L’une des plus anciennes preuves archéologiques de la période du Second Temple a été mise au jour à Gethsémani près de la basilique des Nations, lors de fouilles menées par l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) en collaboration avec le Studium Biblicum Franciscanum (SBF). Il s’agit d’un bain rituel datant d’environ 2 000 ans, qui remonte donc à l’époque de la présence de Jésus à Jérusalem. En outre, d’importants vestiges d’une église byzantine ont été découverts dans la vallée du Cédron, au pied de la basilique actuelle.
Ces dernières années la Custodie de Terre Sainte a investi dans l’aménagement touristique autour de l’église de Gethsémani et dans la vallée du Cédron qui se trouve à ses pieds, au profit des touristes et des pèlerins. Ces projets comprennent un centre d’accueil des visiteurs et un tunnel souterrain qui reliera l’église à la vallée. Lorsque les ouvriers chargés des travaux sont tombés sur les vestiges antiques, l’AAI a entrepris une fouille de sauvetage sur le site, sous la direction d’Amit Re’em et David Yeger et avec l’aide du SBF.
Un bain pour la purification
À quelques mètres de la basilique des Nations, des ouvriers ont découvert une cavité souterraine, qui a été identifiée comme étant un bain rituel de l’époque du Second Temple, période de l’histoire juive qui s’étend de l’exil babylonien (VIe siècle av. J.-C.) à la destruction du Temple en 70 ap. J.-C. Ces bassins, appelés mikveh, répondaient aux besoins de purification rituelle.
Les lois juives exigeaient que les travailleurs impliqués dans l’oléiculture et la viticulture se purifient. Ce bain rituel exhumé peut donc suggérer qu’à l’origine du nom ancien de Gethsémani, il y a Gat Shemanim (presse à huile), un lieu où l’on produisait de l’huile”.
Selon l’archéologue Amit Re’em, la découverte du bain rituel confirmerait l’origine du nom Gethsémani : “La plupart des mikvaot de cette époque – explique-t-il – ont été trouvés dans des maisons privées ou des bâtiments publics, mais certains près de tombes ou de structures pour l’agriculture, donc en plein air. Ce bain, qui n’est pas à proximité d’autres bâtiments, pourrait attester de l’existence, il y a 2 000 ans, d’activités agricoles telles que la production d’huile ou de vin. Les lois juives exigeaient que les travailleurs impliqués dans l’oléiculture et la viticulture se purifient. Ce bain rituel exhumé peut donc suggérer qu’à l’origine du nom ancien de Gethsémani, il y a Gat Shemanim (presse à huile), un lieu où l’on produisait de l’huile”.
Les dernières fouilles menées sur le site confirment également l’ancienneté de la mémoire et de la tradition chrétiennes liées à ce lieu. “C’est très important pour nous – a déclaré le custode de Terre Sainte, Francesco Patton, et pour la signification spirituelle liée aux découvertes archéologiques”. La grande église de Gethsémani, située au pied du mont des Oliviers et conçue par Antonio Barluzzi dans les années 1920, a été construite à l’endroit où, selon la tradition chrétienne, Jésus a été trahi et remis à la milice du sanhédrin.
L’église a été édifiée sur les vestiges d’églises antérieures des époques byzantine et croisée. Cependant aucun vestige de l’époque du Second Temple, lorsque Jésus a connu le site, n’avait encore été trouvé.
Les vestiges d’une église jusqu’alors inconnue
Les fouilles ont également révélé une église encore inconnue, qui a été bâtie à la fin de la période byzantine (VIe siècle) et a continué à être fréquentée pendant la période omeyyade (VIIIe siècle). L’église a été décorée avec des éléments en pierre finement travaillés qui montrent son importance. Les inscriptions grecques trouvées sur le sol et déchiffrées par le professeur Leah Di Segni, de l’Université hébraïque de Jérusalem, et par frère Rosario Pierri, doyen du SBF, se lisent ainsi : “Pour la mémoire et le repos des amis du Christ (croix) Dieu qui as reçu le sacrifice d’Abraham, accepte l’offrande de tes serviteurs et accorde-leur la rémission des péchés. (croix) Amen.”
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L’archéologue David Yeger a émis l’hypothèse que l’église a pu été utilisée, et peut-être même fondée, à l’époque musulmane. Cela montre que les pèlerinages à Jérusalem se sont poursuivis même après la conquête islamique. Lors de la phase ayyoubide qui a suivi, à la fin du XIIe siècle, le sultan Salah-ad-Din, selon des sources historiques, a ordonné la destruction des églises et des bâtiments du mont des Oliviers et a utilisé les pierres pour restaurer les murs de la ville. Selon Amit Re’em, “les fouilles de Gethsémani sont l’un des meilleurs exemples d’archéologie à Jérusalem, où les différentes traditions et croyances sont entremêlées avec les preuves archéologiques et historiques. Les nouvelles découvertes seront intégrées dans le nouveau centre d’accueil des visiteurs, qui est toujours en construction, et seront présentées aux pèlerins et aux touristes”.
Une collaboration fructueuse
Frère Eugenio Alliata, responsable du Terra Sancta Museum, a rappelé que “beaucoup de franciscains se sont distingués dans le passé par des recherches archéologiques sur cet important site évangélique de Gethsémani”. Des recherches du frère Gaudenzio Orfali, décédé prématurément en 1926, qui a étudié l’église byzantine sur laquelle la nouvelle basilique a été érigée, à celles de frère Virgilio Corbo, qui a illustré la découverte de nombreuses sépultures romano-byzantines lors de l’élargissement de la route Jérusalem-Jéricho dans les années 1950. Plus récemment, des travaux archéologiques ont été menés sur la propriété franciscaine par des archéologues israéliens, tels que Fanny Vitto et Jon Seligman dans les années 1990, et cette collaboration se poursuit aujourd’hui.
Les fouilles de Gethsémani sont l’un des meilleurs exemples d’archéologie à Jérusalem, où les différentes traditions et croyances sont entremêlées avec les preuves archéologiques et historiques.
“Nous ne devons pas oublier – a noté frère Alliata – que pour les chrétiens, comme pour les juifs, c’est la vallée de Josaphat, la vallée du Jugement dernier de Dieu le jour de la Résurrection finale. Nous espérons que les travaux actuels, avec leurs découvertes pertinentes, pourront jouer un rôle important dans la réouverture du site religieux aux pèlerins chrétiens, ainsi qu’au grand public”.
Saluant la coopération fructueuse entre le SBF et l’AAI et espérant de futures collaborations scientifiques, le custode a déclaré : “Nous n’avons pas peur de creuser et nous ne devons pas avoir peur de creuser, car la recherche même de la vérité, qu’elle soit archéologique, scientifique ou religieuse, exige nécessairement le courage et la constance de creuser : dans le sol, dans les lois de la nature, dans les bibliothèques, dans sa propre âme”.
Dernière mise à jour: 02/04/2024 12:12