Le symbolisme de la pierre dans la Bible

Les dix paroles que Dieu confia à Moïse sur le mont Sinaï étaient taillées dans la pierre. La pierre, on le sait, résiste à l’usure du temps. Elle va donc servir de mémoire, de support pour transcrire les grands faits marquants qui ont ponctué l’histoire. Mais la pierre contient aussi une puissance remarquable de feu. C’est en frottant les pierres les unes contre les autres qu’une étincelle de feu jaillit. Implicitement l’auteur du livre de l’Exode suggère que la parole incisée sur la pierre contient un feu venu du ciel : ce feu réchauffe, mais brûle également ce qui est mort.

S’approcher de la Parole de Dieu c’est s’approcher du feu. Le joug des commandements incisés (harout en hébreu) dans la pierre peut devenir supportable car la loi est source de liberté (herout en hébreu). L’épître de saint Jacques parlera de façon paradoxale de la loi de liberté.

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Tout à la fois dépositaires des secrets de l’univers et de l’homme, les pierres libèrent des ondes bénéfiques ou néfastes, suivant les énergies emprisonnées dans leur beauté minérale. D’après le Livre d’Hénoch, un écrit apocalyptique du second siècle avant le Christ, ce furent les anges pécheurs qui révélèrent aux mortels les arts et les sciences occultes. Ils habitèrent avec elles et ils leur enseignèrent la sorcellerie, les enchantements, les propriétés des racines et des arbres, les signes magiques, l’art d’observer les étoiles et l’art d’employer les pierres précieuses et toutes sortes de teintures, de sorte que le monde soit corrompu.

Pierres vives

La pierre est aussi le matériau solide de la construction, celle avec laquelle on construit des temples pour rendre hommage à Dieu. Les pierres figurent les premiers temples, où résident les dieux. Les bétyles, ou pierres sacrées en honneur chez les Sémites dont le nom signifiait “la Demeure des dieux” – terme que l’on pourrait traduire par “La Maison du Seigneur” – furent partout présents dans l’Antiquité.

Basilique de l’Agonie. À Gethsémani les franciscains ont laissé nue la pierre qui a été témoin de l’angoisse
de Jésus la nuit où il fut livré ©Giovanni Malaspina/CTS

Étymologiquement, le terme “bétyle”, est semblable à “bethel”, formé d’abord par “bet”, dont dérive sans doute beith, la deuxième lettre de l’alphabet hébraïque, que l’on peut traduire ici tout simplement par “la maison”, et ensuite par El, “divinité” sémitique. Jacob lorsqu’il eut sa vision de l’échelle qui montait au ciel, s’écrie : “C’est ici la maison de Dieu” Gn 28, 17. La pierre gardera son pouvoir sacré aux yeux des chrétiens. La Jérusalem céleste tout ornée de pierres précieuses donne un avant-goût de la beauté céleste – Ap 21, 9-21. La pierre angulaire des Évangiles symbolise le Christ qui soutient tout l’édifice de l’Église.

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Un détail mérite d’être relevé. L’autel des sanctuaires devait être construit avec des pierres vives. Pour tailler des pierres il faut se servir du fer, symbole de mort. Au contraire, sur l’autel c’est la bénédiction qui est vie qui devait descendre. C’est pourquoi Josué et Élie choisirent des pierres vives pour construire leurs autels. Dieu peut ainsi être désigné comme le rocher d’Israël. L’image ne choque personne et signifie
la solidité et la confiance qu’il faut mettre en lui.

Les pierres savent se taire et se tenir

Avec les os et les bois, la pierre est certainement la plus importante matière première naturelle pour la fabrication d’armes, de systèmes de défense, d’objets d’arts et de culte, matière à laquelle vient encore s’ajouter le métal, qui est fabriqué par l’homme. Caïn prit une pierre pour tuer son frère Abel selon la tradition juive ; David, pour tuer le géant Goliath, prit cinq cailloux. Et c’est avec une seule pierre qu’il tua le géant. Un symbole vaut donc dix-mille mots.

Les pierres parlent si on leur confie les secrets les plus essentiels à notre connaissance du monde. Elles ne se livrent pas au premier venu. Elles savent se taire et se tenir. La pierre de Rosette a gardé son secret pendant deux millénaires. La pierre du Calvaire aussi : elle a su rappeler aux pèlerins que la pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre angulaire.

À l’entrée de la basilique du Saint-Sépulcre, la pierre de l’onction où l’on commémore les gestes de la préparation du corps du Christ avant sa sépulture ©Zack Wajsgras/Flash90

Dans l’histoire humaine la pierre est souvent associée à un événement qui a marqué l’humanité : les mégalithes, alignés dans la direction du lever du soleil aux solstices, les météorites, “pierres tombées du ciel”, dont on s’est demandé si elles n’étaient pas messagères des dieux. Pour les chrétiens, la pierre de l’onction où le corps du Sauveur fut lavé avant d’être introduit dans une grotte, évoque la Passion du Fils de l’homme ; la roche de Gethsémani évoque la sueur de sang du Messie.

Quant au rocher du mont Moriah il permet de méditer le texte d’Isaïe 51, 1 : “Écoutez-moi, vous qui poursuivez la justice, qui cherchez l’Éternel. Portez les regards sur le rocher d’où vous avez été taillés, sur le creux de la fosse d’où vous avez été tirés. Portez les regards sur Abraham votre père, et sur Sara qui vous a enfantés ; car il était seul quand je l’ai appelé, je l’ai béni et multiplié“. Si Abraham et Sara symbolisent la foi du peuple juif, Simon Pierre deviendra le modèle de la foi des chrétiens.

Dernière mise à jour: 08/03/2024 15:20