Contre mauvaise fortune bon cœur. Alors que les mesures sanitaires contre le coronavirus empêchent tout rassemblement dans nombre de pays, l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre en France n’a pas pour autant renoncé à en appeler au bon cœur, justement, de tous ceux qui se considèrent amis de la Terre Sainte. Au-delà des Chevaliers et des Dames membres de l’institution.
C’est une première, la branche française de l’Ordre, la Lieutenance de France, dans un communiqué daté du 18 novembre, annonce organiser le 28 novembre de 17h à 18h son tout premier gala de charité. Mais cette première édition s’expérimentera sur Internet. « Il était prévu un dîner de gala, à la même date, qui est devenu digital puisqu’il n’est plus possible de se rassembler : c’est moins chaleureux mais chacun peut accueillir la Terre Sainte dans son salon, où qu’il soit en France ! », explique Stéphane Lancereaux, responsable de la communication pour l’Ordre en France.
L’objectif est de sensibiliser sur la situation des chrétiens en Terre Sainte et de lever des fonds en leur faveur. Car « les occasions habituelles de collecte auprès du grand public ont été mises à mal par les différents confinements. Quêtes à la sortie des messes, organisation de conférences, dîners ou autres événements se sont avérés impossibles », déplore la Lieutenance de France dans son communiqué.
Pour mémoire, l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre, depuis 170 ans, soutient les chrétiens de Terre Sainte, non seulement par la prière mais aussi par le financement de projets concrets sur le terrain.
« Provoquer un élan de charité »
L’événement en ligne, placé sous le patronage du nouveau patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pizzaballa, se tiendra en direct sur le lien www.ggoss.fr. « Cette soirée de gala par internet (…, nous l’espérons, aura pour fruit de provoquer un élan de charité vers nos frères et sœurs chrétiens en Terre Sainte. Ils sont davantage que nous touchés par cette pandémie et ses conséquences néfastes pour leur survie sur la terre du Christ », souligne dans le communiqué, le général Jean-Marie Faugère, responsable de l’Ordre du Saint-Sépulcre en France.
La branche française de l’Ordre s’est associée avec l’agence de fundraising digitale, Obole, la bien nommée, à l’heure où la Terre Sainte doit en effet faire face, en plus de ses difficultés structurelles, à une situation économique désastreuse depuis mars dernier avec l’arrêt des pèlerinages. Or, beaucoup de ménages chrétiens en vivent et de nombreuses œuvres et institutions religieuses, caritatives, scolaires et sociales, profitent, par ricochet direct ou indirect, d’une redistribution des recettes pour continuer leurs missions.
5 projets, 60 minutes, 200 000 euros
Chaque année, l’Ordre du Saint-Sépulcre représenté dans une quarantaine de pays apporte une contribution d’environ 12 millions d’euros à la Terre Sainte, dont un million environ provient de la France. L’objectif du gala en ligne de la semaine prochaine est de collecter en une heure 200 000 €. Et ce, pour soutenir cinq projets spécifiques qui seront présentés en direct par leurs différents responsables en Terre Sainte, accompagnés de témoignages de membres de l’Ordre. Les invités qui se seront inscrits au préalable pourront alors décider en temps réel quel projet financer, au montant de leur choix.
Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, l’Ordre explique que pour l’un de ses projets, celui de redynamiser l’exploitation viticole de l’abbaye trappiste de Latroun, qui compte 20 hectares, il suffit de 5 euros pour planter un cep de vigne, incluant les dispositifs de palissage et d’irrigation. Sans compter que tous les dons bénéficieront d’une réduction d’impôt conformément aux dispositions fiscales françaises en vigueur.
Deux autres projets concernent les écoles du Patriarcat latin de Jérusalem, ouvertes aux élèves chrétiens comme musulmans, et qui jouissent d’une très bonne réputation. Le français fait partie des disciplines qui y sont dispensées, aussi bien dans les Territoires palestiniens qu’en Jordanie, de la maternelle jusqu’à la terminale. « Le niveau de français des élèves de terminale est impressionnant », indique le communiqué de l’Ordre en France qui rappelle l’importance de la langue de Molière pour ses « valeurs d’ouverture, d’accueil et d’universalité ». Pour continuer de servir cet enjeu de la francophonie, une aide est souhaitée pour les salaires des professeurs de français dans ces écoles. Ils sont 18 enseignants en Palestine et 8 en Jordanie. Un appel est d’autre part, lancé pour financer la modernisation des laboratoires de physique, chimie et biologie des écoles du Patriarcat latin en Jordanie et dans les Territoires palestiniens, « en particulier à Gaza », souligne le communiqué. Et ce « afin de maintenir leur excellence académique. »
Un quatrième projet vise à aider l’hôpital Saint-Louis de Jérusalem à acquérir un appareil d’échographie portable. Ce qui « évitera ainsi de nombreux déplacements de malades vers des hôpitaux voisins », estime l’Ordre.
Cinquième et dernier projet : contribuer aux travaux d’agrandissement du centre Sainte Rachel, ouvert en 2016 par le Vicariat Saint Jacques, pour les catholiques hébréophones, qui accueille les enfants de migrants chrétiens, originaires d’Asie, d’Ethiopie et d’Erythrée pour la plupart. Le centre Sainte Rachel est un lieu où les enfants de migrants et de demandeurs d’asile peuvent bénéficier d’un accueil de jour, de soins et d’aide, mais sa capacité d’accueil est limitée quand les demandes augmentent.