« Battons-nous pour les terres israéliennes », peut-on lire sur les pancartes brandies lors des 14 marches organisées simultanément lundi 21 juin par des activistes nationalistes et des leaders colons en Cisjordanie. Une semaine après la « marche des drapeaux » de Jérusalem, une centaine de colons israéliens ont manifesté dans les régions d’Hebron Hills, Binyamin et Etzion pour revendiquer leur souveraineté sur les territoires palestiniens occupés.
Les marcheurs ont accusé le gouvernement de fermer les yeux sur les constructions palestiniennes qui s’y trouvent et qu’ils estiment illégales, et de vouloir détruire des avant-postes juifs qu’ils jugent légitimes. Les organisateurs ont appelé à « arrêter l’invasion arabe sauvage de la zone C » qui vise selon eux à « étouffer les colonies juives ». Ils dénoncent notamment le processus de démantèlement et d’évacuation d’Evyatar, un avant-poste juif (construction qui précède la colonie), qu’une récente décision de justice a jugé illégal. « Tout a été fait en violation complète de la loi, et sans aucun accord de propriété ou de planification », a écrit le commandement central de l’armée.
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La rhétorique nationaliste se garde bien de mentionner les destructions et les saisies régulières de structures palestiniennes dans cette zone. Les Nations Unies en ont recensé 849 en 2020. Israël évoque l’absence de permis de construire pour les justifier, or l’Etat hébreu rejette 98% des demandes émanant de Palestiniens vivant dans la région. « Alors que le nombre de permis accordés ne cesse de diminuer, la présence israélienne ne fait qu’augmenter avec la construction de colonies », expliquait Alon Cohen-Lifshitz, coordinateur de l’ONG Bimkom en janvier à Haaretz.
A l’origine de la marche, le démantèlement d’un avant-poste juif
Si les marches de ce lundi n’ont occasionné aucun trouble, elles sont le dernier exemple en date de la bataille menée en Zone C. Alors qu’elle représente 60% du territoire palestinien, elle est sous contrôle militaire israélien depuis les accords d’Oslo de 1993. Pour les Palestiniens, ces terres appartiennent à leur futur Etat, alors que les nationalistes israéliens maintiennent qu’elles doivent être incluses dans les frontières de l’Etat hébreu.
Les terres sur lesquelles Evyatar a été établie en avril appartiennent historiquement aux villages palestiniens voisins de Beita, Kablan et Yitma. L’armée israélienne en a récupéré le contrôle et en a fait des « terres d’Etat » qui reviennent dans 99% des cas aux colonies israéliennes, selon les recensements effectués par l’ONG Peace Now en 2018. L’avant-poste s’est rapidement agrandi au cours des deux derniers mois, atteignant environ 50 bâtiments et une douzaine de familles.
Sur Facebook, la page dédiée à la colonie se vante d’empêcher la contiguïté entre les villages palestiniens environnants tout en reliant les colonies israéliennes adjacentes. La zone autour d’Evyatar, qui a résisté au démantèlement, a été le théâtre d’affrontements répétés entre les forces israéliennes et les Palestiniens dont quatre ont trouvé la mort, touchés par des tirs israéliens.
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La construction de colonies et d’avant-postes en territoires palestiniens est considérée comme illégale au regard du droit international. Dans les faits, leur démantèlement par l’Etat d’Israël est rare. Sous l’impulsion de l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahou, la tendance a plutôt été à la reconnaissance des colonies.