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Le curé de Gaza craint « un durcissement » des deux camps

Christophe Lafontaine
11 mai 2021
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Frappes aériennes israéliennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mai 2021. © Abed Rahim Khatib/Flash90

Israël et le Hamas, qui règne à Gaza, ont échangé des centaines de tirs dans la nuit du 10 mai au 11 mai, tuant 24 Palestiniens à Gaza, dont neuf enfants, en plus de 106 blessés. Echos du père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse de Sainte-Famille à Gaza.


Terresainte.net : Quelle est la situation de votre paroisse aujourd’hui ?

Père Gabriel : Pour le moment, il n’y a pas de blessés ni de dommages dans l’espace paroissial qui entoure notre église à Gaza City. Nous sommes en sécurité. Cette escalade de violence intervient alors que la paroisse catholique de Gaza qui compte 133 fidèles commençait à revivre normalement depuis une semaine, après le confinement mis en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Seul un couvre-feu de minuit à l’aube reste imposé.

Les magasins avaient rouvert, les groupes de prières, de servants d’autel, et autres avaient repris… La vie qui semblait reprendre s’est brutalement arrêtée hier, à nouveau à cause des échanges de roquette entre le Hamas et Israël et les frappes israéliennes. Toute la nuit, nous avons entendu les bombardements.

Le père Romanelli, curé de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Gaza @Paroisse catholique de Gaza


Quels sont vos sentiments face à cette nouvelle escalade ?

Malheureusement, je crains qu’il y ait un durcissement de la part des deux camps. Israël a déclaré ne pas supporter que des roquettes soient allées jusqu’à Jérusalem et Tel Aviv. Et la revanche d’une partie attise la revanche de l’autre. On s’attend à une pluie de réactions.

En général, nous qui sommes habitués aux guerres à Gaza, on entend les roquettes seulement la nuit. Là, elles continuent aujourd’hui mardi en plein jour. C’est un très mauvais signe. Concrètement aussi, il est dangereux de sortir avec notre voiture pour aller visiter les malades, les pauvres, et tous les paroissiens qui en auraient besoin.

Lire aussi >> Jérusalem en alerte : l’appel à la paix des patriarches

Alors, heureusement qu’il y a eu la pandémie, car nous avons appris à nous organiser « virtuellement », pour maintenir le lien à travers des discussions, des leçons, des jeux et même une loterie en ligne. Et les liens se sont beaucoup renforcés à tel point que 86% de la paroisse et des centaines d’orthodoxes ont participé à toutes les cérémonies de la Semaine Sainte ! Grâce à cette expérience, nous saurons mieux nous mobiliser.

Paradoxalement, je dois dire que le temps du Covid a été un temps heureux, car il n’était pas un temps de guerre. Aujourd’hui, nous voyons bien que la population à Gaza est de plus en démoralisée. Surtout les jeunes.

Une prière ?

Nous demandons à Dieu la grâce que les responsables de tous les côtés arrêtent les violences et les injustices. Tel que l’a exprimé le patriarche latin de Jérusalem Pizzaballa dans sa déclaration d’hier. La menace de l’expulsion des familles palestiniennes dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est est une chose très grave et l’interdiction aux musulmans d’accéder librement pendant le ramadan à l’Esplanade des Mosquées est une provocation et aussi une injustice.

Nous prions pour la réconciliation, pour les deux peuples, la réparation et la justice. La prière est efficace, surtout la prière eucharistique. Nous prions aussi pour les âmes des personnes qui perdent la vie qui ne sont peut-être pas prêtes à quitter ce monde, pour les blessés, et pour que cesse la guerre qui provoque et entretient la haine même quand elle est terminée. La guerre c’est un mal, même en cas de défense, car elle laisse beaucoup de morts de l’esprit, beaucoup de blessés de l’esprit.

Propos recueillis par Christophe Lafontaine

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