Dans la solitude, il faut s’accrocher pour ne pas partir en vrille – TSM 670
Encore un peu et j’allais croire que mon été fut aventureux. Pensez, j’ai pris l’avion d’un continent à l’autre aller et retour ! En temps de pandémie, ce qui était devenu presque anodin tient de l’exploit.
Il a fallu faire la paperasse nécessaire et obtenir le sésame du ministère israélien des Affaires étrangères m’accordant nominativement le droit de reposer le pied en Israël.
Puis, bien que munie d’un résultat de test PCR négatif à la covid, je fus astreinte à 14 jours de strict isolement à mon retour en Israël. Ne pas sortir du lieu de quarantaine, ne pas avoir de contact avec l’extérieur. A défaut que mon domicile réponde aux normes sanitaires exigées, le Seigneur lui-même me conduisit au sanctuaire de Notre-Dame de Palestine, accueillie par les professionnelles de l’isolement : les petites sœurs de Bethléem qui vivent suivant la règle de saint Bruno, une vie de prière et de travaux manuels dans la solitude et le silence.
Les sœurs mirent à ma disposition le studio prévu pour l’aumônier (qu’elles n’ont pas). Un réfrigérateur garni et une connexion Internet un peu capricieuse mais suffisante. Au début, le silence me parut assourdissant. Pas d’autres livres que la Bible, que du matériel de travail dans mon ordinateur et la connexion Internet qui ne supportait ni Netflix ni YouTube.
14 jours plutôt chouettes
Je vous passe les détails, mais il fallut apprivoiser cette solitude. J’ai vite compris que, si j’appréciais le ralentissement du temps et de l’activité, je n’avais pour autant aucune vocation cartésienne. Ce n’est pas très facile humainement, et spirituellement il faut s’accrocher pour ne pas partir en vrille. Un peu plus et j’allais vous décrire combien je suis fortiche en expérience mystique.
Et puis un jour, le routeur pour la connexion Internet est passé à la vitesse supérieure et au hasard d’un cheminement je suis tombée sur l’interview du prêtre italien Pierluigi Maccalli, enlevé au Mali et retenu deux ans en otage dans le désert. Vivant sous un arbre, enchaîné la nuit, retenu seul par des djihadistes qui ne se faisaient comprendre que pour le pousser à se convertir à l’islam. Père Pierluigi a souffert de la soif, de la solitude, sans Bible ni eucharistie durant deux ans. Il a vécu à Dieu seul, avec les étoiles. Quel témoignage ! (disponible sur YouTube et en français) Quelle leçon !
Donc pour moi, j’ai juste patienté 14 jours plutôt chouettes avant de rentrer à la maison. Une bien belle expérience en réalité qui me voit repartir en portant dans ma prière tous les gens qui souffrent vraiment de la solitude, des otages aux personnes âgées. Ils ont besoin de notre prière et de nos visites autant que possible.
Dernière mise à jour: 08/03/2024 15:20