C’est une pièce secrète, perdue dans les dédales de Saint-Sauveur. La plupart des quelque 70 franciscains qui résident dans le couvent en ignorent la localisation et jusqu’à sa présence. C’est un dépôt, longtemps resté sans soin. Chandeliers du XIXe, corniches d’autels néobaroques, tableaux gigantesques adossés les uns aux autres, percés, craquelés et poussiéreux, angelots autrefois dorés, vieux ornements liturgiques, machines à écrire sans âge, tout s’y côtoyait pêle-mêle jusqu’à ce que le service des Biens culturels entreprenne de le ranger et d’en identifier le contenu.
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Un travail qui poursuit celui entrepris quelques années plus tôt de catalogage systématique de tout le patrimoine culturel – et souvent cultuel – de la custodie entreposé dans les sacristies des différentes fraternités franciscaines. Travail qui a permis l’exposition à Versailles, en avril 2013, de quelque 250 pièces d’exception.
C’est dans ce cadre que la custodie a fait la connaissance de Maurizio Canesso de la galerie parisienne éponyme. Lors d’un précédent voyage, il a repéré plusieurs toiles et a offert d’en restaurer certaines dont les quatre tableaux du cycle dit “De la Vierge”, exemplaires remarquables de l’art baroque napolitain de Francesco De Mura et de son école.
Fin 2013 les œuvres sont revenues de Versailles ou de l’atelier Thiers où elles ont été restaurées, Maurizio Canesso est de retour à Jérusalem pour accompagner l’ouverture des colis dans l’église Sainte-Catherine à Bethléem où, en accord avec la custodie, il a été décidé de les accrocher pour les exposer de façon permanente.
Mais Maurizio n’entend pas repartir les mains vides. Lors de ce voyage, il est venu accompagné de spécialistes pour identifier plusieurs toiles et embarquer le Saint-Jérôme. Si l’auteur demeure inconnu, tous confirment que la toile est de l’école italienne du XVIIe siècle, la spécialité de la galerie Canesso qui s’intéresse particulièrement aux tableaux peints entre la Renaissance et le Baroque, par des artistes italiens ou étrangers ayant résidé en Italie.
Si la custodie veut ouvrir un musée dans le couvent Saint-Sauveur à Jérusalem, réunissant certains de ses trésors historiques, elle tient aussi à conserver dans les sanctuaires certaines des œuvres qui leur étaient destinées.
L’œuvre, de 169 cm sur 151, porte les stigmates de son âge. Quelques craqûres, une lacune et surtout beaucoup de poussières mêlées de suie qui ont uniformément éteint ses couleurs et masqué nombre de détails.
La voilà pour la première fois publiée après sa restauration. Elle trône désormais à l’entrée de la sacristie de l’église latine Sainte-Catherine à Bethléem. Car si la custodie veut ouvrir un musée dans le couvent Saint-Sauveur à Jérusalem, réunissant certains de ses trésors historiques, elle tient aussi à conserver dans les sanctuaires certaines des œuvres qui leur étaient destinées.
Et s’agissant des peintures exposées à Sainte-Catherine, non seulement elles enrichissent la Terre Sainte, la custodie et Bethléem, mais elles marquent aussi un moment important pour les Territoires palestiniens qui admirent, comme peut-être ils n’avaient jamais pu le faire, l’entrée triomphale de l’art dans l’une des églises les plus importantes de la chrétienté.
Dernière mise à jour: 11/03/2024 09:36