L’Unesco parle désormais d’As-Salt comme d’une « ville de tolérance et d’hospitalité urbaine ». La localité située au nord-ouest d’Amman, la capitale Jordanienne, a rejoint la liste du patrimoine mondial de l’Unesco à l’issu de 44e session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenu virtuellement en Chine du 16 au 31 juillet dernier.
Une reconnaissance attendue et célébrée dans un pays connu pour son climat de coexistence et de stabilité politique. « As-Salt est à l’image de la Jordanie : il y existe une harmonie innée entre les habitants, en particulier entre les musulmans et les chrétiens, comme en témoignent les nombreuses personnes qui ont habité Salt dans le passé », se réjouit dans une tribune le père Rifaat Bader, directeur du Centre catholique pour les études et les médias en Jordanie qui œuvre depuis longtemps à l’inscription de la ville sur la liste de l’Unesco.
Solidarité et tolérance
Connue sous le nom de Gadara dans l’Antiquité, As-Salt a pris son nom actuel au Moyen Âge. Édifiée sur trois collines du haut plateau de Balqa, dans le centre-ouest de la Jordanie, la ville est située sur l’ancienne voie commerciale majeure reliant Jérusalem et Amman et compte 97 000 habitants. Elle connaît un important développement dans les années 1860-1920, quand des marchands originaires de Naplouse, de Syrie et du Liban font fortune dans le commerce, la banque et l’agriculture. Ils sont bientôt rejoints par des artisans venus de toute la région, attirés par les opportunités qui s’y multiplient.
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De tout temps, As-Salt accueille ces marchands et ces visiteurs. « Des mafadas (maisons d’hôtes), et des Diwans (cercles) intellectuels se constituent. Ils réunissent musulmans et chrétiens d’une part, et accueillent des délégations étrangères d’autres part. Cette hospitalité urbaine a fait la notoriété de la ville », indique le père Rifaat Bader. Autre particularité de la ville : son système de protection sociale, appelé Takaful Ijtimai’, ou « responsabilité sociale mutuelle ».
Plus vieille paroisse du Patriarcat latin de Jordanie
De modeste commune rurale, As-Salt se transforme en une ville prospère, coquette et inclusive. « La solidarité sociale entre les familles et les visiteurs de As-Salt, ainsi que l’absence de quartiers séparés sur une base religieuse, est l’une des caractéristiques claires de la ville », souligne Nayef Al Fayez, ministre jordanien du tourisme et des antiquités, dans la presse locale.
Musulmans et chrétiens vivent en effet dans le mêmes quartiers, composés de grands édifices publics et de belles maisons familiales, construits dans une pierre calcaire locale aux tons jaunes. Encore aujourd’hui, le centre historique de la ville se compose d’un mélange des styles Art nouveau et néo-colonial, associés à des traditions locales. « Ces aspects matériels et immatériels sont nés de la fusion des traditions rurales et des pratiques des marchands et commerçants bourgeois », résume le site de l’Unesco. Il
As-Salt est également le siège de la première paroisse du patriarcat latin de Jordanie, fondée en 1866 par le patriarche Vincent Bracco. La ville rejoint cinq autres site jordaniens sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco : Petra, Wadi Rum, Qasir Amra, Umm Al-Rasas et le site du baptême.