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Israël face à la plus grosse marée noire de son histoire

Cécile Lemoine
25 février 2021
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Dimanche dernier, une marée noire dont l’origine est encore inconnue a contaminé la quasi intégralité du littoral israélien. Le nettoyage pourrait prendre des mois.


C’est l’échouage d’un bébé rorqual de 17 mètres de long sur une plage israélienne jeudi dernier qui a sonné l’alerte : lors de son autopsie, les vétérinaires ont trouvé du mazout dans les poumons de l’animal. Le goudron a fini par gagner les plages durant le week-end, sous forme de petites boulettes qui se sont agglomérées au sable et accrochées aux rochers. 

Au total, 160 des 195  kilomètres de côtes ont été contaminées par la marée noire. Face à ce que des experts, cités par le quotidien Times of Israel, appellent la plus « grosse catastrophe environnementale que le pays n’ait jamais connu », les autorités ont été contraintes de fermer toutes les plages de Ashkelon à Rosh Hanikra au nord, à la frontière avec le Liban, qui a aussi été touché, jusqu’à nouvel ordre.

Des milliers de volontaires, militaires et civils ont été mobilisés le week-end dernier pour nettoyer les plages à la main. Un travail long et méticuleux qui exige de ramasser les boulettes de mazout une à une. Quelques-uns ont posté des images déchirantes de bébés tortues de mer noircies par le liquide collant. Mardi, le gouvernement a approuvé 45 millions de shekels (11,8 millions d’euros) pour une opération de nettoyage qui pourrait s’étaler sur plusieurs mois.

Origine et importance des dégâts encore inconnues

À ce jour, personne n’a pu déterminer la date exacte de la marée noire, son origine et l’importance des dégâts sur les écosystèmes marins du littoral. Une enquête est en cours, mais elle reste sous embargo au moins jusqu’au 1er mars, à la suite d’une étonnante décision du tribunal de Haïfa qui a publié une « obligation de silence ». Une décision d’habitude réservée aux questions qui touchent à la sécurité nationale.  Le fait de « publier à ce stade sensible [des détails concernant le navire responsable de la marée noire] pourrait mettre en danger une enquête complexe aux ramifications internationales », a justifié le ministère de Protection environnementale auprès du journal Haaretz.

Le ministère de la Protection de l’environnement a obtenu des images satellites, datées du 11 février (soit dix jours avant les premiers signes de marée noire), d’une tache noire suspecte à la surface de la mer à environ 50 kilomètres au large d’Israël. La tempête qui a sévi au Proche-Orient la semaine dernière, a certainement contribué à diffuser cette pollution.

D’autres images montrent que dix navires se trouvaient dans la région à ce moment là. D’après la chaîne de télévision israélienne Kan, c’est un pétrolier naviguant sous pavillon grec, le « Minerva Helen », qui serait responsable de cette marée noire. La société grecque propriétaire du navire a nié toute implication dans cette affaire ainsi que dans un autre incident au large de Copenhague en 2008 dans lequel elle est aussi soupçonnée.

Le « dégazage », une pratique interdite en Méditerranée

Plus de 80 % des marées noires enregistrées depuis 1970 sont «petites» (moins de 7 tonnes), selon un comptage réalisé par la Fédération internationale de la pollution des propriétaires de pétroliers (ITOPF). Elles sont souvent le résultat de rejets volontaires d’hydrocarbures en mer par des navires, souvent qualifiés de «dégazages» ou de «déballastages». 

« Tous ces rejets ne sont pas illégaux, rappelle le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux. S’il est interdit de se débarrasser des boues de fond de cuve ou des huiles usagées, il est permis de déverser les eaux huileuses de fond de cale au large, tant que leur concentration en hydrocarbures ne dépasse pas une limite donnée » Le déversement devient illicite, quelle que soit sa concentration, s’il intervient dans une zone maritime protégée par des réglementations nationales et internationales. La Méditerranée en fait partie. 

Pour le moment, les autorités n’ont fourni aucune indication quant à la réouverture des plages. Par précaution, le gouvernement a aussi interdit la vente de tous les fruits de mer et poissons pêchés en mer Méditerranée.

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