Ce ne sont plus les feux de la guerre mais les feux de forêts qui font craindre le pire pour le Krak des Chevaliers. L’imposante forteresse, érigée au XIIe siècle par les Croisés, se trouve dans la région centrale de Homs en Syrie. Une zone qui courant octobre a été touchée par d’importants incendies de forêt. Selon les Nations unies, plus de 9 000 hectares de terres agricoles, d’oliveraies et de forêts ont été ravagées dans le centre et le nord-ouest du pays. Avant que l’été ne revienne, mieux vaut prévenir que guérir.
Car on comprend aisément le danger qui guette les murs fortifiés du Krak pluriséculaire. Quasi vide de touristes à cause des années de combat et de l’épidémie de coronavirus, il est peu à peu devenu le domaine des herbes folles et des arbres sauvages. Autant de proies faciles pour les flammes, faisant courir le risque de brûler en un feu de paille la forteresse, classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2006. Egalement inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril, deux ans après le début de la guerre civile.
Une « Semaine pour l’Histoire »
En voisine, l’université privée al-Hawash de la ville d’Al-Mouzeina, en coopération avec le gouvernorat de Homs et la Direction générale des antiquités et des musées, a lancé la semaine dernière la « semaine de l’Histoire ». Une campagne écocitoyenne – principalement relayée par l’AFP – de débroussaillage pour protéger les lieux.
Le Krak est « comme une maison pour nous », explique sur le même sujet à la chaîne de télévision Arab News, l’un des porteurs du projet Naji Derwich, directeur d’un programme de responsabilité civique à l’université. Au total, ce sont plus de 400 étudiants universitaires et habitants de la région, concernés et motivés, qui se sont portés volontaires pour participer au chantier.
Concrètement, l’initiative a permis de débarrasser les lieux des mauvaises herbes, arbustes, buissons, ronces, branches, arbres morts et secs. Quant aux chênes et figuiers qui ont poussé entre les pierres et provoqué de sérieuses fissures sur les murs, ils nécessitent l’intervention de spécialistes, rapporte al-Baath.
Le journal syrien ajoute que cette initiative ne sera pas la dernière pour l’université. Une enquête pour s’assurer de la solidité de l’ensemble de l’ouvrage est prévue ainsi qu’un plan numérique de préservation du château.
La directrice du site, Naeema Muhartam, a souligné auprès du quotidien, l’importance de cette initiative qui met l’accent sur l’intérêt de la communauté pour ses sites historiques et archéologiques, jouant ainsi un rôle important dans la préservation de ses monuments qui ont formé et continuent de former sa civilisation au fil des ans.
A cause du Covid, seulement 5 000 touristes en 2020
La directrice a supervisé les opérations de débroussaillage après avoir géré ces dernières années des travaux de restauration suite au conflit. Notamment dans la grand-salle et la chapelle. Aujourd’hui, elle se réjouit : « Le château se remet maintenant. Nous pouvons dire que nous faisons un pas dans cette direction. » Elle confie à l’AFP, rêver de voir revenir, de nouveau, concerts et autres événements culturels. Mais site n’a rouvert que fin 2018. Puis l’épidémie de coronavirus lui a fait refermer ses portes. Environ 23 000 visiteurs sont venus en 2019 et seulement 5 000 personnes sont venues cette année, déplore-t-elle.
Le Krak est considéré comme l’un des monuments historiques et architecturaux les plus importants de Syrie. Il est l’un des mieux conservés à ce jour au monde. Bâti sur un petite forteresse préexistante, par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui l’ont détenue de 1142 à 1271, le krak pouvait autrefois accueillir une garnison de 2000 hommes. Surplombant la plaine d’El-Bukeia, il est réputé pour son ingénierie militaire, ses puissantes fortifications, et un ensemble d’art et d’architecture mêlant les héritages des civilisations d’Orient et d’Occident.