Après des années d’oubli, deux sarcophages en pierre vieux de 1800 ans ont été redécouverts à Ramat Gan près de Tel Aviv. Richement ornés, ils sont une imitation locale des célèbres sarcophages en marbre du Proconnèse.
Cela peut paraître incroyable mais c’est pourtant vrai : ils ont été oubliés après leur découverte « il y a des années », indique un communiqué de presse de l’Autorité israéliennes des Antiquités (AAI), publié ce jour. Haaretz parle d’un oubli dans les mémoires, de 25 ans.
Deux sarcophages de pierre viennent en effet seulement d’être redécouverts. Et ce, à la faveur de travaux d’agrandissement du parc safari de Ramat Gan, dans le district israélien de Tel Aviv avec la construction d’une nouvelle aile de la clinique vétérinaire du plus grand zoo d’Israël.
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Ce sont les « anciens » du parc qui se sont souvenus de leur existence – ils avaient été sortis de terre la première fois dans la zone du parking du zoo et déplacés près d’un bâtiment administratif – quand la semaine dernière des ouvriers les ont extraits du sol lors des travaux de terrassement. Le sable et la végétation avaient fait leur œuvre. Mais cette fois-ci, il y a deux jours, les sarcophages ont été transférés aux dépôts des trésors nationaux israéliens. On ne les oubliera plus !
Pour l’heure, on ignore s’il y a des corps et objets funéraires à l’intérieur, a signalé Haaretz mais le quotidien israélien annonce que des analyses vont être effectuées.
Production locale et inspiration de la mode de l’époque
Les archéologues estiment que leur confection remonte à 1800 ans, c’est-à-dire à l’époque romaine. Les sarcophages sont en pierre locale, rosée, probablement issue des collines de Judée ou de Samarie. Pour les chercheurs, ces antiques cercueils de pierre sont « des imitations locales des prestigieux sarcophages en marbre du Proconnèse. » Il s’agissait d’une variété de marbre blanc tacheté ou veiné de bleu parmi les plus utilisée dans l’Empire romain. Le Proconnèse est l’autre nom de l’île de Marmara, en Turquie actuelle, la plus grande île de la mer de Marmara. Le nom moderne « Marmara » est dérivé du grec mármaros – roche cristalline, ou pierre brillante. Les sarcophages qui y étaient produits s’exportaient dans l’ensemble du monde romain.
Une décoration symbolique et florale
Avec « leur décoration ornée », les deux sarcophages de Ramat Gan étaient destinés à des « personnes de haut rang », de « riches propriétaires », affirme l’AAI. D’après les informations d’Haaretz, ils mesuraient environ deux mètres de longueur et un demi-mètre de largeur pour accueillir un corps entier contrairement aux urnes funéraires qui, elles, étaient utilisées pour accueillir les os après la décomposition des corps.
Et puisque les deux « copies » ont été trouvées ensemble, les archéologues suggèrent qu’ils peuvent avoir été réalisés pour un homme et son épouse, ou pour des membres d’une même famille. Pour renforcer cette supposition, les chercheurs font remarquer que leur décoration est identique. Des disques symboliques sont sculptés sur les parois et avaient pour vocation de « protéger et accompagner l’âme dans son voyage vers l’au-delà. »
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On peut y voir aussi d’épaisses guirlandes de fleurs. Motifs souvent utilisés pour décorer les sarcophages aux périodes hellénistique et romaine, soulignent les chercheurs. Ces derniers font également remarquer l’existence d’« espaces ovales vides », qui, étaient à l’origine destinées à être remplies de grappe de raisins ciselées dans la pierre. Une fioriture habituelle. Mais pour une raison inconnue, l’œuvre est resté inachevée.
Cette décoration fait remarquer Haaretz était typique pour l’ « enterrement païen des Romains ». On ignore si la paire de sarcophages redécouverte faisait partie d’un cimetière ou était placée dans un mausolée à part. Cette dernière version étant la plus plausible selon les archéologues interrogés par Haaretz. Leur provenance n’est pas non plus déterminée. Toutefois, d’après l’AAI, ils ont probablement été enterrés non loin du zoo actuel, sans doute à Bnei Brak.
Le site est connu pour avoir été l’endroit où Rabbi Aquiba (Ier– IIe siècle) a établi sa propre académie et son tribunal. Il est considéré comme l’un des fondateurs du judaïsme rabbinique, qui est né et s’est développé après la destruction du Second Temple de Jérusalem en 70 ap. J.-C. et qui s’est structuré du IIe au VIe siècle ap. J.-C. Cependant, soutient Haaretz, « bien que la ville la plus proche à l’époque était l’ancienne Bnei Brak – ville juive alors sous domination romaine, la sépulture n’était pas juive ».