Nizar : “Je suis rentré de France car mon Église et ma terre sont ici”
Êtes-vous impliqué dans l’Église et si oui comment ?
Après avoir passé trois ans en France pour mes études, j’ai senti une forme de vocation à retourner en Terre Sainte pour m’impliquer dans la vie de mon Église. Ce n’est pas une question politique, mais d’identité spirituelle. Mon Église, ma terre sont ici. C’est important de contribuer et de ne pas seulement recevoir passivement. Alors j’apporte ma pierre à l’édifice par mes activités professionnelles. J’ai travaillé pendant 5 ans auprès des franciscains de la Custodie de Terre Sainte et je suis depuis quelques jours directeur des programmes du centre œcuménique de Tantur. Deux postes qui m’ont permis, et me permettent toujours, de découvrir la richesse de notre Église et de donner des perspectives sur la manière dont on peut aider les gens et progresser personnellement dans sa vie spirituelle. Officiellement, ma paroisse est celle de l’Église melkite à Jérusalem, mais je vais aussi chez les jésuites, ou ailleurs… Je ne viens pas d’une famille particulièrement pratiquante, mais l’arrivée de notre enfant me questionne sur le message de vie qu’on veut lui transmettre.
Pensez-vous que l’Église doit évoluer ? Sur quels points ?
Je travaille aussi auprès des jeunes et j’ai toujours trouvé chez eux une soif de découvertes et de changements qui n’est pas facile à canaliser. Je pense qu’il nous faut écouter plus attentivement la jeunesse et lui donner la place qu’elle mérite. Ils ont des choses à dire, des problèmes et une réelle envie de contribuer.
Qu’attendez-vous de l’Église ? Que devrait-elle apporter à la population d’ici ?
Pour moi, l’Église doit combler le vide spirituel créé par nos vies à 100 km/h. On ne pense qu’à travailler et c’est légitime parce qu’il faut bien nourrir sa famille. Mais il ne faudrait pas que l’Église tombe dans ce travers-là. Les gens ont besoin que quelqu’un les arrête et leur dise : “Faisons une pause pour réfléchir à notre vie”. C’est quelque chose qui manque beaucoup en Terre Sainte : prendre le temps, avoir une réflexion sur la société, tant au niveau spirituel que social. On ne questionne par exemple pas assez le rôle du matériel dans la vie, ou le rôle du temps.
Quels rêves avez-vous pour l’Église ?
Qu’elle soit encore plus accessible aux gens.
De par mon métier, j’ai rencontré une quantité de personnes, qui, même si elles sont de culture chrétienne, ont peu ou pas de rapport avec l’Église. Ici, ce sont de grandes et lourdes institutions qui parfois, peuvent intimider. On pourrait repenser ce lien, créer plus de familiarité. Lors de mon séjour en France, j’ai été frappé par des homélies proches du cœur et un sens de l’accueil fantastique. On pourrait commencer par là…