« C’est un moment où les chefs religieux doivent lever l’étendard de la paix et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour la promouvoir ». C’est ce qu’a déclaré au sujet de la guerre en Ukraine le Rabbin Yonatan Neril, directeur du Centre interconfessionnel pour le développement durable (ICSD), qui organise une manifestation interreligieuse à Jérusalem aujourd’hui avec l’Institut interconfessionnel Elijah.
Situé à Jérusalem, l’ICSD unit les communautés religieuses pour promouvoir la paix et la durabilité par le biais du plaidoyer et de l’éducation. L’Institut interconfessionnel Elijah, basé aussi dans la ville sainte et parrainée par l’Unesco, est une organisation internationale dédiée à la promotion de la paix entre les diverses communautés religieuses du monde par le dialogue interreligieux, l’éducation, la recherche et la diffusion.
Faire pression sur le Patriarche Kirill
« Alors que Poutine a mis la Russie en alerte nucléaire, que les pertes humaines augmentent et que les bombes ravagent les villes et la nature, c’est un moment clé pour les personnalités religieuses du monde entier pour plaider en faveur de la paix », lit-on dans le communiqué publié conjointement par les deux instituts qui annoncent l’évènement. En expliquant qu’« à l’heure où tout est en jeu, il ne faut pas partir du principe que seuls les dirigeants politiques et militaires pourront désamorcer cette crise ».
Est annoncée la présence de dizaines de chefs religieux juifs, chrétiens et musulmans de Jérusalem et de Terre Sainte. Parmi eux, le Patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa et le Rabbin David Rosen, directeur international des affaires interreligieuses de l’American Jewish Committee (AJC) et coprésident de la conférence mondiale de représentants des religions, Religions for peace, dédiée à la promotion de la paix. Participeront également d’autres chefs religieux, juifs, chrétiens, musulmans et druzes.
L’événement se tiendra place de Moscou à Jérusalem près de la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte Trinité. Ce qui est loin d’être un hasard comme on peut s’en douter. Car ensemble, les leaders religieux appelleront « publiquement à la paix en Ukraine », signale leur communication. Et ils « encourageront le patriarche Kirill à utiliser sa position de chef de l’Eglise orthodoxe russe pour le rétablissement de la paix ». Comme le souligne le Jerusalem Post, les chefs religieux en appelle au Patriarche Kirill en raison de son influence sur Vladimir Poutine et en Russie. Selon leurs sources, environ 41% de la population russe est affiliée à l’Eglise orthodoxe russe.
Prier et soutenir la résolution pacifique des situations de conflit
Ce rassemblement fait suite à une lettre interreligieuse envoyée le 6 mars dernier au patriarche orthodoxe russe l’invitant vivement à parler avec le président russe pour désamorcer le conflit. Plus de 150 chefs religieux du monde entier ont apposé leur nom sur cette lettre.
Les signataires représentant les principales traditions religieuses du monde incluaient pour l’Eglise catholique le Cardinal Christoph Schönborn, le Patriarche latin de Jérusalem S.B. Pizzaballa, le Custode de Terre Sainte fr. francesco Patton. Aux côtés de leurs signatures, on pouvait compter celle du Patriarche arménien de Constantinople, Sahak Mashalyan, des Rabbins David Rosen et Michael Melchior (ancien ministre israélien des affaires étrangères), de l’Imam Mustafa Ceric, l’actuel grand mufti de Bosnie-Herzégovine ou encore celle du Dalaï Lama (bouddhisme tibétain).
La lettre était une initiative triple venant du Centre interconfessionnel pour le développement durable, de l’Institut interconfessionnel Elijah et de l’Institut théologique suédois de Jérusalem. « Nous, chefs religieux représentant de nombreuses traditions religieuses, écrivons pour exprimer notre inquiétude face à la guerre qui se déroule en Ukraine », pouvait-on lire dans le courrier. « Nous sommes conscients de notre obligation religieuse de choisir la paix par le dialogue. Notre rôle est de prier et de soutenir la résolution pacifique des situations de conflit ». Ils ont par ailleurs déclaré que le conflit « présent[ait] également un risque de destruction beaucoup plus large au-delà de l’Ukraine, dont la menace très réelle d’un accident nucléaire et d’un conflit plus large entre puissances nucléaires, que nous savons que Dieu veut que nous évitions à tout prix ». Ils avaient conclu leur lettre, déjà en appelant le Patriarche Kirill à demander à Poutine de « prendre des mesures immédiates pour désamorcer le conflit et rechercher une résolution pacifique ».
Infos pratiques :
Lieu : 24 rue Cheshin, en face du « Moscow square » entre la cathédrale orthodoxe russe de la Sainte Trinité et le tribunal de première instance de Jérusalem
Horaire : 13h30 – heure de Jérusalem