Assis sur la plage de la Primauté de Pierre, le regard perdu sur les eaux du lac, chaque membre du groupe entend le père Jacques poser la question qui revient, scandée comme une litanie des saints jusqu’à s’éteindre dans la contemplation silencieuse. “Claire, aimes-tu Jésus ? Laurent, aimes-tu Jésus ? Vincent, aimes-tu Jésus ?…”
De la Parole…
Introduction et éveil de notre conscience pour aborder ici la question posée par Jésus à Pierre : “Pierre, m’aimes-tu ?” Notre esprit vagabond se concentre. Devant nous se déroule alors une scène imaginée des millions de fois en ce lieu précis des bords du lac de Tibériade par les pèlerins. Ils sont sept… sept disciples déçus, affamés et épuisés par une nuit de pêche infructueuse qui, dans un ultime sursaut d’espoir lancent leur filet à l’eau sur les conseils qu’un inconnu leur donne depuis le rivage. Nous voyons alors la barque pencher dangereusement sous le poids de la pêche. Nous rions de bonheur et d’émerveillement avec les disciples, nous sommes éclaboussés d’embruns par le saut impatient de Pierre dans les eaux paisibles du lac pour rejoindre Jésus enfin reconnu. Nous respirons la douce humidité de la mer de Galilée. Nous sentons presque les odeurs du poisson et du pain grillés sur les braises dans l’air pur du matin. Intimidés, éblouis enfin car c’est le Ressuscité qui se tient là parmi nous à partager notre repas, nous n’osons pas interroger. L’instant est solennel et il faudra à l’avenir ne rien oublier de ce moment. Nous y sommes… Le texte de l’Évangile de Jean a pris corps pour nous.
Que cela soit dans un temps personnel ou dans un temps de partage en petit groupe, cette question peut éventuellement participer à la préparation du sacrement de réconciliation.
Nous aurions pu nous contenter de faire comme la plupart des groupes de pèlerins, nous déchausser et marcher dans l’eau, voire par jeu, nous dresser sur une grosse pierre affleurante pour se donner l’impression de marcher sur l’eau, mais cette question qui nous est posée à cet endroit précis où Jésus invite à nouveau Pierre à le suivre malgré sa trahison de Jérusalem, nous bouleverse.
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Ici, ils ont beaucoup partagé. C’est un endroit familier, riche d’expériences… On imagine facilement que ce repas silencieux aura eu la densité particulière d’un long moment de relecture intérieure. Tout y passe ! L’intensité des moments vécus avec Jésus sur le lac, les pêches miraculeuses, la tempête apaisée, les rencontres innombrables sur ces rives… Et il n’est plus qu’une question qui demeure : “Toi m’aimes-tu ?”
Que cela soit dans un temps personnel ou dans un temps de partage en petit groupe, cette question peut éventuellement participer à la préparation du sacrement de réconciliation.
…au geste
Sur cette plage, entre les galets, on aperçoit une myriade de petits coquillages. Grains de café, coquilles en spirale, conques qu’on peut ramasser sans crainte de contrarier l’équilibre écologique du lieu. À la fin de notre temps à la Primauté, après la messe, le père Jacques offrit à chacun d’entre nous l’un de ces petits coquillages. Inutile de se le coller à l’oreille pour entendre la mer de Galilée, il est bien trop minuscule. En revanche, quand notre main viendra le rencontrer dans notre poche de pantalon ou quand nous le retrouverons tous les jours sur notre bureau ou dans notre portefeuille, nous pourrons toujours reformuler la réponse que nous avons faite ce jour-là à la Primauté de Pierre à la question : “M’aimes-tu ?”
Dernière mise à jour: 15/05/2024 13:04