Depuis dimanche, les visiteurs du palais d’Hérode, au sud-est de Bethléem, peuvent pour la première fois emprunter le grand escalier menant au hall principal de la résidence et découvrir aussi le théâtre privé du roi.
Hérode Ier le Grand régna sur la Judée romaine, entre les années 37 et 4 avant J.-C. Du Second Temple de Jérusalem à la citadelle de Massada en passant par l’impressionnant port de Césarée, le roi sous le règne de qui Jésus est né et sous lequel eut lieu le massacre des Innocents, selon l’Evangile de Matthieu, était un grand bâtisseur. C’est lui qui fit construire également entre 23 et 15 avant J.-C., un palais-forteresse élevé de manière circulaire et flanquée de quatre imposantes tours au sommet d’une colline gigantesque en forme de volcan, artificiellement exhaussée. Il donna son nom à cette demeure qui fut sa préférée au point qu’il décida d’y faire installer sa tombe. L’Hérodion dominait orgueilleusement et stratégiquement le désert de Judée avec une vue imprenable de tous les côtés. La structure se situe à une petite quinzaine de kilomètres au sud de Jérusalem et à cinq kilomètres au sud-est de Bethléem. Aujourd’hui, ce site archéologique et touristique se trouve dans un secteur palestinien sous contrôle civil et militaire israélien. Le complexe hérodien est géré par l’Autorité israélienne de la nature et des parcs.
L’autorité en question a organisé l’ouverture dimanche 13 décembre au public – dans les restrictions sanitaires actuelles – de certains lieux du palais qui étaient jusqu’à présent fermés. Cela a pu avoir lieu après un travail de conservation et de restauration effectué au cours de ces 14 dernières années.
Les touristes pourront ainsi faire un voyage dans le temps et découvrir le style de vie somptueux d’Hérode. Dimanche, comme l’avait annoncé l’AFP, pour la première fois, des visiteurs ont pu prendre l’escalier monumental, qui a été préservé de manière exceptionnelle. Il mène de la tombe du roi Hérode au hall principal. Les touristes pourront désormais ressentir l’imposante grandeur qu’ont dû avoir les nobles invités d’Hérode, il y a environ 2000 ans. Les escaliers sont surmontés d’arcs de soutien sur trois niveaux. Une fois dans la salle du palais, les curieux pourront voir sur les murs les riches détails décoratifs, luxueux, et très bien conservés dans les caractéristiques du style royal de Judée à l’époque. Peintures murales et fresques aux teintes marrons, rouges, noires et vertes, imitent des panneaux de marbre.
Théâtre, loge royale, et romanité
Les passionnés pourront aussi découvrir le théâtre privé du roi, restauré. Au pied de l’escalier sur le côté nord de la colline-palais, il pouvait accueillir entre 300 et 400 spectateurs. La loge royale dont il était doté, est désormais visitable. Elle a été inaugurée dimanche aussi, avec une présentation multimédia qui permet par exemple aux visiteurs de rencontrer virtuellement l’architecte qui a construit le théâtre.
La loge était l’endroit où seuls les invités les plus importants du roi Hérode étaient autorisés à entrer. Si le théâtre semble petit et intime, il est cependant très richement décoré selon les désirs du maître des lieux plutôt connu pour sa dureté que pour son raffinement. Selon Roi Porat, archéologue de l’Université hébraïque de Jérusalem et responsable des fouilles sur le site, c’est là qu’Hérode accueillit le général romain Marcus Agrippa, le commandant en second de César Auguste, en 15 av. J.-C. D’après lui, nous apprend l’AFP, cette visite de Marcus Agrippa fut « très importante pour Hérode » qui, à cette occasion, avait fait redécorer la loge en y faisant peindre des fenêtres et volets en trompe-l’œil ouvertes sur des fresques qui représentaient la conquête de l’Egypte par Agrippa. Si Hérode suivait généralement la tradition juive dans l’art, il a progressivement adopté des goûts plus romains au fil du temps avec des représentations d’hommes et d’animaux. A fortiori dans son palais favori où « tout était permis », relève Roi Porat. Cette romanité fait dire au chercheur que l’Hérodion a été « une capsule romaine en Judée ». Aujourd’hui, offertes à la visite, ces fresques sont agrémentées et mises en évidence au moyen d’une installation son et lumière.
Les fouilles du palais-forteresse d’Hérode ont été lancées par des moines franciscains du Studium Biblicum Franciscanum à Jérusalem, au début des années 60. En 1972, des archéologues israéliens leur ont succédé, dirigés par le professeur Ehud Netzer. En 2007, ce chercheur qui a fouillé le site pendant plus de 30 ans, s’est illustré en découvrant la tombe d’Hérode, en contrebas des vestiges du palais. Ehud Netzer est décédé il y a 10 ans accidentellement sur les lieux.
Bien que la décision d’Hérode au soir de sa vie d’ensevelir son palais ait pu être motivée par la vanité, ses dernières volontés ont finalement aidé à ce que l’Hérodion subsiste au-delà des attaques du vent, du soleil et de la pluie, du temps qui passe et des guerres qui auraient pu transformer une grande partie de la structure en décombres méconnaissables. Pour les chercheurs d’aujourd’hui, « il s’agit d’un laboratoire architectural sans précédent », souligne Roi Porat à l’AFP, comparant l’état de l’antique forteresse au site de Pompéi, parfaitement conservé grâce aux cendres et la lave du Vésuve.