Produites il y a 1 700 ans, ces lampes à huile ont été mises au jour la première fois dans une citerne à eau, en 1934. L’emplacement de la citerne, rebouchée après les fouilles, est resté un mystère… Jusqu’à aujourd’hui.
Un des ateliers de lampes à huile les plus importants d’Israël a été mis au jour à Beit Shemesh, une ville située à l’ouest de Jérusalem, par les équipes de l’Autorité israélienne des antiquités, annonce celle-ci dans un communiqué rendu public ce lundi 14 décembre. Des lampes à huile en céramique ont été découvertes par centaines, ainsi que des moules en pierre et des figurines en terre cuite. Ces objets auraient entre 1600 et 1700 ans.
Si les archéologues se sont réjouis de la qualité et la quantité d’objets retrouvés, la vraie surprise vient de la résolution d’un mystère archéologique vieux de 90 ans.
En 1934, l’archéologue Dimitri Baramki, inspecteur pour le Département des Antiquités pendant le mandat britannique, découvre, une citerne d’eau dans la région de Beit Shemesh. Lors de l’excavation, il tombe sur un « trésor » : des lampes à huile, en quantité impressionantes, intactes et gravées de motifs animaux, végétaux et de dessins géométriques.
Datées du IIIe-IVe siècle avant J.-C, ces lampes sont devenues des emblèmes archéologiques, connus sous le nom de « lampes Beit Nattif ». Suite aux fouilles, la citerne a été rebouchée et son emplacement est resté un mystère, malgré tous les efforts faits pour la relocaliser. Jusqu’à aujourd’hui.
Preuve de l’histoire archéologique
Réalisées en amont d’un programme de construction, comme toujours en Israël, les fouilles ont conduit à l’excavation d’une zone en bordure des vestiges antiques de Khirbet Beit Nattif. « Nous avons découvert une citerne à eau identique à beaucoup d’autres dans la région. À notre grande surprise, les fouilles à côté de la citerne ont remonté des quantités massives de lampes à huile », expliquent les directeurs des fouilles Moran Balila, Itai Aviv, Nicolas Benenstein et Omer Shalev dans le communiqué.
Les archéologues ont identifié la citerne de Baramki, restée intacte, à partir de photos figurant dans une de ses publications. Autres indices : la découverte de paniers en cuir utilisés pour évacuer la terre, et une boîte en métal vide. « La citerne à lampe à huile Beit Nattif a été ramenée à la vie ! », se réjouissent les archéologues. Nous sommes extrêmement enthousiastes, car il ne s’agit pas seulement d’une découverte archéologique importante, mais aussi d’une preuve tangible de l’histoire archéologique. »
Beit Nattif, était, à l’époque du Second Temple, un centre administratif d’ampleur régionale, relate l’historiographe Josèphe dans ses écrits (37-100 après. J.-C). « Les figurines et les motifs qui décorent les lampes de Beit Nattif racontent l’histoire des collines de Judée dans la période qui a suivi la révolte de Bar Kokhba », explique Benyamin Storchan de l’Autorité des antiquités d’Israël, expert des lampes Beit Nattif. Cette guerre, qui a opposé les juifs de la région à l’Empire romain en 132-135, s’est soldée par la défaite des Judéens et la prise de contrôle de la région par les romains.
Début du christianisme
Certaines lampes à huile, ornées de symboles typiquement juifs, comme le « shofar », un brûleur d’encens, mais aussi des « menorah » ramifiés (des chandeliers à 7 branches), témoignent de la pérennité de la vie juive dans les collines de Judée, malgré l’échec de la rébellion.
Cette période est également celle des débuts du christianisme. Certaines des lampes à huile Beit Nattif ont pour motifs des poissons, l’un des symboles de cette religion émergente. « La grande variété de lampes et de figurines prouve donc que la population locale se composait de païens, de chrétiens et de juifs », expose Benyamin Storchan.
Alors que les réjouissances d’Hanoukka, la fête de la lumière, battent leur plein en Israël, les archéologues y voient une « merveilleuse occasion de parler au public de la récupération de ces lampes à huile, qui était la principale méthode d’éclairage dans les temps anciens. » Compte tenu de l’importance de la découverte et de son emplacement, l’Autorité israélienne des antiquités et le ministère de la Construction et du Logement prévoient de préserver le site en l’intégrant dans un grand parc qui sera ouvert au public.