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Jérusalem-Est : grand projet foncier pour l’Eglise orthodoxe

Christophe Lafontaine
12 octobre 2021
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Theophilos III, patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, lors du lancement en conférence de presse du projet immobilier Lana, à Jérusalem-Est ©Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem

Avec l’homme d’affaires palestinien Bashar Masri, l'Eglise grecque-orthodoxe de Jérusalem a annoncé hier le lancement de ce qu’elle qualifie comme le « plus grand projet de développement de logements à Jérusalem-Est ».


« Lana », « le nôtre » en arabe, est le nom du nouveau secteur moderne et intégré qui devrait voir le jour au nord de Beit Hanina, quartier palestinien au nord de Jérusalem-Est occupée. Il est prévu qu’une petite dizaine d’immeubles, de 400 appartements de 90 à 170 m2, sortent de terre pour un budget d’un milliard de shekels, soit près de 270 millions d’euros.

Profitant d’un accès facile aux différentes périphéries de Jérusalem et aux routes menant à Ramallah, le plan comprend aussi la construction d’un centre commercial, de cinémas, de cafés, de restaurants, de bureaux, de parkings souterrains, une école, une crèche et des espaces verts, a fait savoir le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem à l’origine du projet et qu’il décrit deux fois dans sa déclaration comme « énorme ».

Des logements pour les arabes, chrétiens et musulmans

Le projet est mis en place en partenariat avec l’homme d’affaires américano-palestinien Bashar Masri, fondateur de la ville de Rawabi et président de Massar International, une société qu’il a créée en 1995 pour promouvoir la croissance économique et le développement du secteur privé palestiniens. Le lancement du projet Lana a été annoncé hier en conférence de presse à Jérusalem-Est.

L’agence de presse palestinienne Wafa a indiqué que les travaux de terrassement du projet avaient déjà commencé et que « la première phase de construction, qui verra la création de 94 appartements, ser[ait] achevée dans deux ans et demi ».

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Pour le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, ce projet constitue « le plus grand projet de développement de logements à Jérusalem-Est », pour les arabes, chrétiens et musulmans, depuis 1967. Mais il aura fallu plus de 10 ans pour obtenir les permis de construire de la municipalité israélienne de Jérusalem.

Le terrain, d’une superficie estimée à 30 000 m² d’après Wafa, appartient à l’Eglise grecque-orthodoxe de Jérusalem et a été proposé à Massar International pour y investir et bâtir son projet immobilier. En contrepartie, l’Eglise devrait obtenir un certain nombre de logements pour ses fidèles.

Un projet « purement palestinien »

Le communiqué du Patriarcat grec-orthodoxe rapporte que Bashar Masri a souligné hier que « ce projet était purement palestinien, avec un capital 100% palestinien, et que le projet n’avait reçu aucune aide ou subvention ». Le coût de la construction est pris en charge uniquement par Massar International, et aucun autre investisseur en Palestine ou à l’étranger ne s’est présenté pour participer au financement, a précisé Wafa.

Modélisation des futurs immeubles de Lana à Beit Hanina, Jérusalem-Est ©Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem

Son exécution fournira des centaines d’opportunités d’emploi aux Palestiniens.  Bashar Masri a reconnu que les logements seraient toutefois proposés à des personnes aux revenus élevés « afin de les garder dans leur pays ».  Les résidents palestiniens de la ville, moins aisés et majoritaires, devront attendre que d’autres projets de logements plus abordables soient mis en œuvre.

La question du logement arabe à Jérusalem

Le projet Lana « n’est pas une réaction à quoi que ce soit, si ce n’est au besoin de logement de notre peuple à Jérusalem », a déclaré Bashar Masri, comme l’a relayé Wafa. « Il y a une forte pénurie de logements. Nous en sommes conscients et avons commencé à planifier il y a dix ans pour atténuer ce problème ».

Et l’entrepreneur palestinien de rajouter cependant que « l’investissement à Jérusalem est une émancipation économique et existentielle pour notre peuple, et pour le soutenir, en particulier dans les zones à haut risque », faisant référence, explicite l’agence de presse palestinienne, « aux zones où Israël entend confisquer des terres palestiniennes pour construire des colonies dans son effort pour changer le caractère de la ville et créer une politique du fait accompli sur le terrain. »

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Le nombre de Palestiniens à Jérusalem-Est est de 300 000, tandis qu’environ 210 000 juifs y vivent. Selon les observateurs, la raison de la pénurie de logements à Jérusalem-Est occupée est due à la fois, à la saisie par Israël de la plupart des zones ouvertes de la ville pour construire des colonies ; aux prix des logements liés à la rareté des terrains ; et à la longue durée et au coût élevé de l’obtention d’un permis de construire rarement accordé par la municipalité israélienne.

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