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Un cimetière de la fin de l’époque romaine découvert à Gaza

Christophe Lafontaine
2 février 2022
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Détail d’une tombe de l’ancien cimetière datant de l'époque romaine mis au jourà Beit Lahia dans la bande de Gaza© DR

Les autorités du Tourisme et des Antiquités à Gaza ont annoncé le 31 janvier la mise au jour d’un site funéraire vieux d'environ 1600 ans. Selon les experts, un temple romain ou une église byzantine se trouveraient à proximité.


Un cimetière plutôt qu’une tombe. Le Ministère du Tourisme et des Antiquités à Gaza a fait part le 31 janvier via un communiqué publié sur son compte Facebook, de la découverte d’« une tombe de l’époque romaine » au nord de l’enclave palestinienne. Le site se trouve exactement à l’ouest de la ville de Beit Lahia, à 10 km au nord-est de Gaza City.

Un archéologue indépendant, informé de la découverte, a cependant déclaré à l’Associated Press, sous couvert d’anonymat car il n’était pas autorisé à commenter, que les photos qui avaient été prises et qu’il a pu voir, suggéraient qu’il s’agissait probablement plus d’un cimetière remontant à la fin de l’ère romaine ou au début de l’époque byzantine, c’est-à-dire de la période qui s’étend du Ve au VIIe siècle après J.-C. En outre, les photos « indiquent qu’un temple romain ou une église byzantine se trouvent à proximité », a déclaré le chercheur à l’agence de presse américaine, s’attendant donc à ce qu’il y ait de nouvelles découvertes sur les lieux.

Un « comité spécialisé » mis en place

La découverte du petit cimetière de Beit Lahia intervient quatre ans quasiment jour pour jour après celle d’un petit complexe funéraire antique de neuf tombes, à Beit Hanoun, au nord-est de la bande de Gaza. Ce site datant probablement aussi de l’époque romaine avait été retrouvé par un Gazaoui dans son jardin suite à des pluies torrentielles qui ont creusé une cavité jusqu’au point de révéler les tombes.

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Le cimetière d’il y a environ 1600 ans a été déterré par les rippers à grosses dents des bulldozers au milieu d’un chantier ouvert pour un projet immobilier financé par l’Egypte. Une fois la découverte connue, le ministère du Tourisme et des Antiquités à Gaza a déclaré que ses équipes s’étaient rendues « immédiatement » sur place et qu’elles avaient procédé à des examens préliminaires. Elles ont par ailleurs récupéré des objets découverts sur les lieux et informé le ministère des Travaux publics et du Logement « d’arrêter les travaux » à l’endroit où les restes de tombes archéologiques ont été découvertes, en demandant de « clôturer la zone ».

Une vue générale du chantier de construction d’un nouveau complexe résidentiel où un ancien cimetière datant de l’époque romaine a été mis au jour, à Beit Lahia dans la bande de Gaza © DR

 

Le ministère a en outre souligné qu’« un comité spécialisé »avait également été formé« pour étudier les découvertes archéologiques, identifier leur nature et leur valeur historique et formuler des recommandations appropriées pour traiter le site découvert ».

Des antiquités volées, de la négligence et un manque de moyens

Malheureusement, selon les médias locaux, le site a déjà été en partie visité et pillé les semaines précédant l’arrivée des autorités du Tourisme et des Antiquités. Mohammed Asad, un reporter-photos basé dans la bande de Gaza a rapporté sur son compte Facebook avoir vu un certain nombre de propriétaires de charrettes tirés par des ânes, transporter des pierres en provenance du site.

L’Associated Press a de son côté rapporté que des habitants de la région avaient déclaré que des objets archéologiques, notamment de la poterie et une dalle de cercueil, avaient été trouvés sur les lieux une semaine avant l’annonce du ministère.

Un sort équivalent a touché entre 2013 et 2020 le cimetière romain de Rawamina dans la ville de Jabalia, aussi dans le nord de la bande de Gaza, en raison du manque d’attention et du manque de surveillance policière…

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Pour sa part, Amjad Yaghi, journaliste freelance à Gaza, se demande dans un avis d’opinion publié sur sa page Facebook pourquoi le site n’a pas été inspecté avant d’être affecté au projet immobilier égyptien. « Sachant que la zone, écrit-il, est une zone connue archéologiquement (…), les autorités concernées étaient censées examiner la zone par des spécialistes avant la délivrance d’un permis de construire, pas après que les bulldozers aient découvert le site archéologique en causant des ravages » et laissant le lieu à la merci des pilleurs.

Le journaliste confie à terresainte.net que « l’histoire de Gaza est très importante pour l’humanité et le patrimoine culturel mondial ». Et ajouteque « Gaza a besoin d’équipes étrangères pour y découvrir des antiquités parce que les équipes spécialisées à Gaza n’ont pas l’équipement, les outils et même l’expertise moderne depuis la fermeture de Gaza au monde extérieur ».

Au cours de l’Antiquité, Gaza a été placée sous plusieurs dominations successives. Après les pharaons égyptiens, les Grecs, Gaza et sa région furent rattachés à la province Romaine de Syrie. Au Ier siècle ap. J.-C., Gaza était connue comme le point de départ des caravanes d’encens des Nabatéens. Vers 250, le Christianisme commença à s’y répandre et Gaza resta prospère sous le règne des Byzantins. En 618 et 629, elle fut prise et occupée par les Perses Sassanides. Elle fut reprise par les troupes de l’empereur romain d’Orient Héraclius Ier (610-641), mais tomba ensuite aux mains des musulmans en 637

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