Usés par le temps, l’humidité, la cire des bougies et les pas des millions de pèlerins qui s’y pressent chaque année, les pavés du Saint-Sépulcre ont besoin d’un coup de jeune. Trois ans après la restauration de l’édicule, écrin du tombeau du Christ, c’est la rénovation du sol de la basilique qui a débuté, ce lundi 14 mars 2022.
Dans un geste symbolique, le Patriarche Grec-Orthodoxe Theophilos III, le Custode de Terre Sainte fr Francesco Patton, et le père Samuel Aghoyan, représentant du Patriarche Arménien, ont donné le premier coup de pioche lors d’une cérémonie de bénédiction organisée au Saint-Sépulcre.
L’occasion, pour les chefs de ces communautés qui se partagent la propriété et l’entretien du tombeau, de redire leur unité. « La coopération entre nos communautés est importante, elle préserve et maintient foi et espoir à travers toute la chrétienté », a souligné Francesco Patton.
10 zones et 26 mois de travaux
Objectif des travaux, retardés de plus de deux ans pour cause de pandémie : restaurer les 1 000 mètres carrés de pavés du sol de la basilique. Une équipe d’archéologues de l’Université Sapienza à Rome sera en charge des fouilles, tandis que les scientifiques du Centre de conservation et de restauration « La Veneria Reale » s’occuperont de la restauration du sol, dont une photographie ultra-précise a été réalisée par l’institut Polytechnique de Milan lors d’une visite en septembre 2021.
VIDEO >> Reprise des travaux de restauration de la basilique du Saint-Sépulcre
L’idée est de préserver au maximum les matériaux existants et de redonner une unité stylistique à l’ensemble. Tous les pavés ne datent pas de la même période. Si certains remontent à l’époque médiévale, d’autres ont été posé au cours du siècle dernier, explique le professeur Giorgio Piras, directeur de Département des Antiquités de l’Université Sapienza.
Profitant de l’accès unique au sous-sol de la basilique que ces opérations permettront, les communautés religieuses ont aussi convenu de la sécurisation des fondations de l’édicule, rendues instables par l’humidité, ainsi que de l’installation d’un nouveau réseau d’acheminement d’eau et d’électricité.
L’équipe de scientifiques italiens prévoit de diviser la basilique en 10 zones et d’y échelonner les travaux sur 26 mois pour interférer le moins possible avec les cérémonies et les visites qui régissent le quotidien du lieu saint. La première zone est le collatéral qui jouxte la sacristie des franciscains.
Message d’espoir
Le déroulement des festivités pascales, qui auront lieu cette année du 13 au 17 avril pour les catholiques et du 20 au 24 avril pour les orthodoxes, ne devraient pas être perturbés. « Nous permettront le passage sur la zone et concentrerons les efforts sur d’autres aspects des travaux », indique Osama Hamdan, l’architecte qui représente la Custodie de Terre Sainte dans le Bureau technique commun qui supervise les opérations sur le terrain.
VIDEO >> Pierre par pierre: la cartographie du sol de la basilique du Saint-Sépulcre
Les chefs des trois communautés religieuses ont aussi voulu porter un message d’espérance à l’occasion du lancement des travaux : « Alors que l’on s’apprête à prendre soin de ce sol abîmé, il y a un message d’espoir pour le monde, a quant a lancé Theophilos III. Nous sommes au coeur de temps difficiles pour l’humanité : la pandémie n’est pas encore finie, l’Ukraine est en guerre et le monde souffre d’instabilité politique, sociale et économique. Mais ici, dans cette tombe, il y a de l’espoir. Il y a, dans la résurrection de Jésus Christ, une lumière pour notre monde confus et inquiet. »