Selon un rapport récent du Forum économique mondial qui cherche à mesurer les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont dans l’ensemble en retard par rapport à d’autres grandes régions du monde.
Dans la région s’étendant de l’Iran au Maghreb en incluant les pays arabes, la Turquie et Israël, l’écart entre les sexes est le plus marqué. Les femmes voient amputés leurs droits fondamentaux comme la liberté de circulation, la possibilité d’hériter de biens ou l’accès à la justice. Leur participation au monde du travail est faible et leurs salaires ne représentent en moyenne que 28% de ceux des hommes.
Les progrès – qui existent pour autant, notamment en matière d’accès à l’éducation et de droit à la santé – sont si lents que théoriquement, à ce rythme, il faudrait un siècle et demi pour mettre tout le monde sur un même pied d’égalité.
Le rapport fournit un indice des disparités entre les sexes et un classement de 153 pays dans le monde pour 2020. Le tableau ci-dessus présente les pays du Moyen-Orient. À titre de comparaison la France occupe la 15e place. Le pays de la région qui arrive en 1er est Israël (64e), suivi par les Émirats arabes unis (120e). Les autres pays du Moyen-Orient sont tous parmi les derniers.
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Le tableau indique particulièrement : 1) la position des pays dans un classement de 153 pays dans le monde ; 2) la valeur numérique de l’écart entre 0 et 1 (où 1 = la pleine parité) ; 3) l’évolution dans le classement mondial par rapport à 2006.
Malgré des progrès relatifs, tous les pays, à l’exception du Koweït, des Émirats arabes unis et de l’Égypte, ont chuté dans le classement mondial et Israël, qui présente la meilleure situation, a perdu 18 places.
L’indice examine aussi 4 catégories d’écart entre les sexes et fournit une sous-classification de chacune d’entre elles :
1. Travail et économie (rémunération, progression dans les professions et dans les postes à responsabilité).
La situation des femmes est relativement meilleure en Israël (67e), puis le Koweït est en 2e position (120e). Au bas de l’échelle le Yémen, la Syrie et l’Irak sont en dernière position dans le monde avec un indice à 0,227.
2. Accès à l’éducation
Israël fait partie du groupe des 25 pays où la parité est totale (1re place ex-aequo avec 25 pays dont la Belgique, le Canada et la France). Là encore, c’est le Koweït qui suit (57e), puis les autres pays de la région. Enfin le Yémen avec un indice à 0,717.
3. Santé (rapport et écart entre les sexes dans l’espoir d’une vie saine)
La parité a été atteinte dans 40 pays du monde, dont la Syrie, mais c’est presque un paradoxe, compte tenu des tragiques lacunes d’un système hospitalier dévasté par 10 ans de guerre. Suivent la Turquie (64e), l’Irak (76e), l’Égypte (85e), Israël (97e) et l’Iran (130e). Les derniers pays sont l’Arabie Saoudite et le Bahreïn. Dans tous les États de la région (sauf au Bahreïn et au Koweït) les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes.
4. Participation politique
Elle est basée sur la comparaison des rôles ministériels et des sièges parlementaires, ainsi que sur la durée des mandats politiques. Israël est toujours en tête (64e dans le monde), suivi par les Émirats arabes unis (74e), l’Égypte (103e), la Turquie (109e), l’Iran (145e), le Liban (149e) qui depuis quelques mois a un gouvernement comptant 6 femmes ministres sur 19.
En dernière position se trouve le Yémen. Seuls Israël et la Turquie ont eu des femmes à la tête d’un gouvernement par le passé (respectivement Golda Meir et Tansu Çiller). Leur présence dans les parlements est limitée (cf. tableau au centre). Hormis le cas de l’assemblée des Émirats arabes unis (moitié élue et moitié nommée, avec 50% de femmes), la représentation des femmes dans les Chambres basses varie d’un quart des sièges à zéro.
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Un autre indice, édité par le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), examine les préjugés contre l’égalité qui persistent chez les hommes, mais aussi chez les femmes. Il est basé sur des données collectées dans 75 pays (dont 8 pays du Moyen-Orient) et s’appuie sur les réponses à 7 questions d’où peuvent être déduits 7 préjugés.
Par exemple : Les hommes sont-ils de meilleurs dirigeants politiques ? Ou chefs d’entreprise ? L’université est-elle plus importante pour un homme ? Dans quelle mesure approuvez-vous la violence au foyer ? Seuls 14 femmes et 10 hommes sur 100 dans le monde semblent ne pas avoir ces préjugés.
Au Moyen-Orient (cf. tableau ci-dessous) on peut observer que les réponses de la grande majorité de la population contiennent au moins un des 7 préjugés.
Dernière mise à jour: 11/03/2024 13:19