« Nous vivons dans une société qui choisit de plus en plus la violence plutôt que des solutions pacifiques. » C’est le triste constat qu’a fait, le 19 janvier, la communauté de Neve Shalom-Wahat al Salam, qui signifie « Oasis de paix » en hébreu et en arabe.
Sur son compte Facebook, la communauté relate que la semaine dernière, le village fondé en 1970 sur une colline à égale distance de Jérusalem et de Tel Aviv conjointement par des Juifs et des Arabes palestiniens, tous citoyens d’Israël, a été une nouvelle fois la cible d’un incendie criminel.
Les faits se sont produits dans la nuit de dimanche 16 au lundi 17 janvier, peut-on lire sur la page Facebook des Amis Français de Neve Shalom-Wahat As-Salam. Si le principal bâtiment de l’administration du village a été endommagé, aucune victime n’est à déplorer.
Lire aussi >> Rita Boulos, première maire arabe de l’Oasis de la Paix
« Un cocktail Molotov a été lancé dans la salle de réunion à l’étage inférieur par un agresseur inconnu qui est arrivé et reparti dans une voiture volée », ont précisé les membres de la communauté de Neve Shalom-Wahat al Salam. La salle de réunion a été « gravement endommagée » et dans le reste du bâtiment « plafonds, murs et sols ont été noircis par la fumée et la suie ». Quand les pompiers sont arrivés, les flammes avaient déjà pu être éteintes grâce au déclenchement des alarmes incendie.
A présent la police est en charge de l’enquête. Des images de caméras de sécurité montrant l’auteur des faits lui ont été remises.
Des antécédents
Ce n’est pas la première fois que le village est visé et les membres de la communauté villageoise de reconnaître que cela est « éprouvant pour les nerfs ». Malgré cela, « nous ne voyons pas d’autre choix que d’accroître notre vigilance et notre détermination, de continuer à faire grandir le village et d’étendre notre travail pour la paix », signent-ils de concert sur Facebook.
Deux attaques coup sur coup avaient déjà eu lieu en août et septembre 2020. Mais les coupables n’ont jamais été retrouvés. Le premier incident remonte au 31 août 2020. A la veille de la rentrée scolaire, l’Ecole primaire pour la paix, fondée en 1979 pour être le « cœur » du Village, avait alors été complètement brûlée par un incendie qui n’avait rien d’accidentel.
Lire aussi >> Israël : l’Ecole pour la paix détruite par un incendie
Comme l’a témoigné quelques jours plus tard, le 4 septembre 2020 au petit matin, une tentative d’incendie dans un autre bâtiment du village, la bibliothèque de la paix Fred Segal. Fort heureusement, le bâtiment avait pu échapper aux flammes grâce au système d’extinction automatique des incendies. En 2012, dans une protestation apparente contre la décision d’évacuer un avant-poste israélien en Cisjordanie, des vandales s’étaient glissés dans le village pendant la nuit, crevant les pneus de nombreuses voitures et pulvérisant des slogans anti-arabes sur les voitures et les bâtiments du village.
Un village amené à s’agrandir
Situé près de Latroun, le village est actuellement habité par 70 familles, équitablement réparties entre juives et arabes, toutes ayant la citoyenneté israélienne. A la faveur d’un plan d’extension déjà en cours, 80 autres familles, jeunes et avec enfants, rejoindront ce qui est aujourd’hui la seule communauté en Israël où des familles juives et arabes vivent ensemble par choix et qui ont choisi de faire étudier leurs enfants ensemble.
« Les membres de Neve Shalom-Wahat al Salam veulent démontrer ainsi la possibilité de coexistence en développant une communauté sociale, culturelle et politique, fondée sur l’acceptation mutuelle, le respect et la coopération dans la vie quotidienne – chaque personne demeurant fidèle à sa propre identité nationale, culturelle et religieuse », annonce le site institutionnel de ce village coopératif et communautaire pilote, né sous l’impulsion du père dominicain Bruno Hussar et d’Anne Le Meignen, assistante sociale de profession, décédée il y a un an et demi.
Ensemble Palestiniens et juifs : réalité ou utopie ? Notre reportage à Neve Shalom-Wahat al Salam