« Beaucoup de gens sont heureux, et nous le sommes aussi », s’est réjoui auprès de l’agence Fides, le curé de la paroisse latine de Gaza, le père Gabriel Romanelli, prêtre de l’Institut du Verbe Incarné.
Cette année, la remise de permis de sortie pour les chrétiens de Gaza a été particulièrement généreuse à l’occasion de la Semaine Sainte et de Pâques, le 17 avril pour les catholiques, et le 24 avril pour les Eglises orientales qui suivent le calendrier julien.
De fait les autorités israéliennes ont décidé d’accorder aux 1070 chrétiens palestiniens de l’enclave, où vivent environ 2 millions de Palestiniens, 722 permis. En clair, sont donc concernés 70% des fidèles chrétiens à Gaza, grecs-orthodoxes et catholiques confondus. Un « nombre important » souligne le pasteur des 134 catholiques vivant à Gaza qui ne cache pas sa satisfaction mais qui signale cependant qu’il reste 30% de chrétiens qui n’ont pas obtenu de permis. « On espère que les autorités en délivreront encore », a-t-il confié. Une nouvelle liste de noms a été établie mais, pour l’heure, restée sans réponse. Pour mémoire, les mouvements à Noël et à Pâques vers Israël, la Cisjordanie ou l’étranger sont régis par un régime de permis militaire fondé par l’Etat hébreu en 1991.
Une paroisse désertée qui ne rend pas malheureux son curé
En attendant, le père Gabriel Romanelli est sans doute l’un des rares curés au monde à presque se réjouir de voir son église vide pour Pâques, puisque « environ 110 » de ses paroissiens – nous a-t-il confié – ont déjà reçu un laissez-passer. C’est-à-dire pas moins de 82% de ses fidèles. « Certains, a-t-il annoncé, sont déjà partis. Nous aurons donc une Semaine Sainte célébrée dans la paroisse avec très peu de fidèles, mais nous sommes heureux pour nos frères et sœurs qui pourront célébrer la résurrection du Christ dans la Ville Sainte, avec tant de chrétiens du monde entier ».
Au motif de cette joie s’en ajoutent deux autres. D’abord, contrairement aux années précédentes, des permis ont été accordés à des familles entières, afin qu’elles puissent partir ensemble vivre ce temps de fêtes dans leurs familles en Israël ou dans les Territoires palestiniens. Pendant des années, les jeunes entre 16 et 35 ans n’ont jamais eu de permis. Israël a souvent défendu sa politique de limiter le nombre de permis pour les Gazaouis voyageant à l’extérieur, affirmant que de nombreux Palestiniens de Gaza y restaient illégalement lorsqu’ils obtenaient des permis de courte durée (généralement un mois). C’est pour cela aussi qu’en guise de dissuasion, les autorisations de sortie de la bande de Gaza ne concernaient généralement qu’une catégorie d’âge ou qu’une partie de la famille. Les autorités ne distribuant par exemple qu’un permis au père mais pas à la mère et aux enfants.
Pâques en famille et durée de permis allongée
Autre motif de satisfaction, les laissez-passer octroyés seront valables pendant 80 jours, quasiment 3 mois, soit une durée presque trois fois plus longue que d’habitude. C’est « presque un miracle », nous confie le père Gabriel Romanelli. Pour lui, « ce sont tous des signes positifs. Et nous espérons que cette voie d’amélioration se poursuivra ». Des permis avec des périodes de validité plus étendues permettront notamment aux Gazouis de visiter leurs familles et de permettre aux jeunes femmes et aux jeunes hommes chrétiens de Gaza qui voudraient se marier l’occasion de faire connaissance avec d’autres jeunes à l’extérieur de l’enclave palestinienne. La problématique des futurs mariages des chrétiens gazouis « commence à être un grand problème », s’était ému le père Gabriel à la veille de Noël.
En décembre dernier, Israël avait donné des permis à 500 membres de la petite communauté chrétienne de Gaza pour entrer en Israël et en Cisjordanie. Cela avait déjà été vu comme « un signe d’espérance », par le père Gabriel Romanelli. Surtout que ces deux dernières années pour raison de Covid, rien n’avait pu se faire et que dans le passé, des raisons de sécurité ont souvent été invoquées pour limiter les sorties soit à une classe d’âge soit en divisant les familles.
« En décembre 2019, les permis ont été accordés in extremis, juste avant la célébration de Noël, alors que de nombreux bénéficiaires avaient déjà renoncé au voyage. À cette occasion, les permis n’ont été accordés qu’aux personnes âgées de plus de 55 ans. En décembre 2015, aucun permis pour célébrer Noël à Jérusalem ou à Bethléem n’a été accordé aux chrétiens de la bande de Gaza âgés de 12 à 30 ans », a rappelé Fides dans sa dépêche. Pour Pâques 2018, les chrétiens palestiniens de la bande de Gaza n’avaient pas reçu l’aval des autorités israéliennes pour fêter Pâques à Jérusalem. Lors du Noël précédent, quelques dizaines de chrétiens avaient reçu un permis. Vingt et un d’entre eux n’étaient pas revenus. Israël avait donc bloqué les sorties quelques mois plus tard pour Pâques.