Le couple royal jordanien s’est vu décerner à Abou Dhabi le prix Zayed 2022. Un prix inspiré par la signature il y a trois ans du Document sur la fraternité humaine par le Pape et le Grand Imam d'Al-Azhar.
Le prix Zayed a été créé en 2019. Nommé en hommage au cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, ancien émir d’Abu Dhabi et fondateur des Emirats arabes unis, ce prix mondial vise à honorer les individus ou les organisations pour leur contribution à un monde plus pacifique, fondé sur les valeurs de la fraternité humaine.
Le 25 février dernier, le Comité supérieur de la fraternité humaine, un comité international indépendant, a annoncé que le roi et la reine de Jordanie étaient co-lauréats avec la « Fondation Connaissance et Liberté » (Fokal), une organisation humanitaire de la République d’Haïti, qui œuvre dans le champ éducatif. Le lendemain, les trois récipiendaires ont reçu le 26 février, lors d’une cérémonie au Founders Memorial à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, ledit prix qui en est à sa troisième édition.
Le prix a été décerné pour la première fois en 2019 au pape François et au Grand Imam d’Al-Azhar Ahmed El Tayeb. Les lauréats de la deuxième édition, en 2021, ont été António Guterres, neuvième Secrétaire général des Nations unies et Latifah Ibn Ziaten, une franco-marocaine, militante contre l’extrémisme et fondatrice de l’association « Imad pour la jeunesse et la paix » qui, après avoir perdu son fils assassiné par Mohammed Merah, auteur de tueries en mars 2012 à Toulouse et Montauban, en France, a voulu venir en aide aux jeunes des quartiers en difficulté.
Dialogue inter-religieux et défense des réfugiés
Le prix Zayed, qui comprend une récompense d’un million de dollars, est organisé par le Comité supérieur de la fraternité humaine, dont fait partie le Cardinal Michael Czerny, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Le comité a été institué pour répondre aux aspirations du Document sur la fraternité humaine signé par le pape François et le Grand Iman Cheikh Ahmed el-Tayeb d’Al-Azhar à Abou Dhabi du 4 février 2019.
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« Sa Majesté le roi Abdallah II a porté un message de paix et d’amour au cours des décennies successives, et Sa Majesté a fait de grands efforts pour préserver les lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem, et recevoir les réfugiés à l’intérieur du Royaume hachémite de Jordanie. Il a présenté un modèle de tolérance dans la région et soutient le dialogue entre les religions et les cultures, créant un lien entre les cultures orientales et occidentales », a déclaré le Secrétaire général du Comité supérieur de la fraternité humaine, le juge Mohamed Abdelsalam, dans le communiqué de presse de la fondation Zayed.
La reine Rania a, quant à elle, été honorée, a aussi fait savoir le Secrétaire général du Comité supérieur de la fraternité humaine, pour avoir « par son travail caritatif et sa défense des droits des réfugiés, des femmes et des enfants à l’échelle internationale » contribué « à répandre l’esprit de fraternité humaine pour inclure les communautés marginalisées du monde entier ».
Pour mémoire, au cours des dernières décennies, la Jordanie a ouvert ses portes à des millions de réfugiés d’Irak et de Syrie notamment, et « reste l’un des rares endroits où les réfugiés peuvent se déplacer librement, recevoir une éducation et bénéficier des services gouvernementaux », indique le communiqué.
Félicitations de la part du Pape et du Grand Imam d’Al-Azhar
Pour la cérémonie de la remise du Prix Zayed cette année, le pape François qui s’est rendu en Jordanie en 2014, et le Grand Imam d’Al-Azhar, le cheikh Ahmad Al Tayyeb, sont intervenus virtuellement par messages vidéo séparés.
Dans son message préenregistré depuis Rome, le pape François a salué l’engagement du roi et de la reine de Jordanie « à promouvoir les valeurs de coexistence et de dialogue entre les différentes traditions religieuses, dans la lutte contre la discrimination et pour l’autonomisation des jeunes et des femmes ».
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S’adressant directement au couple royal, il leur a dit : « En soutenant les valeurs de la fraternité humaine, vous avez contribué à faire du Royaume de Jordanie un exemple de tolérance et de coexistence ». Avant d’ajouter : « Le prix qui vous est décerné aujourd’hui est une reconnaissance qui va également à tout le peuple jordanien, qui avec détermination et courage, même au milieu de nombreuses difficultés, poursuit le chemin de la paix, de la modération et du rejet de la violence ».
Dans son message diffusé également lors de la cérémonie, le Grand Imam d’Al-Azhar Sheikh Ahmad Al Tayyeb a exprimé sa gratitude pour les efforts constants du roi « pour maintenir le dialogue interreligieux et garder les lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem » et « pour son soutien au peuple palestinien, félicitant la Jordanie et le peuple jordanien d’avoir accueilli des réfugiés ».
La somme du prix donnée aux femmes endettées
Il a également salué « la participation énergique » de la reine, concernant la prise en charge des femmes, des enfants et des personnes défavorisées.
Abdallah et Rania de Jordanie ont décidé de faire don de la somme du prix pour rembourser les engagements financiers auxquels sont confrontées les femmes jordaniennes endettées incapables de rembourser les prêts qu’elles avaient contractés pour subvenir aux besoins de leurs familles, a fait savoir un communiqué du palais royal.
Ce prix s’ajoute à d’autres prix reçus par Abdallah II de Jordanie, tels que le prix du centre Simon Wiesenthal pour la tolérance en 2005, le « King Peacemaker Award » en 2007, le Prix de la Paix de Westphalie en 2016, attribué pour des mérites exceptionnels dans le renforcement de la paix internationale, le prix Templeton en 2018, qui est remis aux acteurs s’étant distingués pour leurs activités dans l’entraide et la compréhension interreligieuse. Il a également reçu « Lampe de la paix de saint François », l’équivalent catholique du prix Nobel de la paix.
