Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Zoom sur un petit souvenir de Bethléem d’il y a 1400 ans

Christophe Lafontaine
30 décembre 2020
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Dessin actualisé du jeton de pèlerinage par Michael Smelansky (Autorisation : Musée d’Israël, Jérusalem)

Le Musée d’Israël à Jérusalem a dévoilé un petit souvenir de l’époque byzantine qui représente la naissance de Jésus et l’intérieur de l’église de la Nativité d’alors. L’objet aurait appartenu à un pèlerin de Bethléem.


Jeton de pèlerinage représentant la Nativité (voir croquis sur la page suivante), VIe-VIIe siècle ap.J.-C. Legs de Dan Barag © Eli Posner / Musée d’Israël, Jérusalem

C’est un objet de la forme d’un petit jeton qui a attiré l’œil de Morag Wilhelm. Conservatrice adjointe de l’archéologie hellénistique, romaine et byzantine au musée d’Israël à Jérusalem, elle l’a repéré dans une collection léguée au musée, par l’archéologue israélien Dan Barag. Un professeur de l’université hébraïque de Jérusalem décédé en 2009, qui fut spécialiste d’archéologie byzantine classique.

L’artefact a à peu près la taille d’une pièce moderne de 10 Agorot. L’agora étant une sous-unité monétaire en Israël, où 100 agorot équivalent à un shekel.

Le jeton représente l’enfant Jésus dans un berceau, placé entre un taureau/bœuf et un âne. Sans la présence de Marie et Joseph, ce qui rend l’objet rare. On peut voir deux piliers soutenant une arche avec une grande lampe à huile suspendue au-dessus. Les personnages apparaissent à l’intérieur de cette structure architecturale qui évoque « probablement la grotte, dans l’église de la Nativité », indique le communiqué du musée d’Israël, en date du 24 décembre.

La représentation de la naissance de Jésus actualisée dans l’Eglise de la Nativité – « une combinaison unique » selon le communiqué -, indique que le jeton était vraisemblablement un souvenir appartenant à un pèlerin suite à sa visite sur le lieu saint de Bethléem. Et étant donné le style architectural de l’église de la Nativité représentée, l’objet aurait appartenu à un individu du VIe ou VIIe siècle ap. J.-C., énonce le communiqué.

Plus qu’un souvenir

Il était courant à l’époque, selon la conservatrice adjointe de l’archéologie byzantine au musée d’Israël à Jérusalem, que les pèlerins venus en Terre Sainte rapportent chez eux des petites pièces-souvenirs, objets de dévotion privée, sur lesquels étaient gravées des scènes de la vie de Jésus qui se déroulaient sur un site particulier. Rappelant notamment sa naissance à Bethléem, son baptême dans le Jourdain et sa crucifixion à Jérusalem. On appelait cela des eulogies, qui signifient en grec des artefacts ayant fait l’objet d’une bénédiction. Le plus souvent, on retrouve sous ce terme des ampoules de terre cuite, qui étaient des petits réceptacles d’eau du Jourdain ou d’huiles saintes par exemple.

Fabriqués à partir de la terre prélevée des lieux saints, les jetons de pèlerinage, en plus de la valeur du souvenir du voyage en Terre Sainte, devaient assurer au pèlerin la chance et le salut, et portaient des vertus prophylactiques et de guérison. De fait, « des marques de grattage sur leurs bords souples témoignent de cette utilisation : la poussière grattée était mélangée à un liquide, puis ingérée comme médicament », indique le communiqué du Musée d’Israël.

Morag Wilhelm a récemment conclu ses études sur ce jeton de pèlerinage, « bien que la pièce ne soit pas exposée pour l’instant », a fait savoir le Times of Israel. Quand ce sera le cas, l’artéfact se retrouvera au milieu de bagues, de fioles à huile, de pendentifs et de petites croix dans la partie « collections des Pèlerinages » au musée d’Israël, a indiqué pour sa part la chaîne de télévision évangélique CBN News.

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