« Où mèneront la haine et la vengeance ? », s’est ému le pape François hier. « Pensons-nous vraiment que nous construisons la paix en détruisant l’autre ? », s’est-il encore interrogé à l’issue de la prière du Regina Cæli. Depuis la fenêtre du Palais apostolique au Vatican, le Saint Père a confié suivre avec « une grande inquiétude ce qui se passe en Terre sainte » depuis le déclenchement des hostilités entre l’Etat hébreu et le Hamas au pouvoir à Gaza, le 10 mai dernier.
Dans une sorte de mise en garde, le Pape n’a pas caché sa crainte de voir les affrontements « dégénérer en une spirale de mort et de destruction ». Les derniers affrontements sont de fait les plus importants depuis l’été 2014.
Le Pape a appelé « au calme » et exhorté « ceux qui ont la responsabilité de mettre fin au bruit des armes et de marcher sur les chemins de la paix ». Et ce, « au nom de Dieu « qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à vivre ensemble comme des frères et des sœurs entre eux » », a rajouté le Pape en citant un extrait du Document sur la fraternité humaine. Pour lui, une solution doit être trouvée « avec l’aide de la communauté internationale ».
Dimanche sanglant à Gaza
Cet appel du chef de l’Eglise catholique intervient une semaine après un autre lancé le 9 mai, où il avait appelé à la fin de violences à Jérusalem, qui ont été l’élément déclencheur du nouveau conflit.
Hier, en une seule journée, 42 Palestiniens de la bande de Gaza dont au moins huit enfants, ont été tués lors de raids aériens israéliens. Il s’agit du plus grand nombre de victimes en une seule journée depuis le 10 mai. Le dernier bilan, en constante évolution, fait état de 197 Palestiniens tués dont au moins 58 enfants et plus de 1 200 blessés. Du côté israélien, ce sont 10 personnes qui ont été tuées dont un enfant. 282 ont été blessées après des tirs de groupes armés palestiniens depuis Gaza.
Voir mourir des enfants dans ce conflit est « terrible et inacceptable », a dénoncé le pontife argentin pour qui « leur mort est le signe qu’on ne veut pas construire l’avenir, mais qu’on veut le détruire ».
Prière à Marie pour la coexistence entre frères
Le Pape a aussi vivement déploré que la violence s’était également reportée dans plusieurs villes mixtes de l’Etat hébreu où vivent Juifs Israéliens et Palestiniens citoyens d’Israël. Lod et Saint-Jean d’Acre, pour ne citer qu’elles, ont étaient le théâtre d’affrontements extrêmement tendus. « La haine et la violence croissantes qui affectent diverses villes d’Israël – a profondément regretté le Pape – sont une grave blessure à la fraternité et à la coexistence pacifique entre les citoyens, qu’il sera difficile de guérir si nous ne nous ouvrons pas immédiatement au dialogue ».
A noter que dans les Territoires palestiniens aussi, ont eu lieu ces derniers jours des affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et des Palestiniens, qui ont fait 19 morts selon un bilan palestinien, a fait savoir l’AFP.
Le chef de l’Eglise catholique, hier encore, avant la récitation d’un « Je vous salue Marie », a encouragé les fidèles catholiques à prier « la Reine de la Paix » pour les victimes et pour que les Israéliens et Palestiniens puissent trouver la « voie du dialogue et du pardon afin d’être de patients bâtisseurs de paix et de justice s’ouvrant pas à pas à une espérance commune, à une coexistence entre frères ».