C’était un mercredi. Au réveil, un coup d’œil sur le smartphone et je vois qu’Israël a bombardé Gaza dans la nuit… Stupeur… c’est que le patriarche latin de Jérusalem est à Gaza.
Échange de messages, la délégation est saine et sauve, les bombes sont tombées à un kilomètre du lieu de résidence d’une partie des visiteurs tandis que le patriarche était lui deux ou trois kilomètres encore plus au nord. Sur un théâtre d’opération militaire ce sont de longues distances de sécurité.
Le patriarche Pizzaballa se trouvait à Gaza en visite pastorale. Une visite qui prenait place après les 11 jours de bombardements, depuis et sur l’enclave de 360 km2. Une visite de consolation durant laquelle l’évêque est venu encourager la petite communauté catholique : 133 personnes, aux côtés desquelles vivent 944 autres chrétiens, grecs-orthodoxes pour la plupart, pour un total de 1077 chrétiens aujourd’hui. Ils étaient encore 5000 en 1994 au moment des accords d’Oslo. Mais dans la bande de Gaza, la situation n’en finit pas de se détériorer. Et cette crise est venue désespérer ceux qui, jusque-là, étaient restés. Cette guerre était plus dure que les précédentes ont témoigné ceux qui ont rencontré la délégation.
Pour autant d’après ces témoins, l’enjeu majeur n’est pas celui des destructions/reconstructions c’est celui du regard porté sur la population. “Nous ne sommes pas des statistiques de blessés, de morts, de vivants ou de survivants. Nous ne sommes pas non plus des lignes de budget de reconstruction. Nous sommes des êtres humains.”
Deux millions d’êtres humains, enfermés sur une langue de terre de 41 km de long sur 6 à 12 de large, 5 heures d’électricité par jour, accès difficile à l’eau potable. 71 000 nouveaux déplacés suite aux récentes destructions. 92 % de chômage chez les jeunes femmes âgées de 15 à 29 ans et 63,2 % pour les hommes du même groupe d’âge.
Les habitants de Gaza ne sont pas des chiffres et des statistiques, mais l’un et l’autre montrent que ce que vivent les habitants de Gaza n’est pas humain.
Ne réduisons pas Gaza à ses dirigeants ou à ses péchés. Voulez-vous changer votre regard sur Gaza ? Alors pensez aux 3 jeunes qui viennent d’être confirmés, aux 18 enfants qui ont fait leur première communion, au petit garçon qui a reçu le baptême, tous à l’occasion de la visite pastorale. Il n’y aura pas d’avenir pour eux sur la terre de leurs ancêtres si nous ne nous battons pas pour que les deux millions d’habitants de Gaza retrouvent les conditions d’une vie humaine digne, dans la sécurité et la justice, seul chemin vers la paix possible.
Dernière mise à jour: 10/04/2024 15:21