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La basilique de la Nativité au cours des âges

Claire Burkel
8 novembre 2020
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En exclusivité, Terre Sainte Magazine publie le travail de restitution de l’architecture de la basilique de la Nativité réalisée par Raffaella Zardoni et le Studium Biblicum Franciscanum, sous l’égide de l’ONG custodiale Pro Terra Sancta.


Mieux on connaît l’histoire d’un bâtiment, plus on découvre quelle importance il a eu au long des siècles. À la fois cela permet de s’inscrire dans la continuité de la prière et de l’adoration de ceux qui nous ont précédés, à la fois cela nous renvoie plus intensément au mystère que le lieu préserve : Hic puer natus est nobis, Ici un enfant nous est né.

Ces reconstitutions en 3D ont fait l’objet d’animations en vidéo que l’on peut retrouver sur le site terresainte.net dans la rubrique Pèleriner, ou en tapant dans le moteur de recherche Bethléem – Back in time.

Constantin construit la première basilique au IVe siècle

L’église qui fut consacrée le 31 mai 339 est la troisième basilique voulue par l’empereur Constantin et sa mère sainte Hélène pour honorer les lieux majeurs de la vie du Christ Jésus, sa naissance, son enseignement, sa mort et sa Résurrection.

À Bethléem, la Nativité est de plan basilical, une longue nef répartie en trois travées grâce à des colonnes sur les deux côtés ; elle est orientée, son chœur dirigé vers le levant, mais surtout posé au-dessus de la grotte de la Naissance et de forme octogonale. Que de symboles en une seule architecture !

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Les huit pans de l’octogone manifestent l’inouï de la Résurrection, Jésus ayant été relevé d’entre les morts au matin du premier jour d’une nouvelle semaine, ou au huitième jour, aube des temps nouveaux ; l’orientation montre que les fidèles pénètrent par le couchant et s’avancent vers l’est, qui est la direction spirituelle de tout disciple du Fils de Dieu, le vrai Soleil levant ; et la situation surplombant le lieu précis de la venue au monde de Jésus est la raison même du sanctuaire.

On pense qu’un oculus de verre permettait de voir la grotte sans y pénétrer. Un chancel de pierre sépare ce chœur de la nef et l’autel sur estrade est lui aussi de forme octogonale. Un atrium carré et à ciel ouvert précède la basilique, comme à Jérusalem celle de la Résurrection.

Justinien reconstruit la Nativité au VI e siècle

 

 

Dans la première moitié du VIe siècle l’empereur Justinien réalisa plus que des ajustements sur le sanctuaire, il édifia sur le même plan orienté une église nouvelle, la voulant même plus belle que celles de Jérusalem. Le chœur n’est plus octogonal mais tréflé, pourvu d’absides sur chacun des trois côtés ; ce qui le rend plus vaste. L’autel est rectangulaire, mais toujours au-dessus du réseau des grottes d’origine.

La nef est rendue plus étroite par une double rangée de colonnes, mais allongée de 3m par une travée supplémentaire. Le toit est plus complexe, à triples pans, et l’atrium a été augmenté à l’occident d’une cour fermée par une façade simple à trois portes.

Le complexe rend compte de la taille des assemblées qui venaient là célébrer les mystères de l’enfance de Jésus, Nativité, Épiphanie et massacre des Innocents, ainsi que toutes les mémoires liées traditionnellement à la sainte Famille. Un petit bâtiment perpendiculaire au flanc nord servait à l’hospitalité des pèlerins.

Relooking croisé au XII e siècle

Les Croisés du XIIe siècle donnèrent à Bethléem une allure tout autre parce qu’ils venaient d’Europe occidentale où les styles architecturaux étaient bien différents des orientaux. Si le plan au sol reste le même, les absides nord et sud sont devenues les deux bras d’un transept comme en ont toutes les églises gothiques. La toiture centrale est surélevée afin de mieux éclairer la nef sur toute sa longueur.

Dotée d’un clocher à l’entrée ouest et d’une chapelle installée nord-sud sur son côté nord, la basilique est entourée de hauts murs qui forment une enceinte solide ; une forte tour carrée garde l’angle oriental. L’atrium constantinien et le narthex justinien sont abattus et deviennent une cour semi-ouverte plus propice aux cavaliers et aux grandes cérémonies, la ville devenant cité des sacres.

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Les portes d’entrée sont à ogive, la trace en est visible encore aujourd’hui, même si on a dû fortement abaisser l’unique porte restant pour que chevaux et charrettes n’y entrent pas.

Vus de l’extérieur les bâtiments conventuels au nord tiennent plus de la forteresse, mais ils abritent cependant un joli cloître roman à colonnettes ouvragées.

XXI e siècle : le temps de la conservation

Depuis le siècle dernier les structures restées les mêmes se sont largement étoffées, en partie à cause des couvents franciscain, grec et arménien qui se sont développés, chaque bâtiment ayant ses résidences et ses cours. La basilique elle-même a gardé son plan initial mais a perdu son clocher croisé.

La chapelle septentrionale a disparu au profit de l’église Sainte-Catherine à nef unique consacrée en août 1882 pour les besoins de la communauté latine ; elle s’ouvre dans le cloître médiéval et se trouve donc parallèle à la basilique.

Celle-ci a peu changé. On y accède par une vaste place ouverte sur deux côtés, bien utile lors des grands rassemblements aux fêtes liturgiques, qui n’est autre que l’ancien atrium constantinien. Après la porte basse un narthex assez étroit opère la transition avec l’extérieur et offre juste le recul nécessaire pour admirer la porte de bois sculpté, une œuvre arménienne, avant la nef entièrement toilettée, charpente, murs, sol et colonnes, ces douze dernières années.

Dernière mise à jour: 08/03/2024 15:20

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