Le 26 novembre à Bethléem, a été lancée l'Assemblée nationale des associations chrétiennes en Palestine, pour encourager les chrétiens à rester dans le pays et à relever ensemble les défis auxquels ils sont confrontés
« Natif et enraciné dans cette terre ». C’est sous ce thème qu’une conférence « fondatrice », s’est tenue vendredi dernier à l’Université de Bethléem, en Cisjordanie occupée. L’occasion, a rapporté le site arabe d’information chrétienne abouna.org, visait à inaugurer « l’Assemblée nationale des associations chrétiennes de Palestine », un réseau de plus d’une vingtaine d’organisations sociales, culturelles, économiques, religieuses, académiques, et scoutes, opérant dans les villes de Bethléem, Beit Sahour et Beit Jala, et animés par des laïcs chrétiens palestiniens.
Jamal Hammash, au nom de la nouvelle assemblée a souligné « l’importance d’unifier la vision et les positions des associations arabes chrétiennes (…) sur diverses questions politiques et sociétales (…), d’une manière qui serve la présence arabe chrétienne, son développement et qui renforce son rôle, car elle fait partie intégrante de l’existence historique du peuple arabe palestinien». Il a aussi déclaré que l’instauration d’une telle assemblée était « une étape importante ». L’expérience, pouvant selon lui, servir de base dans lesautres gouvernorats palestiniens. « Pour faire face à tous les dangers de division, de crises et de chaos qui menacent notre peuple palestinien », a-t-il dit.
Un rassemblement de frères …
Une déclaration finale, lue à l’issue de la conférence, a appelé les chrétiens des différentes Eglises à « s’aimer » pour leur pluralité et pour que « chacun soutienne son frère, coopère avec lui à la construction de la société, et encourage les Eglises, les paroisses et les institutions chrétiennes à se coordonner directement entre elles, sur divers projets et activités, dans le but d’intégrer les chrétiens les uns aux autres chaque fois que cela est possible». Le but étant d’«établir une communication directe et efficace avec les dirigeants palestiniens» issus de différents secteurs, partis ou institutions professionnelles et civiles afin de « créer une atmosphère d’intimité et de confiance entre les personnes, et de construire une composante politique et sociale fondée sur l’égalité entre tous les citoyens ».
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Ont participé à l’événement le Patriarche émérite latin, Michel Sabbah, le maire de Bethléem Anton Salman, l’évêque émérite de l’Eglise luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte Munib Younan, et Youssef Daher, Secrétaire exécutif du Jerusalem Inter-church Center (JIC), une initiative des Eglises de Jérusalem en association avec le Conseil des Eglises du Moyen Orient (CEMO) et le Conseil œcuménique des Eglises (COE).
Les différents intervenants ont souligné l’importance pour les chrétiens de Palestine de participer à relever ensemble tous les défis auxquels le pays et l’Eglise doivent faire face. Et selon eux, « le plus grand défi de notre existence en tant que Palestiniens et en tant que chrétiens » est de résister à « l’occupation et l’apartheid ». Pour ce faire, les chrétiens palestiniens sont vivement encouragés, écrit abouna.org, à s’investir concrètement dans la société, à exercer « une critique constructive », et à apporter« des solutions pratiques ». Plutôt qued’émigrer.
… qui n’est pas un rassemblement sectaire
Le Patriarche émérite latin, Michel Sabah, a salué dans son discours d’ouverturece rassemblement des associations chrétiennes en Palestine, en les appelant « à persévérer, à collaborer et à unir leurs forces ». Tant pour le pays que pour l’Eglise.
Il a tenu à préciser que la nouvelle assemblée est « un rassemblement de frères pour le bien de tous les frères, et non un rassemblement sectaire ». Dans le détail, il ne s’agit pas selon lui d’«un rassemblement pour affronter qui que ce soit, ou pour remplacer qui que ce soit, mais pour aider tout le monde, et pour dire à tout le monde : Tu es mon frère, et je suis ton frère ».
Auprès de l’agence de presse catholique Fides, il a dit avoir voulu souligner « l’urgence de vivre concrètement la communion et l’unité entre les baptisés, selon le commandement d’amour que nous a donné Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous sommes appelés à vivre en famille, dans laquelle personne n’est abandonné». Et le prélat d’ajouter que « vivre cet amour parmi nous chrétiens ne conduit jamais à se replier sur soi-même et à aller ‘‘contre’’ les autres. L’amour chrétien est universel. L’amour entre chrétiens ‘‘déborde’’ toujours et atteint tous les autres ».
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A cet égard, la déclaration finale des intervenants est très explicite: « Nous sommes tous un seul peuple, citoyens d’une même patrie, musulmans et chrétiens. Nous appelons au dialogue constructif et à la fraternité entre tous les citoyens. Nous sommes convaincus que nous, chrétiens et musulmans, sommes capables de construire une société fondée sur la fraternité et une citoyenneté, sous la même loi. Nous appelons tous les citoyens, chrétiens et musulmans, à ne pas être isolés et égoïstes, et à s’ouvrir, pour qu’ensemble nous construisions la patrie que nous voulons, une patrie pour tous. »
Concrètement, les intervenants ont vivement invité les chrétiens et musulmans à travailler et à communiquer main dans la main notamment dans les écoles et les universités. En parallèle, ils n’ont de faitpas manqué de rappeler la nécessité pour les jeunes de s’engager dans les affaires publiques, politiques et sociales afin « de construire une patrie qui a un besoin urgent de tous ses citoyens ».
