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Teta’s Kitchen : la Palestine racontée par ses recettes de grand-mère

Cécile Lemoine
2 décembre 2020
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Fadi Kattan en plein marché, 24 avril 2019. Photo issue du compte Facebook du chef cuisinier

Dans Teta's Kitchen, la dernière série de l’Institut palestinien de diplomatie publique, le chef Fadi de Bethléem part à la rencontre des « tetas », ces grands-mères palestiniennes gardiennes des traditions culinaires du pays. Une immersion pleine de saveurs dans les réalités culturelles et politiques de la Palestine. 


Le chef Fadi renverse les feuilles de vignes et les courgettes farcies fumantes, dont la cuisson vient de prendre fin, sur un grand plateau en métal. Teta (grand-mère) Laurette hoche la tête. Même sans les odeurs, on sait qu’ils vont se régaler. Ce plat est la spécialité de Bethléem, première étape d’un voyage qui en comptera dix et qu’on pourra suivre depuis la chaîne YouTube de Rābet by PIPD (Institut palestinien de diplomatie publique)

L’organisme cherche à promouvoir une image et un récit différent de la Palestine. «Notre mission est d’élever les voix palestiniennes ignorées pendant si longtemps et d’humaniser notre lutte pour la liberté et les droits à travers le langage universel de la nourriture et des histoires personnelles », indique Salem Barahmeh, directeur exécutif de Rābet by PIPD, dans un communiqué.

Gardiennes de la tradition

Teta’s Kitchen, c’est l’histoire d’un voyage à travers la Palestine, à la découverte des recettes traditionnelles et de celles qui les maîtrisent le mieux : les « tetas ». Chaque épisode mettra à l’honneur le plat emblématique d’une région comme le maqluba (riz renversé aux aubergines) ou le molokhiye, mais aussi des incontournables de chaque saison : récoltes d’olives, de dattes, brassage de la bière locale….

Le personnage principal ? Le bouillonnant Fadi Kattan, chef franco-palestinien et voix de la cuisine palestinienne moderne dont le restaurant Fawda, situé à Bethléem, est encensé par les critiques. Fervent défenseur de son terroir, le concept de la série est pour lui un retour aux sources : « Dans la cuisine palestinienne, il n’y a pas de guide écrit. La transmission se fait grâce à nos grands-mères. Ce sont elles les gardiennes de la tradition et de la perpétuité des recettes », défend-il dans un français parfait.

Et chacune a ses petits secrets. « Elles n’utilisent pas de planche à découper, mais leurs mains, illustre Fadi Kattan qui rit encore à l’évocation de ce souvenir. J’ai appris des choses dont je m’inspire maintenant pour mes recettes. »

Appropriation culturelle

Avec le temps, les traditions se perdent. Les recettes aussi. « Avant, les femmes passaient beaucoup de temps à cuisiner, c’était quelque chose qui se faisait en communauté. C’est beaucoup moins le cas de nos jours », souligne le cuisinier. Les recettes à l’honneur chaque semaine seront publiées après diffusion de l’épisode.

La série, par le fait qu’elle célèbre la culture culinaire palestinienne, porte un message politique. « C’est un moyen pour nous de préserver notre culture malgré les tentatives d’appropriation culturelle », explique le chef Fadi.

Il place le débat au-delà de la traditionnelle guerre entourant l’origine du houmous et des falafels : « Ce qui me dérange, c’est la manie qu’ont certains cuisiniers israéliens de ne pas mentionner la provenance de certains produits typiquement palestiniens ou alors de carrément se les approprier. C’est le cas avec la graine frik, un blé vert très utilisé dans la cuisine orientale. »

L’épisode 1 de Tetas’Kitchen est disponible sur YouTube, en anglais et arabe. Les prochains paraîtront chaque jeudi à 17h.

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