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Damas accueille sa première faculté de théologie catholique

Cécile Lemoine (avec Cath.ch)
20 août 2021
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La nouvelle Faculté de théologie au sein du complexe patriarcal à Damas © Jacques Berset/Cath.ch

La capitale syrienne va inaugurer sa première Faculté de théologie catholique. Hébergée par le patriarcat grec-catholique, elle devrait accueillir 25 enseignants et 90 étudiants, dont des séminaristes syriens.


C’est inédit. Une Faculté de théologie catholique va ouvrir ses portes à Damas, le 1er octobre 2021, après son inauguration officielle au mois de septembre, a rapporté le site suisse Cath.ch. Une grande première pour la Syrie, pays dont la population est composée à 90% de musulmans et qui voit sa communauté chrétienne réduire comme peau de chagrin. Elle sera située dans l’enceinte même du Patriarcat grec-catholique, dans le quartier chrétien de Bab Charki.

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C’est en effet l’Église melkite (la deuxième de Syrie en nombre de fidèles après l’Église grecque-orthodoxe) qui porte ce projet dont les racines remontent à 2002. Les Melkites suivent le rite byzantin mais reconnaissent l’autorité du pape depuis le XVIIIe siècle. Ils ne possèdent qu’une seule autre faculté de théologie au Moyen-Orient : au Liban. Le recteur du nouvel institut sera le patriarche melkite, Mgr Joseph Absi, qui siège à Damas et porte le titre de « patriarche d’Antioche, d’Alexandrie, de Jérusalem et de tout l’Orient ».

Objectif culturel et pastoral

Erigée par un arrêt présidentiel le 7 mai 2019, la Faculté est dotée de 25 enseignants et offre un cursus en cinq ans (dogmatique, patristique, sacrements, histoire de l’Eglise, pastorale, enseignement social de l’Eglise, théologie morale…). Le tout sera sanctionné d’un diplôme d’enseignement en théologie, reconnu par l’Etat. Les étudiants de la première promotion, au nombre de 90, sont « soit orthodoxe soit catholique : il y a des Chaldéens, des Arméniens et des Syriaques », énumère le père Youssef Lajin, doyen de la faculté auprès du site suisse Cath.ch.

« Le but de cette Faculté est de servir des personnes avides de connaître leur religion, de se préparer à être instituteurs dans les écoles qui ont été étatisées en 1967, poursuit le père Lajin. Elle a en même temps un objectif culturel et pastoral : dans un pays où les chrétiens sont une minorité, où ils sont parfois opprimés, on propose une éducation à accepter l’autre dans sa diversité, pour savoir comment vivre en paix avec des citoyens de différentes religions. » L’institut se veut également au service de l’Eglise locale et offrira une préparation destinée aux séminaristes syriens qui pourront désormais poursuivre leurs études philosophiques et théologiques dans leur pays.

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Les cours seront enfin ouverts aux musulmans qui le souhaitent. « Ils sont nombreux à vouloir fréquenter nos cours de religion pour acquérir un peu d’éthique dans leur vie », révèle Mgr Nicolas Antiba actuel vicaire patriarcal grec-catholique.

En quête de dons

Une telle structure a besoin de fonds pour voir le jour. Si l’autofinancement a un temps été envisagé, il n’est aujourd’hui plus possible : la crise et l’inflation, résultats de 11 ans de guerre et de sanctions internationales, empêchent la couverture totale des dépenses. Celles-ci concernent notamment la restauration et la modernisation du bâtiment qui date de 1955. Le coût total des travaux est estimé à environ 150 000 euros. A cela il faut aussi ajouter 70 000 euros pour assurer le bon déroulement de l’année académique 2021-2022.

Le Patriarcat devrait assurer un tiers des dépenses, notamment l’eau, l’électricité et les services, tandis que L’Œuvre d’Orient a financé un serveur et des ordinateurs pour un montant de 40 000 dollars. D’autres organisations d’aide internationale devraient être sollicitées.

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