Primat de l’Eglise catholique copte de 2006 à 2013, le cardinal Antonios Naguib est parti pour la patrie céleste hier. Selon une communication de l’agence de presse Fides, il avait été admis à tout juste 87 ans dans une unité de soins intensifs de l’hôpital italien du Caire, en raison de l’aggravation d’un état de santé fragile depuis des années.
« L’histoire personnelle d’Antonios Naguib se mêle au parcours de l’Eglise catholique copte, une communauté ecclésiale à laquelle appartiennent environ 250 000 baptisés et des autres communautés chrétiennes – à commencer par l’Eglise orthodoxe copte, prédominante – au cours des dernières décennies de l’histoire égyptienne, riche en moments de troubles », a ainsi résumé l’agence de presse en faisant état de son parcours de vie.
Un patriarche au cœur du « Printemps arabe »
La période des années 2010-2013 fut notamment marquée par le début du « Printemps arabe » en Egypte, qui a vu l’éviction du président Hosni Moubarak et la venue au pouvoir des Frères musulmans. Dans une interview accordée à Radio Vatican en 2011, évoquant les manifestations réclamant des réformes politiques et sociales et la démission du président égyptien, le cardinal Naguib avait déclaré que le renouveau demandé par les jeunes risquait de faire naufrage si le fondamentalisme ne disparaissait pas.
C’est aussi sous le mandat du patriarche Antonios Naguib qu’eut lieu une dizaine d’attentats contredesfidèles chrétiens en Egypte, et notamment celui opéré dans l’église copte orthodoxe des Saints à Alexandrie, en Egypte, le 31 décembre 2010. Fides rapporte que dans un entretien donné au magazine « 30 Jours » en janvier 2011, le patriarche Naguib avait commenté cet événement tragique en revenant sur « l’hypothèse, circulant notamment parmi les chrétiens, selon laquelle le ministre de l’Intérieur (du gouvernement encore responsable devant le président Moubarak – ndlr) aurait planifié le massacre d’Alexandrie pour justifier un renforcement des contrôles policiers».
Un bibliste, pasteur pour son clergé et les pauvres
Antonios Naguib est né le 18 mars 1935 à Samalout dans la province de Minya en Moyenne-Egypte. Admis au petit séminaire du Caire à l’âge de 9 ans, ilpoursuivra plus tard ses études au grand séminaire de Tanta et au Séminaire inter-rituel de Maadi, un quartier au sud du Caire, et partira à Rome à l’université pontificale urbanienne. De retour en Egypte, il est ordonné prêtre en 1960.
Après un an d’activité pastorale à El-Fikriak dans son éparchie natale, il retourne dans la ville éternelle, où il obtient en 1962 une licence en théologie et un diplôme en sociologie religieuse, et en 1964 une licence en Ecritures saintes à l’Institut Biblique Pontifical pour devenir professeur d’Ecritures saintes au séminaire patriarcal. Aussi, pendant de nombreuses années, il enseigna la doctrine sociale de l’Eglise et participa avec la Société biblique du Liban à la nouvelle traduction arabe commune du Nouveau Testament. Un travail associant des biblistes catholiques, orthodoxes et protestants et qui sera publié en 1977.
Nommé la même année évêque de l’éparchiecopte catholique de Minya, il se distinguera par le grand soin spirituel apporté d’abord aux prêtres, mais aussi aux laïcs et aux jeunes en promouvant des formations religieuses, des centres éducatifs, des retraites mensuelles et annuelles. « Convaincu (…) de l’importance des institutions éducatives pour une coexistence pacifique, il créera trois écoles catholiques dans son diocèse, ouvertes aux élèves chrétiens et musulmans », rapporte Vatican News. Attentif aux pauvres et aux malades, il sera à l’origine de la création de plusieurs centres d’aides et d’accueil pour eux.
Un patriarche créé cardinal
En 2002, il démissionne de sa charge occupée pendant 15 ans, pour raisons de santé.Mais moins de 4 ans plus tard, le 30 mars 2006, le synode copte catholique l’élit patriarche copte d’Alexandrie. Le nouveau chef de l’Eglise copte catholique succède alors au patriarche Stéphane II Ghattas (1920-2009). Il accordera pendant la durée de son patriarcat une place importante à l’œcuménisme vis-à-vis des coptes orthodoxes.
Le pape Benoît XVI lui accorde la « communion ecclésiastique » le 7 avril 2006 et le nomme rapporteur général de l’Assemblée spéciale du synode des évêques pour le Moyen-Orientréunie au Vatican en octobre 2010. Dans la foulée du Synode, le pape Benoît XVI le crée cardinal le 20 novembre 2010. Il était le seul patriarche catholique oriental qualifié pour voter au conclave de l’Eglise catholique jusqu’à la nomination du patriarche maronite Bechara Raï comme cardinal le 24 novembre 2012.
En décembre 2011, le patriarche est victime d’une hémorragie cérébrale et d’une paralysie partielle, dont il se remettra lentement. En février 2012, en raison de son état de santé, Mgr Kyrillos Kamal W. Samaan, évêque d’Assiout, est nommé Vicaire patriarcal adjoint pour gérer les affaires de l’Eglise copte catholique. Le patriarche Antonios Naguib présente sa démission. Elle sera formellement acceptée lorsque le pape Benoît XVI confirmera l’élection de son successeur Ibrahim Isaac Sidrak le 18 janvier 2013.
Malgré ses problèmes de santé, le patriarche Antonios Naguib avait pu participer au Conclave de mars 2013, qui a élu le pape François.