Terre Sainte Magazine est en synode avec le diocèse de Jérusalem. La rédaction libère du temps de volontariat DCC de Cécile Lemoine pour qu’elle accompagne le site Internet du synode diocésain (synodholyland.com) et l’équipe de rédacteurs. Nous publierons une sélection d’interviews faites auprès de chrétiens de Terre Sainte qui partagent leurs questions et aspirations pour l’Église locale.
Témoignage 1 Wassim : “Je rêve que l’Église soit enfin unie”
Êtes-vous impliqué dans l’Église ?
Je travaille pour la Custodie et les franciscains. J’essaie d’aider les gens autant que je peux : je suis très présent pour ma famille. Je reste avec eux et je m’occupe d’eux. Nous allons à l’église tous les dimanches ensemble, à la paroisse melkite, à la paroisse latine, ou à la paroisse orthodoxe. Ça m’est égal. Je suis chrétien. Cela me suffit.
L’Église doit-elle évoluer ?
Oui, elle doit cesser d’être si divisée car nous sommes très peu de familles chrétiennes sur cette terre et nous devrions être unis. Par exemple, quand il s’agit d’argent et d’aider les pauvres, les paroisses orthodoxes n’aideront pas un fidèle latin et vice-versa. De plus, nous voyons souvent des gens se plaindre parce qu’ils n’ont pas assez d’argent. L’Église devrait cesser de créer cette dépendance.
Qu’attendez-vous du synode ?
Nous sommes dans la ville et le pays de la paix, nous devons donc prendre des décisions audacieuses pour le synode. Nous pourrions commencer par faire prier ensemble les enfants, car ils sont l’avenir d’une Église unie sur la terre où Jésus est né et est mort pour nous tous. Être unis dans la prière nous rassemblera dans un seul cœur et une seule main. Il n’y a rien de difficile si nous marchons dans la forte volonté de notre Sauveur. L’Église doit toujours se rappeler que les vraies pierres des Églises sont celles qui la font vivre : les gens de la paroisse.
Avez-vous un rêve pour l’Église ?
Qu’elle soit enfin unie.
Témoignage 2 Gloria : “J’essaye d’être sur le rivage”
Comment êtes-vous impliquée dans l’Église ?
Pour moi la religion c’est la vie. Ma vie de paroissienne est très liée à mon engagement auprès des jeunes, puisque j’ai longtemps travaillé comme enseignante de catéchisme à l’école des filles tenue par les sœurs de Saint-Joseph à Bethléem. J’ai arrêté quand le catéchisme est devenu une matière obligatoire pour le baccalauréat. Cela n’a pas de sens de le résumer à des livres, de la théorie et des notes. Il ne s’agit pas seulement de parler de Jésus, mais de parler avec lui. Je travaille donc aujourd’hui en tant qu’assistante sociale pour cette même école. Cela requiert beaucoup de délicatesse, car on entre dans la vie de chacun. Jésus a toute sa place dans cette démarche, car pour atteindre le cœur des enfants, la pédagogie moderne ne suffit pas. L’amour du Seigneur peut tout, et j’essaye de leur parler en vérité. J’essaye d’être sur le rivage. Ni trop proche des institutions cléricales, ni trop loin de ceux qui sont vraiment à la marge de l’Église, pour créer des ponts entre les deux.
Qu’est-ce qui vous déplaît dans l’Église aujourd’hui ?
Ce n’était probablement pas volontaire, mais l’Église a créé une relation de dépendance aux choses matérielles. Du coup les gens qui sont proches de l’Église le sont dans un but financier et pas spirituel. Avant la première intifada, en 1987, personne n’allait chez le curé pour demander de l’aide. Depuis, on a vu les dons monétaires affluer du monde entier, et l’Église devenir une sorte de ministre de l’Économie. Cette aide est nécessaire, mais il faut la penser intelligemment, surtout qu’aujourd’hui elle est moins conséquente et que les gens demandent toujours plus. Je vois aussi des gens dire que s’ils ne reçoivent pas d’argent, ils vont partir, quitter le pays. C’est dommage.
Qu’attendez-vous du synode ?
On regrette que les prêtres ne prennent pas assez le temps de nous écouter. L’Église d’aujourd’hui doit parler à tout le monde : jeunes, personnes âgées, handicapés… Il faut travailler dans les familles, les maisons, entretenir un vrai lien. Des petits groupes de prêtres et de sœurs visitaient les familles lors du dernier synode. Mais cela s’est vite arrêté. J’espère que ce synode parviendra à mettre des choses durables en place.
Avez-vous un rêve pour l’Église d’ici ?
Dernière mise à jour: 15/05/2024 12:02