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Israël : les leçons du reconfinement

Cécile Lemoine
29 octobre 2020
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En Israël, la reprise après le deuxième confinement levé le 18 octobre se fait par étapes et sous surveillance © Nati Shohat/Flash90

Premier pays à reconfiner sa population fin septembre pour contenir un taux de contamination alors parmi les plus élevés du monde, Israël commence à tirer les enseignements des différentes mesures appliquées.


 

A la mi octobre, Israël levait son deuxième confinement. Un mois après un pic du nombre de cas qui en a fait le pays le plus touché au monde par rapport à sa population, l’État hébreu entame un déconfinement en sept étapes, qui s’étalera jusqu’en février 2021.

 

Évolution du nouveau nombre de cas quotidien de Covid-19

Évolution du nouveau nombre de cas quotidiens de Covid-19 par million d’habitants, entre le 1er février 2019 et le 28 octobre. Source : ourworldindata.org

Face à la saturation des hôpitaux qui ont vu le nombre de morts passer de 322, début juillet, à 2 494 fin octobre, le reconfinement s’est imposé comme la solution de dernier recours. La mesure est efficace sur le plan sanitaire, mais ses conséquences sont délétères pour l’économie, déjà durement affectée par les conséquences du premier confinement. « Opter pour le confinement, c’est toujours la preuve d’un échec dans la gestion de la pandémie », souligne Eran Segal, professeur à l’institut scientifique Weizmann. .

Un confinement plus efficace que prévu

S’il y a eu des sceptiques au début, la mesure s’est finalement révélée plus efficace qu’anticipé, se réjouit le docteur en mathématiques appliquées, auteur d’une analyse basée sur un modèle prédictif :  « Les effets bénéfiques du confinement se sont fait ressentir plus rapidement, et le nombre de cas a commencé à diminuer en 10 jours contre 20 jours lors du premier confinement. »

Comment expliquer ce phénomène ? Difficile de le faire avec certitude. Eran Segal tente tout de même quelques hypothèses sur Twitter : le port du masque, qui n’était jusque-là pas obligatoire, ou la fermeture des lieux représentant un risque élevé de propagation (écoles, mariages, restaurants, transports publics…).

Comparaison de l’évolution du nombre de nouveaux cas quotidiens pendant les deux confinements israéliens. Source : Eran Segal

Il tire un premier enseignement de ces résultats : « Les lieux comme les entreprises n’accueillant pas de public, ouverts pendant le confinement automnal, mais pas pendant celui du printemps, sont probablement moins importants que ce qu’on pensait dans le processus de contamination. Peut-être n’ont-ils même pas à faire partie des lieux confinés. »

Politiques différentielles et déconfinement progressif

La particularité d’Israël par rapport à la pandémie tient dans la manière dont la maladie se propage selon les appartenances et les pratiques religieuses. La Covid-19 touche plus durement les Arabes israéliens et la communauté juive ultra-orthodoxe, dont les taux élevés de pauvreté et les modes de vie plus communautaires, favorisent la propagation du virus.

Lorsque les Haredim ont commencé à contracter le virus, peu de temps après la fin du premier confinement, les taux de contamination ont rapidement augmenté. En cause : les maisons surpeuplées et la multiplication des contacts dans les écoles et les réunions publiques, que les ultra-orthodoxes ont persisté à organiser, malgré les consignes du gouvernement. « Le second confinement a commencé après que des responsables politiques ultra-orthodoxes ont bloqué les tentatives de confinement localisé, dans les zones d’infection – principalement des quartiers Haredim », relate the Times of Israël.

Ainsi, deux semaines après le début du confinement, alors que l’épidémie ralentissait dans la population générale, elle continuait de se propager chez les orthodoxes. « Cela suggère que des politiques différentielles selon les sous-groupes de population peuvent être efficaces », glisse Eran Segal.

Il est encore trop tôt, et l’évolution de la Covid-19 reste encore trop imprévisible, pour prédire à quoi ressembleront les prochaines semaines en Israël.

Une chose est sûre : le confinement, bien que révélateur des dysfonctionnements de gestion préalables, est une mesure qui fonctionne. Le nombre de nouveaux cas ne cesse de diminuer, à l’exception de quelques localités arabes. Ce sont les phases de déconfinement qui sont cruciales. « Il faut attendre deux semaines pour mesurer pleinement les conséquences d’une nouvelle mesure », estime Eran Segal, qui complète : « Pour chaque étape du déconfinement, il faut que le taux de reproduction du virus soit inférieur à 1 ».

A la réouverture, le mot d’ordre du Premier ministre Benjamin Netanyahu était « progressivement » : « Si la mortalité diminue, alors les restrictions diminueront aussi progressivement. Si la mortalité augmente, il n’y aura pas d’autre choix que de réimposer les restrictions ». Dix jours après l’allègement des restrictions, des conflits opposent déjà les ministres quant à la réouverture des magasins et des lieux de cultes.

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