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Temps forts du voyage du pape à Chypre

Rédaction
15 janvier 2022
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On l’oublie trop souvent mais Chypre fait partie du diocèse de Jérusalem et quand un pape s’y rend en voyage apostolique,
ce sont les chrétiens de cette Terre Sainte détachée qu’il vient visiter. Retour sur les deux jours de visite papale dans notre diocèse les 2 et 3 décembre 2021.


Chypre, une Église mosaïque

Sitôt le protocole rendu à l’aéroport de Nicosie, le pape accorde sa première visite aux “prêtres, religieux et religieuses, diacres, catéchistes, associations et mouvements ecclésiaux de l’Église catholique”. Un intitulé un peu long mais qui reflète combien l’Église catholique, pour être minoritaire à Chypre, est vivace et mobilise, à côté des personnes consacrées, nombre de laïcs. Après avoir salué les évêques le pape remercie chaleureusement les religieuses et regardant l’assemblée il dit : “Je vous regarde et je vois la richesse de votre diversité. En effet, une belle “macédoine” ! Vous êtes tous différents.”

À juste titre il parle de l’Église qui est à Chypre comme d’“un peuple “multicolore”, un véritable lieu de rencontre entre différentes ethnies et cultures.” Mais c’est aussi parce qu’un tel brassage n’est pas évident qu’il émet ces vœux : “ Je vous souhaite d’être toujours une Église patiente, qui ne s’épouvante jamais, qui discerne, qui accompagne et qui intègre ; et une Église fraternelle, qui fait place à l’autre, qui discute mais reste unie, et qui grandit dans la discussion”.

©PIO-Cyprus


La force patiente et douce du dialogue

En choisissant la République de Chypre, le pape se rend une nouvelle fois “là où l’Europe et l’Orient se rencontrent.

Au palais présidentiel de Nicosie, il parle de l’île comme d’une “perle de grande valeur au cœur de la Méditerranée”. “Il y a tant de peuples et de personnes qui, avec des couleurs différentes, composent la gamme chromatique de cette population. Je pense aussi à la présence de nombreux immigrés, le plus grand pourcentage parmi les pays de l’Union Européenne. Préserver la beauté multicolore et polyédrique de l’ensemble n’est pas chose aisée.”

Mais il parle aussi de la blessure béante de la division de l’île et évoque : “Le chemin de la paix, qui guérit les conflits et régénère la beauté de la fraternité, est balisé par un mot : le dialogue.”

“Nous savons que ce chemin n’est pas facile, qu’il est long et sinueux, mais il n’y a pas d’alternative pour parvenir à la réconciliation. Nourrissons l’espérance par la force des gestes, plutôt que de mettre notre espoir dans les gestes de force.”

©PIO-Cyprus


Méditation sur la figure de Barnabé

Les chrétiens des différentes confessions catholiques sont très minoritaires à Chypre où l’Église grecque-orthodoxe rassemble le plus grand nombre de fidèles.

Cette Église étant autocéphale, le saint Synode avec à sa tête un métropolite discute à son rythme et en son nom propre avec le pape sur les questions de l’unité. C’est donc une rencontre au sommet entre deux chefs d’Église.

Si le pape sait poser les gestes d’humilité propres à consoler les grecs-orthodoxes, en prenant exemple sur la belle figure de Barnabé, il sait aussi les inviter à avancer sur le chemin de la communion. “Ne permettons pas que les traditions, au pluriel et avec un “t” minuscule, tendent à l’emporter sur la Tradition, au singulier et avec un “T” majuscule. Cette dernière nous pousse à imiter Barnabé, à laisser derrière nous tout ce qui, même bon, peut compromettre la plénitude de la communion, le primat de la charité et la nécessité de l’unité.”

©PIO-Cyprus


Dans le stade de Nicosie, le pape célèbre la messe devant la communauté catholique. Il y est accueilli par S.B. le patriarche Pierbattista Pizzaballa qui a ces mots.

“Nous exprimons aujourd’hui notre profonde gratitude à l’Église orthodoxe qui, surtout à Chypre, montre des signes de grande ouverture et d’amitié envers notre Église, nous permettant même de célébrer notre eucharistie dans leurs églises. Je souhaite que cette expérience positive soit un premier pas vers l’unité à laquelle notre peuple aspire. Que Chypre devienne pour les autres Églises un modèle d’unité et d’harmonie, de rencontre et d’amitié sincère ! En effet, cette petite île, bien que blessée par tant de divisions, est aussi porteuse de lumière et d’espérance : harmonie entre les Églises, accueil et intégration, comme vous pouvez le constater dans cette assemblée, où l’on ne peut distinguer qui est chypriote et qui ne l’est pas, où les origines les plus diverses – Asiatiques, Africains, Européens, migrants, travailleurs étrangers – forment avec les Chypriotes locaux un seul corps, une seule communauté, comme au moment de la toute première annonce.”

©PIO-Cyprus


Ils ont en commun d’être migrants, Philippins, Africains, originaires du Proche-Orient, chrétiens, musulmans ou autres et ensemble ils sont accueillis pour prier.

Le pape s’adresse à eux, personnellement, relit l’histoire de certains d’entre eux présents. Il comprend leurs rêves d’une vie meilleure, comme les limites des autorités civiles de l’île qui ploie sous le poids de leur présence très, trop, nombreuse.

Mgr Pizzaballa qui a présenté leurs situations et qui connaît le travail pastoral déployé sur place explique que la mission des chrétiens est de “rendre leur dignité et leur identité à des personnes que beaucoup préféreraient peut-être ne pas voir ou rencontrer, mais qui existent, sont réelles et attendent notre réponse”.

© Gianfranco Pinto Ostuni/CTS


Frère Eduardo Masseo le traducteur du pape

Aux côtés du pape François pendant ce voyage apostolique se tenait frère Eduardo Masseo, un jeune frère de la Custodie de Terre Sainte de nationalité mexicaine. Actuellement à Rome où il termine un doctorat en Histoire des Églises orientales, c’est à Thessalonique qu’il a obtenu une licence de grec, choisissant cette langue parmi celles nécessaire au service des franciscains en Terre Sainte.

Tout bouleversé par son expérience il déclare : “Nous avons beaucoup parlé ensemble. Je me suis senti aimé comme un petit-fils peut l’être par son grand-père. (…) J’ai été très impressionné par sa capacité à s’émouvoir de toutes les situations. Le pape nous apprend à être humains. J’ai ressenti une paternité, une attention et une tendresse incroyables.”
Une attention telle que le pape a tenu à raccompagner frère Eduardo dans sa propre voiture au couvent romain où il réside.

©PIO-Cyprus

Dernière mise à jour: 15/05/2024 12:00

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