentatives vaines, les chefs des Eglises réitèrent maintenant ouvertement leurs demandes. Les visas d’entrée devraient être accordés, demandent-ils, aux religieux et religieuses ayant l’intention de venir en Terre Sainte pour soutenir leurs frères et sœurs déjà engagés sur le terrain ; aux étudiants inscrits à des cours dans des institutions universitaires ; aux volontaires qui ont l’intention de se mettre pendant un certain temps au service des malades, des personnes porteuses de handicap et des pauvres aidés par les institutions catholiques.