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Ce que dit la 3D au sujet des croix gravées au Saint-Sépulcre

Christophe Lafontaine
1 avril 2021
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Croix gravées sur les murs de l'escalier menant à la chapelle de Sainte-Hélène, dans l'église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem © Nati Shohat/FLASH90

Grâce à l’imagerie tridimensionnelle, des chercheurs confirment que les milliers de croix gravées sur les murs de la chapelle Sainte-Hélène au Saint-Sépulcre ne sont pas l’œuvre de pèlerins. Mais de maçons professionnels.


Il n’y a pas réellement de scoop. Mais une étude vient attester, à l’aide des techniques d’imagerie 3D, ce qui est su de longue date…

Qui s’est rendu en pèlerinage au Saint-Sépulcre à Jérusalem, a sans doute ressenti parmi ses émotions, celle de mettre ses pas derrière ceux d’une multitude de pèlerins. Notamment en empruntant les marches qui descendent vers la chapelle de Sainte-Hélène (XIIe siècle), sous laquelle se trouve la grotte de l’Invention de la Croix. L’endroit où sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, aurait trouvé en 325 la vraie Croix du Christ.

Sur le long des parois de l’escalier qui mène à la chapelle de l’Invention de la Croix, le pèlerin est en effet frappé de voir défiler des milliers de croix serrées et creusées distinctement dans la pierre cendrée de noir par le temps et ses vicissitudes, par la fumée des bougies et de l’encens.

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Et parce que longtemps, on crut que ces croix étaient le souvenir « incrusté » du passage des pèlerins du Moyen-Age, notamment de l’époque croisée, l’expérience pouvait être assurément sinon intimidante du moins émouvante. Cependant, le lien inter-séculaire entre les pèlerins des différentes époques serait quelque peu moins direct.

Seulement une poignée d’artistes

De fait, la similitude et la précision d’un très grand nombre de croix : même taille, même profondeur dans la pierre, même style ont laissé penser qu’il s’agissait d’un système plus « organisé ».

Car en réalité, il est fortement plus probable que nombre de pèlerins ne gravaient pas eux-mêmes directement sur les murs mais passaient commande auprès de finalement seulement quelques artistes qui étaient payés pour sculpter une croix en leurs noms, souvent pour le salut de leur âme ou celui de leurs proches.

Détails des croix gravées sur les murs de l’escalier menant à la chapelle de Sainte-Hélène, dans l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem © Guillaume Paumier / Wikimedia Commons

 

C’est que confirme une récente étude dont Reuters s’est fait l’écho hier. De fait, en marge de travaux de rénovations il y a plus de trois ans, des chercheurs de l’Autorité israélienne des antiquités (AAI) et du Hadassah Academic College, en coordination avec l’Eglise apostolique arménienne – les escaliers menant à la chapelle de Sainte-Hélène se trouvant entre ses mains -, ont appuyé leurs travaux au moyen d’appareils photo numériques et des techniques d’imagerie tridimensionnelles modernes « pour cartographier, comparer et dater les croix », explique la dépêche de l’agence de presse britannique.

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« Nous avons vu que toutes (les croix) ont la même profondeur et même la marque du maçon », a confirmé auprès de Reuters Amit Re’em, archéologue pour l’AAI, les datant provisoirement du XVe siècle. Epoque où Jérusalem était sous domination mamelouk.

Amit Re’em a conclu que « peut-être que deux ou trois artistes ont fait ces croix à la main ». Seulement ! Et qu’elles n’étaient donc pas des graffitis de pèlerins voués à inscrire la mémoire de leur passage dans les lieux saints visités. Mais une inscription votive.

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