Elle bordait majestueusement la mer méditerranée. La plus grande basilique d’époque romaine jamais retrouvée en Israël, était le cœur, du Ier au IIIe siècle ap. J.C., d’Ashkelon/Ascalon. Les vestiges de cet ancien et important port maritime, se trouvent à 20 kilomètres au nord de l’actuelle bande de Gaza et à 60 kilomètres au sud de Tel Aviv.
L’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) a fait paraître aujourd’hui un communiqué pour annoncer que pour la première fois, les restes de la basilique romaine d’Ashkelon allaient bientôt être montrés aux touristes après tout un travail de préservation et de restauration partielle pour mieux expliquer l’histoire du site aux touristes et leur donner un aperçu réaliste de ce que pouvait être l’édifice. C’est dans le cadre d’un projet de développement du parc national de Tel Ashkelon, que de nouvelles fouilles ont pu avoir lieu en 2016 a fait savoir Haaretz. Et elles se sont poursuivies jusqu’à il y a deux ans, précise l’AAI dans son communiqué.
Les proportions de la basilique étaient colossales. Elle s’étirait « sur environ 115 mètres de long sur 34 mètres de large », précise l’AAI sur son compte Facebook. Pour mémoire, un terrain de foot a une longueur qui varie entre 90 et 120 mètres, et une largeur entre 45 et 90 mètres. C’est dire la taille de l’édifice !
Un vaste bâtiment public
A l’époque romaine, la basilique était un vaste bâtiment public au centre de la ville, où les citoyens traitaient leurs affaires, se réunissaient pour toutes sortes de questions sociales, juridiques, municipales. Des représentations de théâtre ou des cérémonies religieuses pouvaient parfois s’y tenir, indique l’AAI.
La basilique d’Ashkelon était divisée en trois parties : un grand hall et deux parties latérales. Selon les archéologues, la salle centrale était entourée de colonnes de marbre alignées, atteignant 13 mètres de haut. Plus tard, les églises chrétiennes s’inspireront largement de cette structure architecturale.
Les colonnes étaient ornées à leur sommet de chapiteaux – des dizaines ont été mis au jour – élaborés avec des motifs végétaux et, dans certains cas, avec un aigle. Symbole romain par excellence qui confirme, du reste, la destination générale et civile du bâtiment.
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La basilique était recouverte d’un toit soutenu par les colonnes. Le sol et les murs étaient en marbre, importé d’Asie mineure, par voie maritime. Environ 200 pièces de marbre pesant des centaines de tonnes ont été découvertes sur le site. Ce qui témoigne de la splendeur passée de l’édifice.
Rachel Bar Nathan, Saar Ganor et Federico Kobrin, les directeurs des fouilles ont déclaré à Haaretz que « la basilique [avait] été découverte pour la première fois dans les années 1920 par l’archéologue britannique John Garstang qui l’a ensuite recouverte à nouveau ». Une pratique courante en matière de préservation. John Garstang est connu pour avoir été le directeur des antiquités sous le mandat britannique de la Palestine. La zone ne sera plus fouillée pendant près d’un siècle, explique le journal.
La basilique a été érigée en deux phases
Selon les archéologues, les fondations de la basilique remontent à Hérode Ier le Grand (73 av. J.-C. – 4 av. J.C.). « Une source historique suggère que sa famille était originaire de la ville d’Ashkelon », expliquent les archéologues. Ce qui pourrait justifier le grand intérêt qu’avait le roi pour la ville. Hérode étant réputé notamment pour son goût de l’architecture monumentale, les dimensions de la basilique étonnent peu. Elles font écho aux écrits de l’historien judéo-romain Flavius Josèphe qui mentionnent clairement les constructions d’Hérode dans la ville d’Ashkelon en énumérant des fontaines, un bain public, des salles à colonnades. Viennent confirmer la datation des pièces de monnaie de l’époque hérodienne qui ont été découvertes sous les dalles de la structure.
Mais c’est sous la dynastie romaine des Sévères (ndlr : Septime Sévère a régné sur l’Empire romain entre 193 et 235), aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C, que le bâtiment a été rénové. Les archéologues indiquent que « des éléments architecturaux en marbre ont été apportés sur le site et un petit théâtre a été ajouté », jouxtant la basilique. L’odéon avait été découvert lors de précédentes fouilles en 1985.
Sur le site, plusieurs sculptures de marbre massives avaient aussi été retrouvées lors des fouilles menées par les Britanniques dans les années 1920. Certaines représentant des dieux païens, dont Niké, la déesse grecque de la victoire soutenue par le dieu Atlas, titan condamné à porter le monde sur ses épaules. On y retrouve aussi la divinité égyptienne Isis, représentée sous les traits de Tyché, la déesse de la Fortune, de la Prospérité et de la Destinée d’un Etat ou d’une cité. Ce qui est bien le cas d’Ashkelon.
La ville a été détruite par un tremblement de terre en 363 ap. J.C. La basilique a alors été dévastée. « Les effets des ondes sismiques sont clairement visibles sur le sol du bâtiment, fournissant une preuve tangible des événements de cette année-là à Ashkelon », énonce l’AAI dans son communiqué.
Les ruines de la basilique ont ensuite été réemployées dans les périodes abbasside et fatimide (VIIIe-XIIe siècles ap. J.-C.) pour d’autres usages in situ ou diverses constructions dans la région. « Le meilleur a été transporté à Jaffa », a expliqué l’archéologue Saar Ganor à Haaretz. « Une partie du marbre de la basilique se trouve dans la mosquée Mahmoudiya, la plus grande mosquée de Jaffa, qui a été construite au XIXe siècle », a ajouté le chercheur ».
Un vaste et complexe projet de restauration
Les fouilles menées par l’AAI font partie d’un projet conjoint de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, de la municipalité d’Ashkelon et de la Fondation Léon Levy, fondation philanthropique privée américaine, pour préserver et restaurer le théâtre et la basilique et les rendre accessibles aux visiteurs.
A ce stade, les archéologues reconstituent ce qu’ils peuvent de la basilique romaine, en utilisant le marbre qui reste encore sur le site. Ils ont déjà relevé une colonne de plus de 10 mètres de haut, a révélé Saar Ganor pour Haaretz.
« Au moment où ils auront terminé, la colonnade devrait avoir jusqu’à 15 à 17 colonnes de ce type, et pour la première fois depuis l’an 363, la basilique se relèvera », indique le journal. Par ailleurs, certaines statues seront aussi hissées debout. Quant au petit théâtre, il sera aussi restauré et se verra installer des sièges modernes, une scène et une série de panneaux explicatifs. Les visiteurs pourront aussi depuis leur siège suivre l’avancement des travaux de la basilique qui devraient se terminer dans les mois à venir.