En raison de son « statut spirituel, culturel, historique, et civilisationnel », Bethléem a été désignée pour l’année 2020 « Capitale culturelle » du monde arabe. Succédant à la ville de Port-Soudan au Soudan en 2019 et précédant d’une année, Irbid en Jordanie. A cause de la pandémie de coronavirus, toutefois, tous les événements prévus dans la ville de la naissance de Jésus, ont été décalés à 2021.
Ces nominations interviennent dans le cadre du Programme des capitales culturelles de l’Unesco. Lancée en 1996, la capitale de la culture arabe est une initiative de la Ligue Arabe dont l’objectif est de célébrer et de promouvoir la culture arabe ainsi que d’encourager la coopération des pays arabes dans le domaine culturel.
Avec une population d’environ 30 000 habitants, Bethléem, en Cisjordanie occupée, est « le centre de la culture et du tourisme en Palestine, car elle est identifiée par la tradition chrétienne comme le lieu de naissance de Jésus », indique le site de la ville, aujourd’hui majoritairement musulmane. Pour mémoire, la basilique de la Nativité, est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2012. « Le site comprend également des églises et des couvents grecs, latins, orthodoxes, franciscains et arméniens ainsi que des clochers, des jardins en terrasses et une route de pèlerinage », précise l’organisme international sur son portail institutionnel.
« Souligner l’authenticité de l’identité culturelle palestinienne »
C’est donc le 10 avril dernier que, finalement, la municipalité de Bethléem, en partenariat avec le ministère de la Culture, a ouvert cette année de célébration. Auprès de Reuters, Buthaina Hamdan, la porte-parole du ministère palestinien de la Culture, a précisé que les organisateurs étaient aujourd’hui limités au lancement d’événements à la télévision en raison de la pandémie. Quoi qu’il en soit, « les événements seront liés à la production culturelle » – musique, cinéma, danse, cuisine, artisanat, débat, etc. -, mais aussi « aux travaux sur l’infrastructure culturelle de Bethléem et du reste des villes palestiniennes. »
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Pour l’occasion, dans un discours diffusé à la télévision, le président de l’Autorité palestinienne, s’est réjoui de lancer officiellement l’événement. « Choisir Bethléem pour être la capitale de la culture arabe vient souligner l’authenticité de l’identité culturelle palestinienne, qui est le message de la Palestine à sa profondeur arabe à la lumière de tous les défis qui affligent la région arabe », a-t-il déclaré, rapporte Reuters. « Par cette célébration nous livrons un message de joie et de paix au monde entier », a-t-il aussi soutenu, a fait savoir l’agence de presse palestinienne Wafa. Et ce, a-t-il expliqué, « malgré les souffrances et l’injustice de l’occupation israélienne contre notre terre et nos lieux saints chrétiens et musulmans. » Le président Abbas en a profité pour réaffirmer poursuivre avec le peuple palestinien la lutte pour parvenir à la justice, à la dignité, à la liberté et à un Etat indépendant.
Appel au secteur privé pour investir dans la culture
L’allocution présidentielle a signé le début de la soirée inaugurale diffusée depuis la place de la mangeoire, devant l’’église de la Nativité. Un spectacle dansant diffusé à la télévision en a marqué la fin. Entre les deux, s’est tenue une table-ronde en présentiel, entrecoupée d’interventions en distanciel, notamment celle du directeur général de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et la science. A Bethléem étaient réunis in situ, le ministre palestinien de la Culture, la ministre palestinienne du Tourisme, et le maire de Bethléem.
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Ce dernier, Anton Salman, a déclaré que la désignation de Bethléem comme capitale culturelle arabe mettait en évidence que la société palestinienne était « pleine d’intellectuels et d’œuvres culturelles ». Poursuivant : « montrer notre culture est la consolidation de l’identité palestinienne sur la terre de Palestine, et le secteur privé doit investir dans des événements culturels en se concentrant sur eux ». Rola Maayah, la ministre du Tourisme n’a pas manqué, quant à elle, de rappeler combien le secteur du tourisme avait été fortement touché par la pandémie, en particulier à Bethléem. Ne cachant pas l’espoir de mener des activités touristiques pour soutenir la ville.