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Route romaine au bord du Néguev, l’archéologie ouvre la voie

Christophe Lafontaine
30 juin 2021
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Capture d’écran de la vidéo de l’Autorité des Antiquités d’Israël présentant le tronçon de voie romaine découvert près du mont Amasa, au bord du désert du Néguev

A l’époque romaine, la Terre Sainte était traversée par un réseau de routes pavées. Un tronçon sur le versant sud du mont Hébron a retenu l’attention d’archéologues israéliens qui se donnent trois ans pour en savoir plus.


En Terre Sainte, la plupart des routes construites pendant la domination romaine (63 av. J.-C. – 324 ap. J.-C.), essentiellement à la suite des révoltes juives aux Ier et IIe siècles, ont été détruites. Soit au fil du temps, soit parce que recouvertes par d’autres routes pavées à des périodes ultérieures, voire des routes plus modernes. Cependant, l’une des sections les plus longues et les mieux conservées de ce type de voies a été découverte aux environs du mont Amasa, située à l’extrémité est de la forêt de Yatir sur le versant sud du mont Hébron, aux abords du désert du Néguev.

Il s’agirait selon une communication publiée sur le compte Facebook de l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI) d’un segment de route qui appartiendrait à l’une des principales voies de circulation, qui partait de Jérusalem en passant par Hébron, Mamshit, Tamar dans l’Arabah, puis descendait directement vers le sud. Et ce, pour rejoindre, près des villes actuelles d’Eilat en Israël et d’Aqaba en Jordanie, la Via Nova Traiana, ancienne route romaine construite sous le règne de l’empereur Trajan (98 – 117 ap. J.-C.).

De la Syrie à la mer Rouge

Cette dernière reliait Bostra, ville du sud de la Syrie et capitale de la province d’Arabie, au port d’Aila sur la mer Rouge, aujourd’hui Aqaba. La première borne de pierre qui marquait le point de départ au sud de la Via Nova Traiana se trouve actuellement au Musée archéologique d’Aqaba. Le tracé de cet itinéraire est connu d’après la table de Peutinger, appelée aussi carte des étapes de Castorius. Il s’agit d’une carte copiée du XIIIe siècle à partir d’une ancienne carte romaine qui date probablement du IVe siècle ap. J.-C. Y figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain constituant le cursus publicus, parfois appelé vehiculatio, qui était le service de poste impérial assurant les échanges officiels et administratifs au sein de l’Empire.

Le tronçon qui a été remis au jour est pavé et entouré de bordures qui servaient à retenir la terre afin d’éviter qu’elle ne s’écoule sur la voie. Cependant, bien que le style de construction puisse être facilement identifié par les archéologues, l’absence de bornes sur le segment de route dont il est question, laisse le sujet de sa datation précise, ouvert à d’autres recherches archéologiques.

Habituellement, les Romains utilisaient des bornes militaires, souvent en forme de colonne cylindrique, qui étaient posés le long des routes à distance régulière d’environ 1,48 km (le mille romain). Ces bornes routières servaient de panneaux de signalisation, sur lesquels figuraient des inscriptions indiquant la distance de la ville voisine, la date des travaux de réparation réalisés et souvent, une dédicace à l’empereur qui régnait à l’époque.

Un futur sentier de randonnée

L’empire romain considérait les routes comme un élément clé de l’organisation étendue de son pouvoir et de son fonctionnement. De nombreux efforts ont été faits pour permettre le transfert rapide d’unités militaires d’un lieu à l’autre de l’empire, garantir une connexion efficace et stable entre les différentes institutions administratives et assurer le transport des marchandises et des habitants.

Pour l’heure, 100 mètres de la voie romaine ont été déblayés. Après une documentation complète, les vestiges de la route seront conservés, et partiellement restaurés en complétant les sections manquantes et en renforçant les bordures. L’objectif de l’AAI est d’exposer une section de 2 km et d’en faire un itinéraire de randonnée. Aux deux extrémités de la section de route se trouventles vestiges d’une tour de garde et d’une ferme, qui seront également exposés, après des travaux de conservation.

Le projet devrait durer environ trois ans et est ouvert à tous ceux qui veulent prêter main-forte aux travaux. L’Autorité des antiquités d’Israël travaille en collaboration avec les habitants du mont Amasa, avec le FNJ – le Fonds national juif, l’Autorité de la nature et des parcs et le Conseil régional de Tamar.

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