4 août 2020. Une impressionnante explosion ouvre une plaie béante dans le port de Beyrouth, cœur économique d’un Liban qui tourne déjà au ralenti. Le bilan est lourd : au moins 181 morts, plus de 6 500 blessés, des pans entiers de la capitale détruits par le souffle de l’explosion et 300 000 personnes à la rue du jour au lendemain… La déflagration est gigantesque. Au sens propre, comme au sens figuré : ce drame s’ajoute au naufrage économique du pays, paralysé par la faillite des banques en 2019, et accentué par la pandémie de Covid-19.
Ces événements ont précipité des dizaines de milliers de Libanais vers le chômage. Selon la Banque mondiale, 45 % de la population libanaise (1,7 million de personnes) risque de sombrer dans la pauvreté au cours des prochains mois. “Les gens ne travaillent plus, les prix ont explosé, l’argent ne vaut plus rien… Pour de nombreuses familles il est très compliqué de se procurer des produits de bases tels que du pain ou des médicaments”, s’inquiète Fadi Bejani, chef du projet de réhabilitation mené par l’ONG Pro Terra Sancta et la douzaine de franciscains de la Custodie de Terre Sainte basée au Liban.
Lire aussi >> Un an après l’explosion, Beyrouth peine à panser ses plaies
Doté de 240 000€ répartis sur trois ans, le projet a bénéficié de la solidarité de nombreux donateurs, soucieux de venir en aide à une population déjà fragilisée. Une générosité qui, à leur petite échelle, permet aux franciscains et à Pro Terra Sancta d’intervenir sur plusieurs fronts. Le plus important est celui de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Près de 280 familles pourront venir collecter trois fois par an, des cartons de nourriture et des kits d’hygiène dans les différents couvents franciscains répartis sur le territoire : Gemmaizé à Beyrouth, El-Mina à Tripoli dans le nord du pays, et Tyr, la ville méridionale.
Soutien psychologique
Parce que le système de santé s’est effondré et que les médicaments sont devenus une denrée rare et onéreuse, 150 familles se verront distribués gratuitement des médicaments contre les maladies chroniques. Des tests anti-Covid seront également réalisés au couvent de Gemmaizé à Beyrouth, lui aussi en partie détruit par l’explosion.
Le projet compte enfin financer, à hauteur de 5 000€ par habitation, une partie des réparations d’une vingtaine de maisons endommagées. Le travail de réhabilitation inclut le remplacement de fenêtres, de portes, de balcons, de cloisons intérieures, et d’éventuels autres travaux urgents. Tout cela sous la houlette d’entreprises locales.
Lire aussi >> L’éducation, une priorité pour le Liban en crise
Nouveauté : les frères travaillent à la création d’un centre d’aide psychologique dans leurs locaux de Beyrouth. “Beaucoup d’enfants ont besoin de soutien psychologique depuis l’explosion. Certains sont encore choqués et refusent de sortir de leur chambre. L’anxiété est très forte parmi la population”, s’attriste frère Firas Lufti, responsable du couvent franciscain de la capitale. Originaire de Syrie, il a notamment participé à la création du Centre franciscain de soin d’Alep, où des activités d’art-thérapie destinées aux enfants ont porté leur fruit. Il souhaite offrir le même soutien à une cinquantaine de familles libanaises.
Chrétiens et musulmans
Le projet espère venir en aide à 3 750 personnes en l’espace de trois ans. Un chiffre qui paraît minime comparé aux besoins de toute une population. Mais Pro Terra Sancta revendique une certaine proximité avec les familles aidées. “On connaît le nom de chaque personne que nous aidons. Il est très important de créer du lien”, explique Fadi Bejani, qui dénonce les actions parfois éclair de grosses ONG dans ce genre de situations d’urgence.
Lire aussi >> Le pape Francois à l’écoute des Églises libanaises
Le plus compliqué reste toujours de savoir qui aider en premier. Après s’être naturellement tournés vers les paroisses et les populations de rite latin, Pro Terra Sancta et les franciscains ont revu leur stratégie pour coller au multiculturalisme du pays. “Mettre notre spiritualité en action revient à n’exclure personne, glisse frère Firas. Si beaucoup de catholiques ont d’abord reçu notre aide, nous l’avons élargie à toutes les communautés religieuses, chrétiennes comme musulmanes. Tout le monde a besoin d’aide. Nous ne pouvons pas laisser souffrir ceux qui sont aussi nos frères et sœurs.”
——-
Ne cherchez plus où aider
Avec notre partenaire c’est possible
Vous pouvez aider ce projet depuis la France en vous rapprochant de notre partenaire sur les projets humanitaires : Fondation François d’Assise directement en ligne www.fondationfrancoisdassise.fr
Cet article est extrait du n°674 de Terre Sainte Magazine (Juillet-Août 2021 – paru)
Vous aussi soyez aux côtés des chrétiens présents en orient !