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Syrie : un appel lancé à Biden, les Eglises d’Orient en sont

Christophe Lafontaine
25 janvier 2021
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Members of the Syrian Civil defence sanitizes a camp for displaced Syrian families who fled their homes as part of protective measures against the coronavirus, in Syria's northwestern Idlib province on March 29, 2020. Photo by Ali Syria/Flash90

Une centaine de responsables religieux, politiques, et humanitaires exhortent le 46e président des Etats-Unis à lever les sanctions contre la Syrie. A l’heure d’une « catastrophe humanitaire sans précédent ».


« Nous vous demandons instamment, Monsieur le Président, d’aider les Syriens à atténuer la crise humanitaire qui menace de déclencher une nouvelle vague d’instabilité au Moyen-Orient ».  C’est, en résumé, le contenu de la lettre-appel adressée à Joe Biden, au lendemain de son investiture officielle à la Maison Blanche. Texte signé notamment par plusieurs représentants d’Eglises orientales. Parmi lesquels, le Patriarche de l’Eglise catholique syriaque Ignace Youssef III Younan, le Patriarche de l’Eglise grecque-catholique melkite Youssef Absi, le Patriarche syro-orthodoxe Ignace Ephrem II Karim, et le Secrétaire général du Conseil des Eglises du Proche-Orient (MECC), Michel Abs.

Daté du 21 janvier dernier, le document a aussi recueilli la griffe de près d’une centaine d’autres personnalités du monde politique, diplomatique et humanitaire, essentiellement européennes et du Proche-Orient.

En clair, après avoir félicité Joe Biden, les signataires l’ont appelé à œuvrer à la levée des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis contre le régime de Bachar al-Assad, accusé des pires exactions dans le conflit qui déchire la Syrie depuis 2011, alors que Damas cherche à lancer la reconstruction du pays. Des sanctions qui écrasent le peuple syrien, déjà largement éprouvé par la crise sanitaire et 10 ans de guerre ayant fait près de 400 000 morts et plusieurs millions de déplacés.
Dissuasion sur les entreprises étrangères

La lettre du 21 janvier adressée à l’hôte de la Maison Blanche, s’appuie sur les travaux d’Alena Douhan, le Rapporteur spécial des Nations unies sur les mesures coercitives unilatérales et leur impact négatif sur la jouissance des droits de l’Homme, publié le 29 décembre 2020 à Genève.

Dans son rapport, elle avait appelé les Etats-Unis à « lever leur réseau complexe de sanctions économiques qui nuisent gravement au peuple syrien ». Elle avait à ce titre dénoncé l’arbitraire de ces mesures en déclarant que : « la violence et le conflit ont terriblement affecté la capacité du peuple syrien à jouir de ses droits fondamentaux, détruisant massivement les maisons, les unités médicales et d’autres installations ». Exacerbant la situation humanitaire déjà désastreuse en Syrie, en particulier à l’heure de la pandémie du nouveau coronavirus. Et ce, « en bloquant l’aide, le commerce et les investissements nécessaires au fonctionnement du système de santé et de l’économie syriennes », déplorent les signataires de la lettre du 21 janvier.

De fait, le 17 juin dernier, les Etats-Unis ont lancé, dans le cadre du Caesar Syria Civilian Protection Act, un arsenal de nouvelles restrictions sur la Syrie, visant spécialement les entreprises étrangères et les agences humanitaires en les dissuadant de participer avec le gouvernement du président Bachar al-Assad à la reconstruction de la Syrie.

« Les intérêts nationaux légitimes des Etats-Unis peuvent être défendus sans pour autant punir collectivement le peuple syrien », concluent les signataires de la lettre. A cette fin, ils attendent de la part de Joe Biden une « réponse urgente ».

Famine
Dénoncées ainsi comme une « forme de punition collective » qui touche tout le peuple syrien, ces mesures « précipitent le pays dans une catastrophe humanitaire sans précédent », insistent-ils. En rappelant d’une part que la Syrie était considérée il y a encore 10 ans comme le grenier à blé de la région. Et en alertant d’autre part sur le fait qu’aujourd’hui le pays est « au bord non seulement de la faim, mais de la famine », comme l’a averti le Directeur du Programme alimentaire mondial (PAM). En mai, l’agence onusienne avait annoncé que 9,3 millions de personnes en Syrie (soit près de la moitié de la population du pays) ne mangeaient pas à leur faim.

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