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Fin de l’interdiction pour les Coptes de visiter Jérusalem

Christophe Lafontaine
17 janvier 2022
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A l'intérieur de la chapelle copte de l'église du Saint-Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem © NatiShohat/FLASH90

Le Patriarche copte-orthodoxe a levé l’interdiction posée dans le passé à ses fidèles de ne pas se rendre à Jérusalem eu égard aux relations arabo-israéliennes. Dans les faits, ces derniers temps, beaucoup la dépassaient.


« Les chrétiens coptes d’Egypte qui se rendent en pèlerinage à Jérusalem ne contreviennent à aucune disposition de l’autorité ecclésiastique ». C’est ainsi que l’agence Fides a résumé la semaine dernière une partie de la déclaration de Tawadros II, le pape des Coptes orthodoxes, faite lors d’une interview accordée à la télévision égyptienne sur Channel One diffusée le 7 janvier, à l’occasion du Noël de la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient. Et l’agence de presse catholique de poursuivre : « les prescriptions émises dans le passé par les responsables de la hiérarchie copte, qui dans le contexte historique marqué par le conflit israélo-arabe avaient donné des instructions à ses fidèles de ne pas se rendre dans la Ville Sainte, sont désormais caduques et dépassées par l’histoire. »

Cette interdiction a pris sa source dans les positions du patriarche de l’Eglise copte orthodoxe Cyril VI (1902-1959-1971) qui voulait de cette manière protester, aux côtés du président égyptien Gamal Abdel Nasser, contre l’occupation israélienne de Jérusalem en 1967 (Guerre des Six Jours). Le Pape des Coptes ne voulant pas faire passer ses fidèles qui se rendraient en pèlerinage dans la ville pour des traîtres aux yeux du reste du monde arabe, avait alors demandé à tous les Coptes orthodoxes d’Egypte de renoncer à de tels projets. De plus, les autorités israéliennes de l’époque avaient décidé d’expulser les moines coptes du monastère Deir-el-Sultan situé sur le toit du Saint-Sépulcre après la « Guerre des Six Jours » et l’avait remis en 1970 aux moines éthiopiens. Un motif de colère qui ne faisait que rajouter de l’eau au moulin du Patriarche copte.

Une interdiction décrétée en 1979

Vu la radicalisation de la question israélo-palestinienne, la disposition disciplinaire du Patriarcat copte orthodoxe, assortie de sanctions, a été suivie à la lettre par son successeur, Chenouda III (1923-1971-2012) tant que la Ville Sainte demeurerait sous occupation israélienne. Un geste politique assumé en solidarité avec les Palestiniens et contre la normalisation des relations de l’Egypte avec l’Etat hébreu. De fait, Chenouda III s’est officiellement opposé au président Anouar al-Sadate engagé dans le réchauffement diplomatique entre l’Egypte et Israël, dans le cadre des accords de Camp David qui furent signés le 17 septembre 1978 et qui furent suivis notamment de la signature du premier traité de paix entre un pays arabe et Israël en 1979.

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Preuve de la mésentente entre les deux hommes, le Patriarche copte orthodoxe avait déjà refusé de voyager en Israël en 1977 pour accompagner le président al-Sadate. En 1980, le Saint-Synode de l’Eglise copte orthodoxe publiait formellement une interdiction de voyage vers l’Etat hébreu, suivant la ligne de conduite de Chenouda III édictée en 1979.

Après la mort de Chenouda III en 2012, une centaine de chrétiens coptes avaient atterri à Tel Aviv à l’occasion de la Semaine Sainte. Malgré le fait que le nouveau patriarche des Coptes, Tawadros II, se soit rangé sur la même position que celle de son prédécesseur. Lors d’une visite à Moscou (Russie) en octobre 2014, Tawadros II n’a-t-il pas déclaré :« L’indication de ne pas visiter la cité sainte demeure en vigueur et ne cessera que lorsque les frères musulmans de la nation égyptienne pourront entrer librement à Jérusalem » ?

Une interdiction plusieurs fois défiée

Cependant la même année, une centaine de coptes orthodoxes d’Egypte outrepassèrent l’interdiction pour vivre la Semaine Sainte à Jérusalem. Si l’interdiction n’était pas révoquée, pour autant les mesures punitives n’étaient désormais plus appliquées. L’agence Fides avait alors fait remarquer que des observateurs avaient souligné « le caractère obsolète » de la consigne patriarcale « qui semblait contraire aux rapports existant entre les deux Etats voisins, l’Egypte et Israël », officiellement en paix.

Un événement semble avoir marqué un tournant décisif. En novembre 2015, le patriarche Tawadros II a effectué un séjour en Terre Sainte. Il s’agissait de la première visite d’un patriarche copte orthodoxe à Jérusalem depuis 1967. Le Patriarche assistait aux obsèques de l’archevêque copte orthodoxe de Terre Sainte, Anba Abraham, de qui il était proche personnellement depuis son entrée au monastère en 1986 et auprès de qui il a dit avoir beaucoup appris. Par précaution, l’Eglise copte orthodoxe avait pris soin d’annoncer le voyage de Tawadros II comme non officiel et comme exceptionnel. Pour autant, cela a très probablement été considéré par les Coptes égyptiens comme une brèche nouvelle.

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De fait, l’année suivante, en 2016, les pèlerins coptes égyptiens auraient été au moins 5700, soit 1 000 de plus qu’en 2015, à s’être rendus à Jérusalem pour les offices de la Semaine Sainte à Jérusalem. A ce moment-là, « il est devenu clair que les interdictions précédentes imposées aux pèlerinages coptes en Terre Sainte n’avaient plus de raison d’être et n’étaient plus perçues comme obligatoires par les Coptes baptisés », soulignait à l’époque Fides.

Congés payés

En sus, le 5 février 2017, la Cour constitutionnelle suprême égyptienne a rendu une décision accordant aux employés coptes égyptiens le droit de se rendre à Jérusalem dans le cadre de leurs pratiques religieuses. La cour a même accordé aux Coptes le droit à un congé payé d’un mois. Tout comme pour les musulmans égyptiens qui se rendent en pèlerinage à La Mecque… De quoi désinhiber ceux qui avaient encore quelques réticences à passer la frontière. Et c’est ainsi qu’en 2019, plus de 6 000 fidèles coptes d’Egypte ont été attendus à Jérusalem pour Pâques, contre plus de 4500 l’année précédente.

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Dans son interview de Noël dernier, le pape Tawadros II n’a pas manqué de rappeler que depuis le XIIIe siècle, les chroniques attestent de la présence d’un évêque copte résidant dans la Ville Sainte, soulignant que la suspension des pèlerinages depuis l’Egypte a également contribué à la diminution de la présence des Coptes en Terre Sainte. Le Patriarche copte a également mentionné les invitations répétées à visiter Jérusalem faites aux Egyptiens par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors de ses visites officielles en Egypte.

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