Ce devait être un jour de joie. La mémoire retiendra le cauchemar. L’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte, qui réunit les évêques et vicaires épiscopaux catholiques de rites latins et orientaux, a présenté ce matin, 30 avril 2021, « ses condoléances au Président d’Israël, M. Reuven Rivlin ». Après que selon un dernier bilan, 44 citoyens ont perdu accidentellement la vie, durant un pèlerinage juif orthodoxe au Mont Méron, dans le nord d’Israël.
Une bousculade meurtrière les a littéralement piétinés, écrasés et asphyxiés. Des enfants comptent parmi les morts. Les chefs des Eglises catholiques en Terre Sainte ont également exprimé dans leur déclaration rédigée notamment en hébreu, « leurs condoléances aux familles des victimes et leurs prières pour le rétablissement des dizaines de personnes qui ont été blessées dans l’incident ». La catastrophe a fait « plus de 150 blessées – dont plusieurs se trouvent dans un état critique », rapporte le Times of Israel. Parmi eux, là aussi, des enfants. Le président Reuven Rivlin a tweeté qu’il suivait les développements au sujet de l’accident avec une grande appréhension et qu’il priait pour les blessés.
L’une des pires catastrophes en temps de paix
Il s’agissait du plus grand événement public organisé et autorisé dans l’Etat hébreu depuis la campagne de vaccination massive contre le coronavirus. Mais le rassemblement a de fait viré au tragique dans la nuit de jeudi à vendredi. C’est « l’une des pires tragédies en temps de paix de l’histoire d’Israël, égalant le nombre de morts causés par l’incendie de forêt du mont Carmel en 2010 », s’est ému le Times of Israel.
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Chaque année, à l’exception de 2020 pour cause de pandémie, à l’occasion de la fête juive de Lag Baʿomer, a lieu au Mont Méron situé tout près de la ville de Safed, tout au nord de la Galilée, le pèlerinage annuel autour du tombeau présumé de Rabbi Shimon Bar Yochaï, un talmudiste du IIe siècle à qui la tradition attribue la rédaction du Zohar (Livre de la Splendeur), ouvrage fondamental d’une exégèse ésotérique de la Torah.
Les festivités de Lag Baʿomer englobent des visites sur la tombe du rabbin, une nuit de prières, des chants, des danses, des barbecues et de grands feux et cris de joie. La fête célèbre aussi – et pour comble – l’anniversaire de la fin d’une épidémie meurtrière il y a près de 2 000 ans qui s’était propagée parmi les élèves de l’école talmudique du rabbi Akiva (Ier et IIe siècles ap. J.-C.)., l’un des fondateurs du judaïsme rabbinique.
Beaucoup plus de personnes que prévu
Pour cette année, les autorités avaient permis la présence de 10 000 personnes dans l’enceinte du tombeau mais, selon les organisateurs, plus de 650 bus ont été affrétés dans tout le pays, soit au minimum 30 000 personnes. La presse locale évoquait 100 000 personnes sur place et annonçait l’arrivée d’ici vendredi matin de 100 000 autres. En 2019, un an avant la pandémie, les organisateurs avaient estimé à 250 000 le nombre de pèlerins s’étant rendus sur place. Dix ans plus tôt, 500 000 personnes étaient attendues.
Les circonstances exactes ayant mené aux scènes de cohues et de panique ne sont pas encore connues. Les secouristes ont d’abord cru à l’effondrement de gradins avant de parler, après avoir entendu les témoignages de la foule, de « bousculade » géante à « effet domino ».
Zaki Heller, porte-parole du Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, a indiqué que « des dizaines de personnes ont été piégées dans des gradins à proximité, et il a fallu du temps pour les évacuer ». Les photos témoignent de l’horreur du chaos. C’est un « énorme désastre », a tweeté dans la nuit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, appelant la population à « prier pour sauver les blessés ».
D’après le Jerusalem Post, un grand nombre des morts et des blessés appartenaient à la secte hassidique Toldot Aharon, basée principalement dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shéarim, à Jérusalem. Ces haredim – littéralement les « Craignant Dieu » -, opposés au sionisme, vivent très pieusement dans un esprit de très forte cohésion où tout est réglementé même les temps de loisirs.