C’est « la première du genre ». Une étude, intitulée « Cartographie des organisations chrétiennes en Palestine : contribution et impacts sur la communauté palestinienne locale en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est », serait « la plus complète à ce jour ». C’est ce qu’annoncent dans un communiqué ses commanditaires : Dar al-Kalima, un collège universitaire à Bethléem consacré aux études sur l’art et la culture et la Catholic Near East Welfare Association (Cnewa/Pontifical Mission in Jerusalem). Pour ces deux acteurs, « elle servira de base pour les stratégies futures et ouvrira la voie à toute étude future pertinente. »
Menée durant cinq mois, elle démontre qu’« un grand nombre d’organisations liées à l’Eglise continue à jouer un rôle majeur en matière de développement et d’aide humanitaire au service du peuple palestinien dans son ensemble ». Et ce « malgré les défis socio-économiques et politiques chroniques », a rapporté l’agence Wafa après qu’une conférence de presse sur l’étude a été tenue en ligne mardi 16 mars.
90% des bénéficiaires ne sont pas chrétiens
Les résultats portent sur 296 institutions opérant en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est. Dans le détail, ce sont 93 écoles, universités et centres professionnels, 19 établissements de soins de santé, 47 institutions de protection sociale, 77 centres culturels et touristiques, 38 centres pour les jeunes et groupes de scouts, un centre environnemental et 21 agences de développement (locales et internationales). Toutes « offrent une variété de services à des centaines de milliers de Palestiniens dans le cadre de son identité et de sa culture chrétiennes », ont précisé Dar al-Kalima et la Cnewa, dans leur communiqué.
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Les conclusions indiquent que les organisations liées à l’Eglise ont « un impact crucial sur la société palestinienne locale dans tous les secteurs ». Elles ont fourni des services à environ 37% de la population palestinienne. Et ce, quelles que soient les affiliations politiques et religieuses. De fait, 90% de leurs bénéficiaires ne sont pas chrétiens. L’étude a également démontré que les services des organisations chrétiennes de développement et de secours améliorent la qualité de vie de plus de 1,9 million de Palestiniens chaque année. Sur une population de 5 101 152 millions d’habitants, d’après les chiffres du Bureau central des statistiques palestinien pour l’année 2020.
Pour ce faire, les organisations liées à l’Eglise affectent un montant de 416 millions de dollars par an dans des secteurs vitaux tels que les soins de santé, l’éducation, les services sociaux, la formation professionnelle et les interventions d’aide au développement.
Troisième employeur du peuple palestinien
L’étude révèle qu’au regard de ces chiffres, les quelque 296 institutions chrétiennes précitées emploient 9 098 personnes. 5 017 sont chrétiens et 4 081 sont musulmans. Ce qui fait des organisations liées à l’Eglise « les troisièmes plus grands employeurs du peuple palestinien après l’Autorité palestinienne (AP) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). »
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Mitri Al-Raheb, pasteur protestant et président-fondateur de Dar Al-Kalima, insiste quant à lui sur le fait que « malgré la baisse du nombre de chrétiens (…), le rôle des églises et des institutions ecclésiastiques est encore clairement visible (…). Les Palestiniens chrétiens, même s’ils ne sont pas nombreux, jouent à travers leurs institutions un rôle indispensable, ils font partie du tissu palestinien. »
Samer Salameh, sous-secrétaire du ministère palestinien du Travail, cité dans le communiqué, salue « le grand rôle » joué par les institutions ecclésiastiques chrétiennes en Palestine. « Ce rôle est une affirmation de l’enracinement et de l’incarnation de ces Eglises dans la société palestinienne et de leur contribution effective à la construction de la patrie », a-t-il ajouté. Précisant vouloir « faciliter le travail de ces institutions et les soutenir. »
De son côté, Joseph Hazboun, le Directeur régional de la Mission pontificale à Jérusalem, a fait remarquer que cette étude constitue « une incitation importante qui pousse la Mission Pontificale à Jérusalem à poursuivre son travail dans ce domaine, tout en se concentrant sur le secteur de la jeunesse qui est un secteur vital ayant besoin de soins plus étudiés. »